Les gérants de salles de fitness de Rennes ont engagé une procédure devant le tribunal administratif. Ce mercredi matin, face au juge des référés, ils ont demandé la suspension de l'arrêté de fermeture des salles pris par la préfecture d'Ille-et-Vilaine en raison de l'épidémie de Covid-19.
Ce mercredi matin, dans la salle d'audience du tribunal administratif de Rennes, d'un côté, les gérants des salles de fitness et leurs avocats. De l'autre, les représentants de la préfète d'Ille-et-Vilaine et du directeur de l'Agence régionale de santé Bretagne (ARS).
Une audience publique dans une salle pleine où chaque partie a présenté à tour de rôle ses arguments à la barre. En ligne de mire des gérants de salles : la demande de suspension de l'arrêté du 25 septembre 2020 pris par la préfecture d'Ille-et-Vilaine qui oblige les salles de fitness de l'agglomération rennaise à fermer leurs portes pendant deux semaines, jusqu'au 10 octobre.
Pas ou très peu de cas de Covid-19 dans les salles de fitness
Du côté des gérants, c'est l'incompréhension totale face aux arguments des administrations qui ont pris cet arrêté, comme le confirme Thierry Marquer, le Pdg- fondateur des salles de l'Orange bleue. "On a fait la démonstration tous les jours qu'il n'y a pas de contamination car les protocoles dans les salles sont parmi les plus stricts : chaque abonné dispose de 5m2 pour faire ses exercices, dit-il. Pour preuve, nous avons reçu un coup de téléphone de l'Agence régionale de santé qui enquêtait sur une personne déclaré positive suite à un test en laboratoire. Après explication, ils nous ont confirmés qu'ils n'allaient pas rechercher les cas contacts dans notre salle en raison de la distanciation sociale exigée lors des exercices".
"Cela devient risible"
Thierry Marquer souligne "qu'au nom du principe de précaution, on condamne les salariés, alors qu'on fait la démonstration qu'il n'y a pas de contamination dans nos clubs". L'Orange bleue emploie 1.200 salariés. Son fondateur trouve "assez étrange" que la préfecture avance l'argument de l'âge des adhérents : des jeunes 16 à 25 ans, alors que la réalité est tout autre. "Ils nous expliquent qu'ils veulent casser la chaîne de transmission, mais leurs chiffres ne sont pas bons, remarque-t-il. Les adhérents chez nous sont essentiellement des actifs entre 35 et 50 ans. On nous explique que les étudiants de l'UFR Staps ont le droit de continuer à pratiquer dans les salles car ils ne se mélangent pas aux autres. Cela devient risible. Le rugby et le foot peuvent toujours se pratiquer au motif que ces sports se déroulent à l’extérieur. Or, ce sont des sports qui enregistrent un nombre de contamination très important".
De son côté, l'avocate des gérants de salles de fitness estime que les arguments de la préfecture et l'ARS sont "faibles". "Les chiffres liés à la contamination sont très généraux et il n'y n'a pas de données précises sur les salles de fitness, constate Me Vilmont-Gaboury. Aujourd'hui les salles de fitness subissent une fermeture qui ne devrait pas les concerner. Le fitness, c'est un sport où il n'existe pas de contact, il y a de la distanciation sociale, des protocoles et surtout aucun chiffre avéré qui permette d'affirmer que dans ces salles, il y a des cas de transmissions du Covid-19".
La préfecture et l'ARS défendent leur position
Avec un taux d’incidence de 174,8 pour 100 000 habitants à Rennes (trois fois supérieur à la moyenne) et un taux de positivité de 9,95 %, (contre 7,5 % sur la totalité du département), des mesures complémentaires ont été prises par la préfecture, la métropole et l’ARS. Et dans ces nouvelles mesures la fermeture totale des salles de fitness dans la métropole ont été actées.
L'un des arguments avancé est "le taux d'incidence très fort ces derniers temps chez les 16-25 ans". La situation du nombre de personnes hospitalisées pour Covid-19 à l'hôpital de Pontchaillou a également été évoquée ce mercredi matin lors de l'audience en référé. Le nombre de personne a doublé passant de 35 à 70 personnes. La transmission aéroportée dans ces clubs et le profil des adhérents ont également été avancés, comme le rejet d'un recours par le tribunal de Bordeaux.
"L'ensemble des mesures évaluées dans une quinzaine de jours"
Le tribunal a, lui, questionné longuement les représentants de la préfète et de l'ARS à propos de cette décision. Des questions qui ont permis de mieux cerner comment cette décision de fermeture des salles de fitness a été prise. Une chose est ressortie : "c'est l'ensemble des mesures qui pourront être évaluées dans une quinzaine de jours, mais rien ne permet de mesurer l'incidence exacte de la fermeture des salles de fitness parmi les autres mesures" expliquent-ils. A ce moment précis, les gérants de salles ont soupiré dans leurs masques.
Les gérants de salles de fitness et des employés ont rejoint la manifestation organisée par les cafetiers de l'agglomération rennaise ce mercredi, en fin de journée.
Le tribunal administratif devrait rendre son verdict dans la soirée.