Une étude récente montre plus de la moitié des maires des petites communes ne souhaitent pas renouveler leur mandat. La baisse des dotations et les lourdeurs administratives sont quelques une des raisons qui expliquent le malaise. Témoignage.
Cela fait 29 ans que Didier Gouablin est impliqué dans le conseil municipal de Broualan. Et depuis 2006 il occupe le poste de maire de cette commune de 383 habitants située dans la communauté du Pays de Dol et de la Baie du Mont Saint-Michel.
Des budgets à la baisse et des tâches toujours plus nombreuses
Pour illustrer les problématiques budgétaires qu’il rencontre, Monsieur Gouablin nous emmène sur les routes communales. "Regardez ici on est rendus aux gros cailloux". Du bout du pied le maire nous montre les nids de poule et l’usure marquée du bitume. "La voirie c’est compliquée. J’ai une commune de 1300 hectares et 25 kms de voirie. C’est énorme et c’est un budget phénoménal. On ne peut pas faire plaisir à tout le monde parce qu’on ne peut pas refaire toutes les routes. On n’a pas les moyens. Mais c’est la sécurité des gens".
A 40 000 euros le kilomètre, et sans plus aucune aide du conseil départemental, on comprend que la petite commune ne puisse pas réhabiliter les dix kilomètres qui le mériteraient. D’autant que la dotation de l’état a aussi baissé de 15 000 euros cette année. Pourtant les besoins d’investissements ne diminuent pas. Au contraire. Comme par exemple la mise en accessibilité des bâtiments publics pour les personnes handicapées. Le dossier est sur la liste des chantiers prioritaires mais c’est encore un gros soucis pour le maire:
« On a des obligations en plus mais on n‘a pas de moyens supplémentaires ! »
Les aides et dotations diminuent inexorablement. La mairie ne fournit presque plus aucun service direct à ses administrés (les cartes d'identité ne se font plus en mairie) mais les tâches administratives ne cessent de s’empiler. "C’est de plus en plus compliqué" soupire Didier Gouablin.
"Y’en a que pour les grosses communes"
Broualan faisait partie de la communauté de commune de Dol de Bretagne. Mais depuis l’année dernière la "com com" a fusionné avec celle du Petit-Fougeret, passant de 11 à 19 communes. Conséquence : "Avant on était deux conseillers communautaires. Maintenant je suis tout seul". Cette nouvelle configuration n’arrange pas du tout le premier édile " Les petites communes sont beaucoup moins représentées et on a moins de poids pour dire ce qu’on a à dire ". Par exemple « on doit payer pour la construction de la nouvelle piscine mais pour autant on doit continuer à payer le transport et les entrées de nos enfants ! C ’est injuste !" et d’ajouter "C’est la loi du plus fort".
"On est de plus en plus sollicités mais de moins en moins respectés".
Didier Gouablin connaît tout le monde dans le village et quand quelque chose ne va pas, c’est à lui que s’adressent les habitants . "Des fois on m’appelle le dimanche à la maison et quand par exemple il y a du vent et des branches sur la route et bien c’est moi qui vais les enlever ". Monsieur le maire ne compte pas les heures qu’il consacre à sa mission, et il a parfois l’impression que son implication n’est pas reconnue. "On est de plus en plus sollicités mais de moins en moins respectés ".
Après 29 ans de bons et loyaux service Didier Gouablin qui est aussi, agriculteur et père de famille, doute fortement de vouloir assurer un nouveau mandat.
"La bêtise de l’état, l’administration, les exigences des gens et tout le temps qu’on passe en réunion. Finalement on est jamais en famille" conclut-il.