A l'initiative de la FDSEA 35 et des JA 35, les producteurs de lait ont ciblé, ce mercredi 10 mars, l'enseigne Leclerc du quartier de Cleunay à Rennes. Dans leur collimateur, le lait vendu par le magasin en dessous des prix jugés rémunérateurs par la profession.
"Tout le lait en dessous de 74 centimes, on va l'enlever des rayons. On leur a demandé de le faire... on vient voir si c'est fait". En poussant son caddie, Cédric Henry, le patron de la FDSEA35, affiche clairement la couleur.
La cible de ce mercredi matin, c'est le Leclerc de Cleunay au sud-ouest de Rennes. Comme le rappelle le syndicaliste au moment de pénétrer dans la grande surface, "l'enseigne Lidl a joué le jeu par rapport à l'appel qu'on a lancé la semaine dernière. Dans les Lidl, il n'y a plus de lait en dessous de 74 centimes, on le vérifiera mais il y a eu un engagement pris au niveau national du groupe. c'est donc possible de le faire. Et je pense que si Leclerc veut bien jouer également le jeu, les autres enseignes suivront à leur tour".
L'heure des comptes
Pour l'heure, c'est loin d'être le cas comme le constatent les manifestants en arrivant au rayon produits laitiers. "3 euros 90... si on divise par six ça fait 65 centimes". Cédric Henry et ses amis sont abasourdis. "Honnêtement, je ne pensais pas qu'il y avait des prix aussi bas. On savait qu'il y en avait à 69 centimes mais à 65... Nous à ce prix-là, on n'a aucun salaire, c'est très clair".
Pour le lait demi écrémé UHT, le lait standard, une barre de 74 centimes le litre a été établie par la profession. C'est le prix minimum que doit payer le consommateur. Comme l'explique Frédéric David, producteur à Domagné, "c'est le prix identifié comme rémunérateur, avec un retour assuré pour le producteur, par rapport aux marges de l'industriel qui va le conditionner, et du distributeur qui va le commercialiser. En dessous de 74 centimes, c'est directement impacté sur nos prix, nous sommes la seule variable d'ajustement de ce commerce".
Cela vaut également pour le lait bio. Là, pour que le producteur s'y retrouve, la barre est relevée à 1 euro par litre. Pour Christian Mochet, producteur à Servon-sur-Vilaine, "si on commence a brader le bio, demain il n'y aura plus de producteurs bio. Le bio, il viendra de pays étrangers, dans des conditions plus délicates que chez nous, et alors on aura tué le bio en France. Donc, nous sommes ok pour la montée en gamme demandée par les citoyens, par les politiques, mais il faut qu'elle s'accompagne d'une valorisation des prix".
En attendant, les producteurs ne sont pas repartis les charriots vides de leur descente au Leclerc de Cleunay. Les packs de lait incriminés ont été embarqués avant d'être remis à la Banque Alimentaire.
Sans oublier de laisser un message au responsable du magasin. "Là, on est en petit comité, on est venu sans tracteur. mais on vous pose un ultimatum sur ces prix en dessous de 74 centimes. Si jamais on devait constater qu'il y en a encore dans les semaines à venir, croyez-moi qu'il y aura plus de monde, et on viendra avec les tracteurs".