Stellantis (ex PSA). Le salaire exorbitant de Carlos Tavares contesté par les actionnaires

Réunis en assemblée générale, une majorité d'actionnaires de Stellantis a voté contre les salaires des dirigeants basés sur les résultats. Carlos Tavares, DG du groupe, touchera 19 millions d'euros en 2021, mais en intégrant les éléments différés, le montant atteint 66 millions d'euros.

52 % des actionnaires de Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat...) ont voté à titre consultatif contre la rémunération du directeur général, Carlos Tavares, ce mercredi 13 avril. Pour  2021, il devrait percevoir 19,1 millions de salaire et primes. Mais les actions gratuites et la rémunération exceptionnelle pour la transformation de Stellantis (conditionnée à l’atteinte d’objectifs et ne pouvant pas être touchée avant 2026) estimée à 47 millions d'euros font grimper ses émoluments à 66 millions d'euros.

C'est choquant, mais moins choquant que pour d'autres

Marine Le Pen

Candidate du RN à la présidentielle

Ces sommes attribuées aux dirigeants du groupe automobile Stellantis pour l'année 2021 sont contestés par des actionnaires, des syndicats et jusque dans le champ politique, à quelques jours du second tour de la présidentielle.

"C'est choquant, mais moins choquant que pour d'autres", a commenté mercredi la candidate du RN à la présidentielle Marine Le Pen, soulignant que "pour une fois, il a obtenu de bons résultats".
"Cette rémunération est excessive (...) et ça pose la question de la rémunération des grands dirigeants d'entreprises", a réagi de son côté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France 5, alors que l'Etat est actionnaire de Stellantis à hauteur d'environ 6% via Bpifrance. Il a aussi plaidé pour que le sujet de l'"écart salarial" entre les dirigeants d'une entreprise et les salariés soit discuté "au niveau européen".


Dans un contexte très compliqué pour l'industrie automobile, Stellantis a dégagé en 2021 un bénéfice net de 13,4 milliards d'euros, presque triplé par rapport à 2020. Le groupe franco-italo-américain est domicilié fiscalement aux Pays-Bas.

"Rester dans le raisonnable"


La société de gestion PhiTrust, actionnaire minoritaire de Stellantis, a annoncé ce mardi 12 avril 2022 avoir voté contre la rémunération de M.Tavares. Elle l'évalue à 66 millions d'euros pour l'année 2021, si d'ambitieux objectifs de long terme sont atteints à leur maximum en 2028.


Cette rémunération "est-elle justifiée socialement alors que le groupe va devoir probablement faire face à des restructurations massives avec des suppressions d'emplois à la clé, compte tenu de ses sur capacités de production ?", s'interroge PhiTrust dans un communiqué.

C'est une conviction du conseil d'administration d'opter pour la méritocratie et de récompenser les performances

John Elkann

Le président de Stellantis


A l'issue du vote, PhiTrust a jugé "souhaitable" que le conseil d'administration du groupe "prenne en compte" ce vote négatif "en revoyant la politique de rémunération
des dirigeants".


Le président de Stellantis, John Elkann, a souligné lors de l'assemblée générale que c'était une "conviction du conseil d'administration d'opter pour la méritocratie et de récompenser les performances". Le groupe a souligné que les chiffres de Phitrust étaient "faux" et que les bonus ne seraient notamment versés que si la valeur de l'action doublait d'ici 2028.

Il est urgent que nos politiques prennent enfin de véritables mesures sur le plafonnement des salaires de nos dirigeants

Christine Virassamy

Déléguée syndicale centrale CFDT.


Selon la CFDT, cette rémunération a "du mal à passer auprès des salariés à qui on demande tous les jours des efforts de compétitivité". À l'issue des négociations salariales annuelles, la direction de Stellantis n'avait pas proposé d'augmentation générale pour ses salariés français, mais une moyenne de +3,2% (+2,8% pour les ouvriers) et une prime d'intéressement et de participation de 4 000 euros brut minimum par salarié.


"Il est urgent que nos politiques prennent enfin de véritables mesures sur le plafonnement des salaires de nos dirigeants", a souligné Christine Virassamy,  déléguée syndicale centrale CFDT.

"Il faut rester dans le raisonnable"


"L'écart ne cesse d'augmenter entre les plus bas salaires et les plus hauts salaires",
selon Franck Don, secrétaire général de la CFTC chez Stellantis, qui pointe un
phénomène "très inquiétant". "Tavares est un très bon capitaine d'industrie mais
à un moment donné il faut rester dans le raisonnable", juge le syndicaliste.

Carlos Ghosn, à la tête de Renault percevait 4,7 millions €/an

Ce salaire est un des plus élevés de l'automobile mondiale, mais aussi de l'économie
française.
Du côté de Renault, qui est un bien plus petit groupe, Luca de Meo devrait être rémunéré pour l'année 2021 à hauteur de 4,7 millions d'euros, dont une part soumise
à des objectifs sur trois ans.  Son prédécesseur Carlos Ghosn avait réduit en 2018 son salaire de 30%, à 4,7 millions annuels, sous la pression de son principal actionnaire, l'État français. Avec les rémunérations perçues comme dirigeant de Nissan, M. Ghosn recevait au total 15 millions d'euros par an.


Chez l'américain General Motors, la patronne Mary Barra a été payée 23,7 millions de dollars en 2020, soit environ 21 millions d'euros. Le patron de Volkswagen, Herbert Diess, a lui touché 8,6 millions d'euros l'an dernier.

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