Paimpol. Un généraliste ferme son cabinet. Mais pas de retraite, avec une petite équipe il va coordonner les soins entre l’hôpital local et les gens chez eux, à domicile. Sylvain Bouttet, réalisateur, dessine un monde confronté à l'évolution de l'hôpital public et de la médecine de proximité.
Si la réponse de l’hospitalisation à domicile est immédiatement séduisante, la réalité de terrain est complexe.
Comme le dit ce médecin : ”Chez nous les gens ont depuis longtemps conscience d’une paupérisation de la médecine, elle ne s’est pas transmise au bout de la route.”
Jacques, un médecin à l'ancienne
Après un parcours riche d'expérience, Jacques, médecin généraliste d'expérience, revient sur ses terres, Paimpol.
Trente ans de cabinet déjà et aucunement envie de s’arrêter. Mais changer oui. L’hôpital local a besoin d’un médecin. Jacques va devenir médecin-coordinateur, pour faire le lien entre l’hôpital et les patients qu’il tentera, avec les équipes médicales et paramédicales de maintenir à domicile.
D’un côté l’administration et la structure toujours comptables, de l’autre une volonté louable mais complexe à mettre en oeuvre. On peut certes vouloir désengorger l’hôpital en proposant des soins à domicile à une population vieillissante et toujours croissante mais, avec quels moyens financiers et surtout humains ? Funambulisme.
Retour à domicile, le film
L'hospitalisation à domicile
C’est un lieu qui n’a pas de nom autrement identifiable que cet acronyme : l’HAD (lachadé). Ni vraiment bureau ni salle de réunion, pas seulement un couloir, une aile d’hôpital blessée. L’HAD est le point de départ, de rendez-vous et de débarquement des équipes de deux ou trois qui sillonnent le territoire proche pour remplir plusieurs missions avant retour à bon port.
Retour à domicile de personnes hospitalisées nécessitant un suivi qu’une infirmière libérale seule ne peut pas fournir. Inversement, hospitalisation de gens dont l’état de santé s’est fortement dégradé ainsi que, souvent, la situation familiale.
Les quelques infirmières et aide-soignantes de l’équipe, sous la coordination de Jacques, ont fort à faire dans cette petite usine à gaz.
Les hôpitaux de la région (Lannion, Guingamp, St-Brieuc), les services sociaux, les médecins de tous poils appellent le secrétariat, envoient des messages quotidiennement. Le flux est tendu et la question toujours la même : que fait-on de Monsieur ou Madame ? C’est pour l’HAD ? Pour le centre hospitalier ? Si oui pour quel service ? Avec cette épée de Damoclès au-dessus du groupe : on n’a pas de place, pas le temps, pas les moyens. Mais on ne peut pas laisser tomber Monsieur ou Madame.
Le regard du cinéaste, Sylvain Bouttet
Le soin à domicile permet au cinéaste d’aller voir et de montrer de près la réalité bien en chair, suintant une humanité vivante, dans toutes ses épreuves, d’individus d’ordinaire noyés sous les statistiques et les appellations aseptisées. On est dans une chambre, un salon, observant comment dans un univers intime une équipe extérieure au cercle familial intervient souvent avec le plus de tact possible.
Le contexte est à chaque fois le même, quel que soit le milieu social : intrusion, proposition de l’HAD et, malgré tout, solution temporaire car la constante de l’inéluctable est imparable. Age avancé le plus souvent, plus situation grave (sinon pas besoin de tout ce petit barnum) égal... un film à voir.
Mon but c’était de faire de la médecine générale et d’être dans la population. Je pense que je tiens un peu de cette veine de médecins, j’espère en tout cas, qui ont une vue assez philosophique de la médecine. Et on va vers une médecine technicienne. HAD c’est "hospitalisation à domicile", l’hôpital va chez les gens. Pour le décharger et rendre service à ceux qui ont envie de rentrer à la maison.