Pour mesurer les surfaces couvertes par les échouages d'algues vertes, un premier survol aérien des côtes bretonnes a été effectué par les équipes du Ceva, le Centre d'Étude et de Valorisation des Algues. En ce début de printemps 2021, la Baie de Saint-Brieuc est la plus touchée.
Une première tendance après l'hiver. C'est tout l'intérêt du survol aérien des côtes bretonnes réalisé le 13 avril par Sylvain Ballu, responsable de la surveillance des marées vertes au CEVA, le Centre d'Etude et de Valorisation des Algues, situé à Pleubian dans les Côtes d'Armor.
Chaque année, de la mi-avril à la mi-octobre, sept vols d'observation, avec prises de photos, sont ainsi planifiés. De la Baie de la Fresnaye au Golfe du Morbihan, chaque site est passé en revue pour permettre de mesurer l'évolution des niveaux d'échouage des algues vertes.
Les baies sableuses en première ligne
"Il y a toujours une forme d'impatience au début du printemps pour voir quelle est la situation sur nos côtes après la période hivernale", explique Sylvain Ballu. "On avait donc profité d'une belle fenêtre météo pour réaliser un premier survol, sans prendre de photos, au début du mois de mars, et on avait constaté que les échouages étaient déjà très visibles en Baie de Saint-Brieuc".
Le vol du 13 avril est venu confirmer cette impression, avec "près de 90% de la surface d'algues échouées observées" concentrés dans cette baie. Des dépôts très importants ont également été relevés dans la Baie de la Fresnaye à l'est des Côtes d'Armor. Deux baies qui offrent un profil assez similaire, plutot abrité. "La houle est l'un des premiers facteurs qui joue sur la dispersion des algues", confirme Sylvain Ballu. "Et cet hiver, il y a eu très peu de houles supérieures à 2m50, et celles supérieures à 3 ou 4 mètres étaient très en dessous des moyennes habituelles. Nous avons connu peu de tempêtes, ce qui veut dire un hiver peu dispersif pour les stocks d'ulves présents sur les côtes".
Un hiver calme, un printemps lumineux
En ajoutant à cela une luminosité très importante ces dernières semaines, et toutes les conditions sont réunies pour aboutir dans ces baies sableuses à une précocité des échouages largement supérieure à la moyenne, de l'ordre de 30 à 40% comparés à la moyenne des mois d'avril de la période 2002-2020. Pour autant, les chiffres seraient tout de même inférieurs aux années 2017 et 2019, qui avaient été extrèmement précoces.
Par ailleurs, une présence significative d'ulves est à signaler dans le sud de la Baie de Douarnenez, à Guissény, à Dossen, dans la Baie de la Forêt-Fouesnant ou encore à Moguéran dans le Finistère.
Même constat dans les vasières du Golfe du Morbihan et de la Ria d'Etel, "déjà couvertes de dépôts denses", selon les analyses du Ceva. Là aussi, la forte luminosité et les températures relativement douces ont joué à plein.
En revanche, "il n'y a presque rien dans les anses de Locquirec ou de Binic, ainsi que dans la Baie de Saint-Michel en Grève", relève Sylvain Ballu. "Mais attention, nous avons tout de même constaté, avec des contrôles au sol, la présence de petits morceaux d'algues. Compte-tenu des conditions météo favorables, on peut s'attendre à une prolifération plus importante lors de nos prochaines analyses". Il ne faut en effet pas oublier que les stocks d'algues de l'automne précédent sont encore très présents.
"Notre rôle n'est pas d'être alarmistes, on est là pour faire des mesures", conclut Sylvain Ballu. "mais il n'y a pas de raison que cela ne continue pas à monter dans les prochaines semaines. Comme le savent bien les jardiniers, s'il fait beau, ça pousse". Un adage qui vaut également pour les algues vertes. Surtout si les apports nutritionnels, en clair les flux de nitrates, viennent les nourrir et favoriser leur croissance en été.