L'écrivain et fondateur du festival Etonnants Voyageurs, qui démarre ce mercredi, était un ami proche du philosophe Michel Serres, disparu ce samedi 1er juin. Au festival comme dans ses séjours en Bretagne, qu'il aimait profondément, le philosophe "irradiait de sa culture".
Le philosophe Michel Serres, disparu ce samedi 1er juin, est venu bien des fois au festival Etonnants Voyageurs. Deux fois invité dans la programmation, et d'autre fois en curieux de tout qu'il était.
Ses rencontres avec le public, dont des extraits pourraient être programmés en son hommage à l'ouverture du festival, "ont été des moments très forts" raconte Michel Le Bris. "Vous sentez les vibrations dans une salle quand la foule adhère, réagit" poursuit-il, "il irradie d'une sorte de bonté, d'optimisme et de passion".
Une passion pour les savoirs, quel qu'ils soient, "qu'il partageait avec Edgar Morin", un autre "grand ami" du festival Etonnants Voyageurs.
"Je les vois comme des hommes de la renaissance, comme Léonard de Vinci, comme Dante" explique Michel Le Bris, "c’étaient des hommes de l’époque de l’encyclopédie, de cette volonté de la renaissance, de faire coexister les savoirs".
Une passion pour la Bretagne
Un éclectisme qui n'a pas toujours été bien considéré par le milieu universitaire, selon Michel Le Bris, "et ce n'est pas étonnant qu'il soit allé enseigner aux Etats-Unis".
Les deux hommes se voyaient plusieurs fois dans l'année. "Si ces dernières années il n’est pas venu au festival, c’est parce qu'il était malade" raconte Michel Le bris", "il me laisse un grand vide, nous nous étions promis de nous retrouver comme chaque été en Bretagne".
Une Bretagne qu'il aimait profondément. Il se ressourçait régulièrement à l'hôtel des Bains de Locquirec, près de Morlaix. "Nous y passions des soirées mémorables, à parler de tout, aussi bien de mathématique que de rugby, de Tintin, de Zola… il était d'une culture immense, d'une culture qui créé de la lumière."
On a découvert ce qu’est un savoir lumineux
Michel Serres a été révélé au grand public par ses émissions de radio, et par l'ouvrage "Petite Poucette" sur la génération "digitale", publié à 270 000 exemplaires.
"On a découvert ce qu’est un savoir lumineux" estime Michel Le Bris, "il irradié d’une lumière, comme ça, en parlant d’une manière très simple de telle sorte que les gens comprenaient, et si reconnaissaient".
"De ce point de vue-là il est tout à fait un exemple" conclue Michel Le Bris, en se rappelant qu'en voyant un jour Michel Serres pianoter sur son smartphone et s'enquérant du pourquoi, le philosophe lui avait répondu qu'"il réservait un Bla Bla Car".
Voilà un covoitureur qui ce jour, n'avait pas perdu sa journée.