Témoignage. "J’avais abandonné le monde paysan". 25 ans après, il renoue avec la campagne et une autre forme d'agriculture

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Revoir nos petites vaches. Film de Patrice Laidin. Ici, la race Bretonne pie noir.
Extrait "Revoir nos petites vaches", un documentaire de Patrice Laidin. ©FTV
Publié le Écrit par Michelle Ruan

Jeune, Patrice Laidin avait choisi d'étudier loin de sa campagne pour fuir le métier de ses parents. Celui de paysan. De retour en Bretagne, il se sent redevable à ce monde qu'il avait abandonné. Devenu réalisateur, il dévoile dans un film "Revoir nos petites vaches" un univers qui aujourd'hui se réinvente.

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Petit, Patrice Laidin passait du temps à la ferme avec son père, à caresser les veaux, à monter sur les tracteurs.

Plus tard, s'il a refusé de reprendre la ferme de son père, c'est parce qu'il ne voulait pas subir ce métier éreintant. Il a alors quitté la campagne pour faire des études en ville, loin du milieu d’où il venait. Le lien s’est ensuite brisé.

À 15 ans, je ne veux pas être un paysan, traité de pollueur, ni de son image de bouseux. Vingt ans plus tard, la rencontre avec des petites vaches, rares et précieuses, remettra en cause, cette décision.

Patrice Laidin

Depuis son retour à la campagne, il a découvert des éleveurs qui s'efforcent de préserver des vaches moins productives que celles des élevages classiques. C'est une agriculture de proximité appuyée sur un nouveau modèle qui a remis en question son point de vue, vieux de 25 ans. 

Ces vaches oubliées, de retour dans les élevages, m'ont redonné le goût de la campagne et des élevages.

Patrice Laidin

Des petites vaches aussi rares que précieuses

Alors que le nombre d'agriculteurs en France ne cesse de diminuer depuis 20 ans, les éleveurs de races locales sont de plus en plus nombreux.

C'est le cas de la petite Bretonne Pie Noir. Cette vache, au caractère bien trempé, présente l'avantage d'être laitière, petite et légère. Elle est reconnue pour ses qualités de rusticité, de sobriété et de performance alimentaire.

Les Bretonnes Pie Noir sont nourries toute l’année à l’herbe et au foin. Adaptées aux milieux difficiles avec des sols pauvres ou humides, les Bretonnes sont résistantes et très rarement malades.

Choisir sa race pour définir son modèle d'exploitation

"En 95, j’ai acheté mes premières vaches nantaises, Licorne et Légende. Mon 1ᵉʳ contact a été sentimental", exprime Laurent Chalet, paysan à la ferme de Coiquerelle. "Cela me rappelait mon enfance".

La vache nantaise, c'est ma madeleine de Proust. Cela représente une période très heureuse de la vie avec mes parents. C’est vraiment la base.

Laurent Chalet, éleveur

Ferme de Coiquerelle à Plessé (44)

Pourtant, à l'école d'agriculture intensive, on lui avait enseigné l'usage des engrais, des produits chimiques. Le choix d'une sélection d'animaux se concentrait sur la productivité. "Dans ces années-là, plus personne ne voulait de la race nantaise", dit-il. Quand il a pris la décision de sauvegarder cette race, il restait seulement 80 vaches vivantes. "Cela n'a pas été facile au début, mais cela a progressé doucement" dit-il.

On élève les veaux sous la mère. On essaie de laisser à chacun le temps de faire son chemin, l'inspiration d’un côté et l'imagination de l’autre.

Laurent Chalet, éleveur

Ferme de Coiquerelle à Plessé (44)

Petit à petit, Laurent pense avoir trouvé un équilibre entre ce qu'il voulait faire et ce qu'il a réalisé.

" Ça fait maintenant 40 ans. Je suis encore là. Ça fonctionne, on vit de nos vaches nantaises, et c’est une belle aventure ", explique Laurent.

Nourrir localement plutôt que nourrir le monde

Depuis 1/2ᵉ siècle, les exploitations ont dû investir pour s'agrandir, se moderniser. Les campagnes se sont transformées, les haies ont disparu. Même les plus réfractaires ne pouvaient y échapper à l'époque. 

" On nous a demandé d'agrandir nos exploitations, de nous moderniser pour anéantir la faim dans le monde, mais désormais, on revient aux fondamentaux. On refait pousser de l’herbe en centre Bretagne et les vaches mangent cette herbe " explique Ben de la ferme bio du Buis Sonnant à Plouguernével dans les Côtes d'Armor.

Pour faire revivre nos campagnes, autant commencer par faire vivre la petite ferme du coin.

Ben, éleveur

Ferme du Buis Sonnant à Plouguernével (22)

À la ferme du Buis Sonnant, ils sont deux couples à vivre d'un élevage de 25 vaches Bretonnes Pie Noir. Tout le lait est transformé sur place et les produits sont vendus à la ferme.

Nourrir localement, c'est un système qui ne brise pas le paysan, mais au contraire le rend plus fort.

Maxime, éleveur

Ferme du Buis Sonnant à Plouguernével (22)

Patrice Laidin dévoile dans son film un monde agricole, qui aujourd'hui se réinvente, ces paysans volontaires, créatifs et responsables, et surtout ces petites vaches aussi rares que précieuses. 

Le documentaire "Revoir nos petites vaches" sera diffusé jeudi 7 mars à 22 h 50 sur France 3 Bretagne et dès à présent sur france.tv

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