La goélette Tara a accosté ce samedi 5 octobre 2024 dans le port de Lorient (Morbihan), achevant ainsi 18 mois de missions scientifiques en Europe. Près de 70 000 échantillons ont été prélevés près des côtes et vont désormais être analysés, pour mieux comprendre les écosystèmes du littoral. Les résultats s'annoncent révolutionnaires.
Edith Heard, la directrice générale de l'European Molecular Biology Laboratory (EMBL), qui dirige l'expédition Tara, est formelle : "on est lancé pour quelques décennies de découvertes scientifiques".
Car la goélette Tara, de retour au port de Lorient (Morbihan) ce samedi 5 octobre, a ramené en 18 mois de missions près de "70 000 échantillons qui sont ou vont être analysés dans les laboratoires" commente Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan.
Des missions hors normes
Les prélèvements ont été réalisés dans le sol, dans les sédiments, sur les aérosols marins et terrestres sur le littoral européen, à terre comme en mer, à maximum 500 mètres de la côte.
Le but ? "Comprendre l'interface entre la terre et la mer, détaille Romain Troublé. C'est l'endroit où tout le monde se promène, se baigne. Mais on ne connaît pas grand-chose de ce qui y vit et de toutes les interactions entre les écosystèmes".
Avec 90 instituts de recherches scientifiques impliqués, des spécialistes dans tous les domaines embarqués sur le bateau et des laboratoires sur le terrain, "cette 13e mission est sans doute la plus complexe qu'on ait jamais menée avec l'équipe Tara" notamment en termes de logistique, estime Romain Troublé.
"C'est exceptionnel d'avoir à disposition sur un temps long un bateau comme Tara, qui nous permet de mettre en place de la récolte standardisée. C'est-à-dire de comparer ce qu'on va faire dans la mer baltique avec la mer Méditerranée parce que ces écosystèmes sont tellement divers qu'on doit être très systématiques et très rigoureux" se félicite Flora Vincent, directrice de laboratoire à l'EMBL et coordinatrice de la mission, émerveillée par le travail accompli par les 200 chercheurs - issus de 30 pays différents, impliqués dans cette expédition Tara en Europe.
Grâce à des camionnettes transformées en mini-laboratoires et un semi-remorque transportant des outils de recherche, les équipes scientifiques du bateau Tara ont pu "réaliser des mesures sur des organismes qui étaient encore vivants. Donc, on a gardé toute l'intégrité de cette biodiversité, de cette nature. Là, cette recherche sur le frais va apporter beaucoup de nouvelles connaissances et de nouvelles découvertes".
"Révolutionnaire"
Un à deux ans seront nécessaires pour obtenir les premiers résultats des analyses des échantillons ramenés par cette expédition de Tara sur le littoral d'Europe.
"Ça prend du temps parce que c'est d'une complexité incroyable. Mais il faut y aller. Il faut mettre des chiffres sur ce qu'on a sur le littoral. Il faut regarder quelles molécules chimiques on trouve, quels polluants on trouve, quels sont leurs effets sur les écosystèmes et in fine sur ce qu'on mange et notre santé", argumente Romain Troublé.
Pour Flora Vincent, directrice de laboratoire à l'EMBL et coordinatrice de la mission, ces 18 mois de recherches et de relevés promettent des résultats "absolument révolutionnaires. Je pense qu'on va découvrir énormément de choses sur la biologie fondamentale."