Le monde agricole et politique a les yeux tournés jeudi vers le Marché du Porc Breton (MPB) à Plérin (22) pour savoir si une cotation du porc pourra s'y tenir, alors que deux des principaux acheteurs, Cooperl et Bigard, refusent depuis lundi de payer le prix demandé par le gouvernement.

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Les administrateurs du MPB devaient se réunir ce matin, comme avant chaque séance de cotation. "On prépare le marché comme un jeudi normal", a fait savoir la direction du MPB. Et ce, même si la Cooperl et Bigard ne devraient pas être présents, sauf revirement de dernière minute.

L'une des préoccupations du MPB est de parvenir malgré tout à assurer une représentativité du marché en l'absence de ces deux poids-lourds. "Sinon, on pourrait nous reprocher de faire un prix pas adapté, de ne pas représenter l'état de l'offre et de la demande", souligne-t-on.

Mais l'autre préoccupation est de soulager les éleveurs des animaux arrivés à terme, sachant qu'"un cochon prend un kilo par jour" et que son alimentation non prévue constitue un coût supplémentaire pour le producteur.

"Monsieur Le Foll a imposé un prix (1,40 euro par kilo) et on le subit tous. C'est un prix vital pour nous, éleveurs, mais qui n'est pas tenable pour les industriels", a expliqué à l'AFP Yves-Hervé Mingam, président des JA29 (Jeunes agriculteurs du Finistère).

La moyenne du prix, sur les sept premiers mois de l'année s'établit, selon le MPB, à 1,236 euro. Et selon la FNSEA, seulement la moitié des producteurs parviennent à l'équilibre avec ce prix de 1,40 euro.

De leur côté les industriels attendent de l'État qu'il leur permette d'être compétitifs à l'export en compensant les distorsions de concurrence qu'ils subissent vis à vis des principaux bassins de production européens, qu'ils dénoncent depuis des années sans effet.

"On ne peut pas supporter 30 centimes d'écart avec (le prix pratiqué sur) un marché européen ouvert à tout va", a commenté mercredi Patrice Drillet,  président de la Cooperl qui exporte normalement 35% de la viande qu'elle commercialise.

L'impact de l'embargo russe


Selon un spécialiste du marché, "les pays qui ont des avantages en Europe ne vont pas les abandonner aux autres comme ça". Ces règles du jeu égales pour tous, réclamées par les industriels, passent par une harmonisation sociale qui ne figure toujours pas à l'ordre du jour de l'agenda européen, ajoute-t-on de même source.

Outre ces problèmes de fond, la filière paie le prix de décisions diplomatiques de l'UE envers la Russie. En rétorsion, Moscou a décrété, début 2014, un embargo qui continue de peser très lourdement sur le marché européen du porc.

Si la France n'exportait que 70.000 tonnes par an vers la Russie avant l'embargo, le tonnage global européen s'élevait à un million de tonnes, un tonnage qui s'est pour une bonne part reporté sur le marché européen, malgré les efforts déployés pour dégager de nouveaux marchés à l'export, hors UE.

Vers de nouvelles manifestations ?


A court terme, sans solution alternative qui se dégagerait au niveau du MPB, cette situation volatile à toutes les chances de relancer les manifestations d'agriculteurs qui s'étaient ralenties depuis la fin juillet.

Dès mercredi soir, la Fdsea et les JA (Jeunes agriculteurs) du Finistère appelaient à une manifestation après avoir adressé un ultimatum au gouvernement pour une reprise des cotations au MPB dès jeudi.

Ces deux organisations alertaient aussi "les pouvoirs publics sur leur incapacité à répondre des actes des producteurs, plus que jamais désespérés d'être les variables d'ajustement d'un système qui n'est plus vivable".

Parallèlement, les FRSEA du Grand ouest (Bretagne, Normandie et Pays de Loire), premières régions d'élevage toutes filières confondues, réclamaient "l'application pure et dure des engagements pris en juin et juillet dernier".

Et de conclure leur communiqué par une menace directe de reprise des actions. "Les éleveurs ont déjà montré ces dernières semaines leur cohésion; sans arbitrage ferme et rapide du gouvernement, ils n'hésiteront pas à aller plus loin...".
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