Le cadre qui s'est défenestré mercredi 29 février à Rennes a laissé une lettre à sa femme. (article réactualisé)
Jérémy, un jeune cadre supérieur de 28 ans, s'est défenestré mercredi 29 février de son bureau du centre-ville de Rennes. Dans une lettre laissée à Elodie, sa femme, il accuse sa hiérarchie de ne pas lui faire confiance.
"Je suis remis en cause en permanence sur toutes mes actions", lit Elodie, la femme de Jérémy. Une lettre qu'il lui a laissée le matin de son suicide, évoquant "un manque de confiance terrible au fond de moi".
C'est Yohann Ménard de la CFDT, qui résume le parcours récent de Jérémy lors d'une conférence de presse, aux côtés de sa femme Elodie.
En 2005 Jérémy entre à la Poste comme facteur à Saint-Erblon (35). En réussissant brillement un concours interne, il accède au statut de cadre supérieur directement. Après 6 mois au bureau de Mordelles, "où tout se passe bien", il part à Lannion. Une promotion "qui ne se refuse pas, sous-entendu sous peine de redevnir facteur" précise le syndicaliste.
C'est là-bas que sa situation au travail se dégrade, avec l'apparition d'un nouveau directeur et de son équipe. "Il est mis à l'écart". A Rennes, où l'on accède à sa demande de mutation pour rapprochement familial fin 2011 (sa femme doit accoucher), il est nommé au développement industriel. Tout se passe bien, "à nouveau il développe de nouveaux projets", et même s'il est seul dans un bureau dans un centre "un peu gris" de l'Ouest de Rennes, "il reste positif."
A la mi-janvier il reçoit une nouvelle mission, au centre de tri de La Mézière (35). La veille de son acte, il avait rencontré son futur directeur, dans un entretien "qui s'était mal passé".
Jérémy est resté deux heure dans une salle de réunion, seul, avant de se jetter par la fenêtre. laissant quelques lignes sur un bureau.
La direction réagit
"Comprenant la douleur et l'émotion de la famille" la direction du Courrier Haute Bretagne rappelle dans un communiqué "qu'une triple enquête va être menée : celle de la police judiciaire, celle de l'Inspection du Travail et celle des membres du CHSCT. Comme elle s’y est engagée, elle mettra tout en œuvre pour que ces enquêtes puissent aboutir au plus tôt et dans les meilleures conditions".
Réaction des syndicats
La CGC, Confédération générale des cadres du groupe La Poste a réclamé ce dimanche
une "réunion d'urgence" de la Commission nationale Santé Sécurité au travail (ex-CHSCT central) pour que non seulement toute la lumière soit faite sur ce dramatique évènement mais aussi pour que toutes les mesures soient prises au sein de La Poste afin d'éviter à l'avenir que de tels faits ne se reproduisent", écrit le syndicat dans un communiqué.
En hommage à leur collègue, les syndicats appellent à un rassemblement lundi à 12h00 sur les lieux du drame.