Fonderie de Bretagne. Renault refuse de financer le projet de reprise, 350 emplois en suspens à Caudan

Le gouvernement avait posé un ultimatum en début de semaine à Renault pour que le groupe automobile permette la reprise de l’usine par une société allemande. Mais d'après la direction de Fonderie de Bretagne de Caudan (Morbihan) ce jeudi 5 décembre, le constructeur français a décidé de jeter l'éponge. L'État peut-il encore agir et comment pour sauver l'outil de travail et les 350 emplois ? L'espoir reste de mise, mais il est mince.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le symbole est fort. Ce jeudi 5 décembre, devant l'usine de Fonderie de Bretagne de Caudan, des salariés ont allumé des feux, certains allant même jusqu'à brûler leur veste... Une veste de travail bientôt inutile ? La veste que Renault vient de retourner ?

"On était fier de la porter il y a quelques années", explique Christophe Mallette qui travaille depuis 22 ans au service achats de la fonderie. "La tension monte parce qu'on a tout pour réussir : le matériel, les humains... On peut travailler pour le ferroviaire, pour l'armement, on a un outil moderne ! On y croit encore, on a un outil de travail compétitif ! Maintenant on demande un accompagnement pour nous diversifier."

La veille au soir, les salariés ont reçu une lettre de leur direction les informant que Renault ne souhaitait finalement plus accompagner Fonderie de Bretagne. Oublié le financement du projet de Private Assets, l'éventuel repreneur allemand. En se retirant, Renault ne garantit plus aucune commande.

"Profond désarroi et colère face au cynisme froid de Renault"

"Renault condamne l'entreprise à très court terme" écrivait jeudi soir la direction morbihannaise amère. Ce jeudi matin, un nouveau CSE s'est tenu sur le site de Caudan et un autre courrier du directeur de Fonderie de Bretagne, communiqué  :

"Ce qui est demandé à Renault Group c'est de maintenir les engagements pris en 2022, de maintenir les volumes suffisants jusqu'en 2028 (...) La Direction exprime son profond désarroi et sa colère face au cynisme froid de Renault qui a attendu la crise politique et la veille de Noël pour acter son refus de financer le projet au risque de provoquer à très court terme la disparition de son ancienne filiale."

"Renault nous plante et l'Etat regarde"

Si la direction de Fonderie de Bretagne est claire, le groupe Renault, lui, n'a envoyé aucune confirmation officielle. Ce qui laisse encore un peu d'espoir aux salariés : "Renault n'a toujours pas dit officiellement sa position sur Fonderie de Bretagne et on ne sait pas à quoi ils jouent, on pense savoir qu'ils essaient de se défausser, de mettre la responsabilité soit sur notre directeur soit sur le futur potentiel repreneur" analyse Maël Le Goff, délégué CGT du site.

Salariés, syndicats et direction, tous aujourd'hui se tournent vers l'Etat dans un ultime espoir : "La direction appelle l'Etat et l'ensemble des parties prenantes à poursuivre les discussions pour ramener Renault à la raison" poursuit le communiqué du jour. 

Tous attendent maintenant "un coup de pression de l'Etat" notamment d'Emmanuel Macron qui a selon Maël Le Goff, sa responsabilité dans la situation du jour : "Le responsable de la situation c'est Renault, mais le deuxième responsable, c'est l'Etat qui a mis trop de temps à rentrer dans les discussions, à notre sens. Ils auraient dû rentrer dedans dès septembre..."  regrette-t-il. "Ils interviennent trop tard, beaucoup trop tard."

Un flou politique qui n'aide pas

L'État s'était engagé à verser 14 millions d'euros sous forme de prêts. Mais est-ce toujours d'actualité étant donné la situation politique du moment ? Pas sûr que la fonderie soit la priorité du gouvernement et du président de la République... "Renault nous plante et l'Etat regarde" regrette Maël Le Goff.

Les 350 salariés veulent malgré tout toujours y croire. Ils ont un outil de travail intéressant, des machines quasiment neuves, du personnel qualifié, et le soutien de plusieurs représentants politiques. À l'image d'Alexis Corbière, porte-parole LFI qui a posté ce message sur les réseaux sociaux ce jeudi matin :

C'est aussi le cas du député de la 6ème circonscription du Morbihan, Jean-Michel Jacques (Rennaissance) : "Au plus haut niveau, je fais valoir l'intérêt de la Fonderie de Bretagne et de ses salariés. Je suis aux côtés des salariés, syndicats, élus locaux et représentants de l'Etat face au cynisme de Renault."

"Nous sommes dans un moment de sidération" réagit lui Loïg Chesnais-Girard, le président de la région Bretagne. "D'entendre que Renault fait un choix brutal face aux salariés, alors que nous sommes en pleine discussion avec Lorient Agglomération, la région, bien sûr l'Etat et le repreneur potentiel... C'est un choc, un mauvais moment pour l'ensemble du territoire et pour l'industrie." 

Le président de région répète son soutien aux salarié.e.s et veut continuer d'y croire : "Nous sommes une région qui veut garder de l'industrie, nous nous battons pour de l'industrie productive. La Fonderie de Bretagne est un outil industriel important, qui a bénéficié d'accompagnements dans le passé. Donc je comprends la colère. Nous restons très attentifs, avec l'espoir de garder le contact, mais effectivement les annonces faites semblent définitives et très dures."

Ces représentants politiques peuvent-ils peser, et auprès de qui, dans ce contexte politique particulièrement instable ? Que peut encore faire l'Etat ?

Le sort de la Fonderie de Bretagne et de ses 350 salariés semble ce jeudi, plus qu'incertain.

(avec I. Rettig et Y. Etienne)

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information