Yona a été placée dans une famille d'accueil alors qu'elle n'était qu'un bébé. À force de patience, de bon sens et d'amour, cette famille est devenue la sienne. Le film "Trois semaines et un jour" de Laëtitia Gaudin-Le Puil, interroge la complexité du mot "famille".
Yona avait trois semaines et un jour quand elle a été placée chez Maryvonne, assistante familiale à Lanvénégen, petite commune du Centre-Bretagne. Dans cette famille aimante, elle a grandi loin des tourments de ses parents, en précarité sociale et de santé fragile. D'un tempérament bien affirmé, Yona aura su rebondir face à des situations parfois bien compliquées pour une jeune personne. C'est ce que raconte un documentaire "Trois semaines et un jour" de la réalisatrice Laëtitia Gaudin-Le Puil.
Le cadre de vie que lui a offert sa famille d'accueil aura eu raison des épreuves qui sont venues croiser son chemin.
J'ai été placée jusqu'à mes dix ans chez Tata et Tonton. J'ai eu un cadre, à l'écart de tout ce qu'il pouvait se passer chez mes parents. J'ai été protégée de ça et ça m'a aidé
Yona
Des allers-retours douloureux
Les enfants sur liste d'attente pour un placement dans les familles d'accueil, sont nombreux. Les familles d'accueil, elles, le sont moins. Pour faire face à cette pénurie de places, les services sociaux sont contraints de jongler avec des plannings serrés et trop souvent, dans l'urgence.
Yona, a connu ses allers-retours, entre famille d'accueil et sa famille native.
À chaque fois, c'est dans la douleur qu'elle a vécu ces ruptures. Des interruptions qui, accumulées, ont provoqué du retard dans sa scolarité. "J'avais dix ans, se souvient-elle, je hurlais dans l'escalier quand on m'a annoncé qu'il fallait retourner chez mon père" dit-elle. Après, je ne me rappelle rien, je pense que je n'ai pas envie de me rappeler, c'est tout. "
À chaque retour, il aura fallu beaucoup de patience et l'amour intact de Maryvonne et de Lionel pour la sécuriser à nouveau, la réparer et lui redonner confiance.
Un soutien sans faille
Depuis la toute petite enfance de Yona, le couple n'a de cesse de l' "aimer comme leur fille" témoigne Maryvonne. Le cadre est là. Il suffit à lui-même, pour fonder une famille. Alors, à sa majorité, pour valider leur attachement, Maryvonne et Lionel, ont entrepris l'adoption.
C'est ému que Maryvonne fait part de leur décision à la jeune fille.
"On n'a pas oublié d'où tu viens. Tu as ta maman, ton papa, mais on aimerait que tu sois "officielle" dans notre vie de tous les jours… Alors, on a décidé de te proposer de t'adopter…" lui dit-elle.
On n'a pas oublié d'où tu viens. On aimerait que tu sois "officielle" dans notre vie de tous les jours. On souhaite t'adopter.
MaryvonneAssistante familliale, "Tata" de Yona
À 20 ans, Yona, à sa grande joie, deviendra ainsi officiellement, au regard de l'administration, la fille de ceux qu'elle appelle "Tata et tonton".
Pour moi, la famille n'a pas de modèle, c'est des individus qui se choisissent. Qu'il y ait des liens ou pas. C'est propre à chacun.
Yona
Aucun préjugé, mais de l'ambition
Mais, entre toutes ces épreuves, Yona, force de vie, aura aussi bravé les préjugés qui éloignent des études et de l'ambition. Maryvonne, implicitement, lui aura transmis l'héritage d'une aversion pour les cases et les étiquettes. C'est "grâce à elle, raconte Yona, qu'aujourd'hui, j'exerce le métier d'infirmière. On a réussi".
Tata me disait que si je voulais quelque chose, je pouvais y arriver. Elle me disait qu'il ne fallait pas écouter les professeurs, c'est ce qu'on a fait, et on a réussi.
Yona
Un juste retour des choses
Dans la vie de la jeune Yona, déjà bousculée, il y aura une autre étape douloureuse à vivre. Son Tonton, Lionel, souffrait de la maladie de Charcot. Yona l'a accompagné et soutenu jusqu'à ces derniers jours, comme un simple retour des choses.
"Trois semaines et un jour" est un témoignage émouvant, à voir sur France 3 Bretagne, jeudi 13 février, en deuxième partie de soirée, et dès à présent sur france.tv