En mars dernier un ingénieur dinanais envoie un mail aux syndicats de Renault pour faire la promotion de "Merci Patron !", le film de François Ruffin. Le lendemain il est mis à pied par son entreprise, sous traitante du constructeur automobile.

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Henri (prénom modifié), un ingénieur originaire de Dinan, travaillait depuis dix ans pour des entreprises prestataires de Renault. Depuis deux ans il exerçait ses responsabilités au sein du technocentre Renault de Guyancourt, le plus grand centre de recherche et développement en France. Jusque là tout va bien. Mais Henri sur son temps libre est aussi bénévole pour le journal alternatif Fakir.

Licencié pour avoir proposé la projection gratuite de "Merci Patron ! "

Le 15 mars dernier il envoie une dizaine de mails à différents syndicats de Renault pour leur proposer une diffusion gratuite du film. Un courrier électronique envoyé depuis chez lui et depuis son ordinateur personnel. Pourtant le lendemain matin le patron d'Henri l'appelle. Renault a transmis son mail et exige qu'Henri quitte le site. A 15h il est convoqué pour un entretien et est mis à pied. Henri enregistre cet échange avec son directeur pour "être sûr de ce qu'il allait entendre" :

"Ils surveillent... ils surveillent les mails des syndicalistes"  lance le PDG, et de conclure "tu as fait une grosse bêtise".


Le PDG lui annonce alors son intention de le licencier. "J'étais scié " raconte Henri à nos confrères du Télégramme

La toile s'empare de l'affaire en pleine saison des nuits debout

Henri décide de ne pas se laisser faire et raconte ses déboires aux journalistes de Fakir. Il leur confie également l'enregistrement de l'échange avec son employeur. La publication de son témoignage fait immédiatement le buzz. Cette vilaine publicité deviendra la faute invoquée pour justifier son licenciement lors de son entretien préalable.


La liberté d'expression bafouée ?

Comment Renault a pu être informé de ce mail ? Les journalistes de Fakir et Mediapart s'interrogent et publient différents articles. L'affaire prend une toute autre ampleur.... Pour l'avocate d'Henri, Maître Dufresne Castets (également avocate de la CGT Renault) Henri est un lanceur d'alerte et le motif de son licenciement est un prétexte. Bien embarrassé, Renault se défend de surveiller les messageries des syndicalistes mais affirme que les messageries professionnelles ne doivent pas être utilisées à but promotionnel. Et d'ajouter "c'est un contentieux entre ce monsieur et son employeur".

L'affaire sera jugée en référé le vendredi 1er juillet. Délibéré attendu quinze jours plus tard.

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