À l’âge où les autres se rejoignent en terrasses et partagent leurs rêves d’avenir, Jolann, un Lorientais de 20 ans, reçoit lui un diagnostic qui va changer sa vie. La leucémie vient brutalement interrompre sa jeune insouciance. Mais la maladie va renforcer sa rage de vivre. 2 réalisateurs ont suivi son combat, et celui d'autres jeunes comme lui.
Alors que tout commence à peine, la liberté toute neuve, les sorties entre potes, l’autonomie, l’amour, le sexe, l’avenir qui s’ouvre droit devant, un jour, il y a eu cette petite boule, cette fatigue pas normale, cette douleur qui traîne ou cette démangeaison bizarre. Et sans prévenir, le diagnostic: C.A.N.C.E.R.
Hélène Lam Trong et Jérémy Bulté, réalisateurs, ont filmé quatre jeunes, atteint d'un cancer, et ils ont suivi leur façon, à eux, de se battre contre la maladie, dans un documentaire "Les vivants". Dans ce film, Jolann, né à Lorient en 2001, témoigne de son parcours.
Le cancer est arrivé d'un coup
Il avait 20 ans. Il venait tout juste de quitter ses parents pour s'installer dans son appartement à Niort pour ses études.
Il était jeune. Il était sportif. Il avait sa petite amie. Il entreprenait sa vie.
Mais à l’âge où les autres se rejoignent en terrasses, en discothèque et partagent leurs rêves d’avenir, Jolann reçoit le diagnostic qui va changer sa vie. Ses globules blancs baissent anormalement et on lui annonce qu'il est porteur d'une leucémie.
"Le cancer est arrivé d'un coup" marque-t-il.
Pour moi, cela n’arrivait qu’aux autres, surtout aux personnes en mauvaise santé
Jolann, 21 ans
Mettre sa jeunesse en "stand by"
Jolann est ainsi interrompu dans son élan de jeunesse. Pendant deux ans, il a fallu suivre le protocole médical à la lettre, et surtout, se battre sans relâche.
Au fil des chimios et des biopsies, son corps s'est transformé, car le traitement l'anéantissait. "Je savais que ce serait long, que je serai enfermé avec seulement trois visites par semaine. Je n’aurais jamais pensé que ce serait aussi dur".
On perd tout, on a l’impression de retourner en arrière et de perdre son temps. J’ai tout mis en stand-by
Jolann, 21 ans
Des jours interminables
Se lever, manger, rester sur son lit, avec son téléphone, son ordinateur, "les journées se ressemblaient beaucoup", dit-il. A l'hôpital, toutes les six heures, on vérifiait sa tension. Et les prises de températures et prises de sang, tous les matins, rythmaient sa journée… Une cadence infernale.
Pour Jolann, " La chimio rimait avec perte de cheveux et quelques effets secondaires comme la nausée, dit-il, mais en fait, ça me détruisait. L’hospitalisation était tellement dure, que j’étais sous morphine toute la journée".
J'avais l’impression d’être là, mais pas à ma place, et de ne pas vivre ma vie d’adolescent que je devais vivre
Jolann
Rester combatif
Deux ans de traitement, de va-et-vient entre l'hôpital et ses parents. Eva, son amie, ne l'a pas quitté pendant toute cette période. Inquiète et triste, elle s’est accrochée pour se battre avec lui.
Je pense qu’elle avait du mal à encaisser la chose, mais dès qu’on se voyait elle ne me le faisait pas ressentir, on essayait de rire.
Jolann
Avec son cousin Nicolas, il fait des séances d'entraînement sportif, pour se maintenir en forme entre deux chimios, mais surtout pour garder l'objectif dans le viseur.
Avec ce que tu as subi, plus rien ne doit te faire peur !
Nicolas, le cousin de Jolann
Garder le contact
Les réseaux sociaux ont été un bon moyen de garder contact pour puiser sa force face au combat. Au moment de l’annonce, les amis de Jolann étaient présents. Ils ont pris de ses nouvelles. Mais au fur et à mesure du temps, les contacts se sont espacés.
Avant de tomber malade, on pense que tout le monde sera là, mais avec le temps, chacun a sa vie, je ne leur en veux pas.
Jolann
Un soutien indéfectible
Eva, elle, est restée à son chevet jour après jour, et l'a accompagné sans réserve. La communication avec ses parents, discrète avant la maladie, s'est transformée, depuis la maladie, en un soutien indéfectible.
Aujourd'hui, Jolann est presque sorti d'affaire. Sous surveillance, il terminera son traitement médical par cachet dans quelques mois. Il s'est installé avec Eva et tous les deux, en contrat d'alternance, poursuivent le cours de leur jeunesse, avec en ligne de mire cette fois, des vacances au soleil, si tout va bien, au mois de juin.
Le film "Les vivants" témoigne de cet instant si unique et paradoxal, où tout s’amplifie et tout s’écroule.
Pour Hélène Lam Trong et Jérémmy Bulté, " risquer de mourir à 20 ans, ce n’est juste pas tolérable. Alors non seulement on se bat. Mais on cherche partout des raisons d’espérer et d’y croire, de donner un sens à sa maladie. Et il y a un endroit où l’on trouve ça plus que partout ailleurs : les réseaux sociaux". C'est aussi ce que le film "Les vivants" nous explique.
Ils sont 1 800 chaque année à développer une forme de cancer. La bonne nouvelle, c'est que le taux de survie à cet âge avoisine les 75 %. La mauvaise, c’est que ça fait quand même plus d’un mort par jour."
Hélène Lam Trong et Jérémy Bulté
Le film "Les vivants" disponible sur france.tv.