Martin Rocca, 22 ans, se présente à l’élection présidentielle, “J’ai fait un prêt de 20 000 euros pour ma campagne”

Martin Rocca roule à l’électrique et marche à l’adrénaline. À 22 ans, le plus jeune candidat déclaré à l’élection présidentielle traverse la France avec son slogan affiché sur sa caravane. L’assemblée constituante : un programme décoiffant pour rénover la démocratie. Sa campagne a débuté par la Bretagne. Entretien.

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Il a passé une semaine mi-janvier à parcourir la Bretagne, une région où il a ses attaches, pour rencontrer des élus de terrain.

Martin Rocca, ce plus jeune - et officiellement - candidat à l'élection présidentielle, fait en effet le maximum pour faire avancer son idée d'assemblée constituante. La base et l'unique point de son programme.

Martin Rocca, qu’est ce qui pousse un jeune parisien de 22 ans à se présenter pour l’élection présidentielle, vous ne devriez pas être à la fac ?

Je devrais être en maîtrise d’histoire et philosophie à l’université de la Sorbonne, mais j’ai pris une deuxième année de césure. L’an dernier, lors de mon break je suis allé en Allemagne pour réfléchir à mon avenir. Je me suis rendu compte que la solution pour moderniser la démocratie était la mise en place de l’assemblée constituante. J’ai proposé cette solution à différentes personnalités ou politiques, sans résultat. Alors je me lance.

D’où vient votre engagement en politique ? 

C’est surtout l’envie de contribuer concrètement. Lors de ma licence à l’université j’ai pu passer six mois sur un campus entre New-York et Montréal. Les étudiants de cette région sont très politisés. J’ai eu des discussions musclées avec des activistes pour le climat qui prônent la désobéissance civile. J’étais en désaccord avec eux, mais je n'apportais pas de solutions. Cela a été un premier déclencheur.

Vous êtes le plus jeune candidat à la présidentielle, qu’est-ce que cela vous évoque ?

C’est dingue ! Je n’ai encore jamais voté pour l’élection présidentielle et voilà que je tente d’avoir mon nom sur un bulletin. Je suis persuadé que pour mettre en place les changements nécessaires face aux crises climatiques, économiques, sanitaires ou migratoires, il faut un autre système, plus démocratique. La solution c’est l’assemblée constituante, j’en suis persuadé.

Votre programme est la mise en place d’une assemblée constituante, pouvez-vous expliquer ce projet ?  

Mon programme, c’est l’assemblée constituante 2022. Je milite pour qu’un groupe de 200 à 300 personnes tirées au sort se réunisse. Pendant un an, ils travaillent pour aboutir à un nouveau cadre institutionnel, une nouvelle république. Il faut créer une organisation plus représentative de toute la population. La clef de la réussite, c’ est la confiance. Aujourd’hui, la défiance des Français face aux politiques est énorme. L’abstention est toujours plus forte. Regardez la situation de notre pays face à la gestion de la crise du covid. La méthode de prise de décisions doit changer. 

Un groupe d’amateurs en politique qui offrirait la solution pour la nation, est-ce crédible ?

Prenons le résultat obtenu par la convention citoyenne pour le climat. Un échantillon de la population française, 150 personnes, a offert en 9 mois des propositions très concrètes, des vraies solutions. C’est un exemple très positif. En 2021, le Chili qui n'arrivait plus à se réformer a mis en place une assemblée constituante. C’est possible. 

Jean-Luc Mélenchon prend également en référence le Chili et souhaite créer une 6ème République par une assemblée constituante, pourquoi ne pas le soutenir ?

Un parti qui n’a pas l’adhésion d’une large majorité ne peut offrir la solution. Je souhaite la création de l’assemblée constituante de la France. Pas l’assemblée constituante de la France Insoumise. Être partisan empêche d’être soutenu par le plus grand nombre.

“Au début, j’avais une chance sur un milliard.”

Martin Rocca

Des candidats se plaignent de ce seuil des 500 signatures, pas vous ?

Je n’y vois pas de problème. Quand Eric Zemmour, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon disent que c’est compliqué, il ne faut pas oublier que 42 000 élus peuvent les offrir. Je suis sur le terrain, et je vois que les maires des petites communes ne veulent pas associer leur nom à des candidats extrêmes. Les parrainages ne sont pas anonymes. Avec ma proposition qui défend la démocratie, je suis plutôt bien reçu. Je compte déjà une trentaine de promesses de parrainage.

Comment se passent les rendez-vous avec les premiers maires de Bretagne ?

L'accueil est chaleureux. J'ai commencé par la Bretagne avec l'ancien maire de Binic, le maire de Pleumeur-Bodou dans les Côtes d'Armor, ou encore celui de Plounéour-Trez dans le Finistère. Je suis également passé par Auray. Dans les petites communes, les élus ont souvent entre 50 et 70 ans. La politique, c’est souvent toute leur vie. Quand je me présente avec mon jeune âge, ils apprécient ce qu’ils voient comme un “engagement de la jeunesse“. J’ai choisi la Bretagne car j’y connais du monde, et ma famille y a ses racines. Mon équipe connaît également quelques élus de terrain dans la région, cela nous a ouvert des portes.

Vous pensez vraiment réussir à atteindre le premier tour de l'élection présidentielle ?

Au début, j’avais une chance sur un milliard, mais chaque jour l’opportunité grandit. L’été dernier, j’ai déjà fait un tour de France et rencontré 48 maires. Je viens d’en rencontrer cinq nouveaux en Bretagne. Ces jours-ci les rendez-vous s'enchaînent dans le Poitou-Charentes.

Que se passera-t-il en cas d’échec, vous retournerez à l’université ?

C’est possible que je retourne à la fac en septembre. En cas d’échec, dès mars je recommencerai à travailler comme traducteur pour rembourser le prêt de 20 000 euros que j’ai souscrit à la banque pour cette tournée. Peut-être que j’aurai à transformer mon mouvement politique s’il prend de l’ampleur. Évidemment, je ne vais pas devenir président de la République, il n’y a aucune ambiguïté. Mais il faudra que je prenne du recul vis-à-vis de l'implication mise sur ce projet car j'y mets toute mon énergie. Avec la fatigue, il m'arrive parfois de douter, de me demander ce que je fais là. Mais je vois des preuves tous les jours de la véracité de ma conclusion : il faut une démocratie plus citoyenne. Je veux contribuer à véhiculer cette idée.

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