C’est un vêtement emblématique, traditionnellement associé à la Bretagne : la marinière. Elle a traversé les modes et survit même à la crise que connaît le secteur de l'habillement. Le marché de ces tee-shirts rayés, produits dans la région, semble intouchable.
La marinière est née en 1858 …C’était le costume officiel des matelots.
Vêtement de travail, de marins, de pêcheurs…dont la mode s’est emparée dans les années 20 grâce à Coco Chanel.
Le tricot rayé est ainsi le premier vêtement d’homme à être porté par les femmes. Un vêtement dont le succès se confirme avec les premiers congés payés.
Elle est sans cesse remis au goût du jour par les ténors de la mode, notamment Jean-Paul Gaultier.
A la fois populaire et chic
En 2012, Arnaud Montebourg, le ministre de l’économie, a fait du tricot rayé le symbole du made in France.
Un paradoxe quand on sait que seulement 3% des marinières sont fabriquées dans l’hexagone
"Il y a sûrement sur le marché des tas de marinières fabriquées en Chine, au Bangladesh ou en Thaïlande, confie Jean-Guy le Floch, le patron d’Armor-Lux, à Quimper. Nous, on voit la différence au premier coup d’œil. Ce sont des marinières dites imprimées, c’est de l’encre imprimée. Du coup ça ressemble à des marinières, mais ce ne sont pas des marinières".
Armor Lux a fait de la marinière son vêtement amiral
Si l’entreprise possède des sites de production à l’étranger, les tricots rayés eux sont fabriqués à Quimper.
La marque bretonne sort 500 000 marinières par an grâce notamment à sa centaine de métiers à tricoter.
Des vêtements haut de gamme… Dont les premiers prix sont autour d’une quarantaine d’euros. Le coût de possession est bien plus faible que le coût de possession d’un vêtement qui vient du fin fond du monde, et que vous n’allez porter que six mois, estime . Quand on achète un vêtement ici, on est sûr qu’il va durer, durer et encore durer... presque trop d’ailleurs moi!
Jean-Guy Le Floc’h, directeur Armor-Lux
Le Minor, symbole du succès sans fin de la marinière
Le Minor fête cette année ses 100 ans. Le Minor, c’est la plus ancienne bonnetière de France. Elle vient tout juste de rénover ces anciens ateliers, à Guidel dans le Morbihan.
La marque a été rachetée par de jeunes entrepreneurs en 2018… Depuis le chiffre d’affaire a été multiplié par deux.
Ces entrepreneurs sont des survivants dans un secteur sinistré en France.
Entre 1990 et 2010, 90% des usines et des emplois du textile ont disparu. Nous on a maintenu le cap et conservé un savoir-faire local et une fabrication 100% française. Surtout grâce au succès de la marinière à l’export.
Sylvain Flet, actuel directeur général de Le Minor
La Japonaise raffole des marinières
En effet, la marinière vue de l’étranger est à la France ce que le jean est aux Etats-Unis et le Kilt à l’écosse… au même titre que le béret et la baguette.
Des clichés qui n’empêchent par la marinière d’être tendance…. Les Japonais en sont fous, surtout les femmes. C’est 90% de la clientèle du Minor à l’étranger.
"Les Japonais aiment vraiment la culture française, détaille Lisa Minami, acheteuse professionnelle pour des boutiques japonaises. Quand on parle de mode, la combinaison de la marinière et du jean est pour nous fascinante…et même iconique".
80% de nos productions, ce sont des marinières, ajoute Sylvain Flet. Et elles sont exportées à plus de 60%. Le paradoxe c’est que ce produit a eu pendant 30 ans plus de succès à Tokyo qu’à Lorient, où on est basé depuis cent ans ».