Depuis le 4 février, l'école européenne supérieure d'art de Lorient accueille Najah Albukai, un dessinateur syrien. Professeur de dessin à Damas, il a été détenu à deux reprises et torturé par les forces du régime syrien pour avoir participé à des manifestations. Il raconte, par le dessin.
Des corps décharnés, cassés, torturés, blessés... les dessins sidérants de Najah Albukai racontent la guerre en Syrie, la prison, la torture... L'enfer. Ce professeur des Beaux-Arts syrien témoigne, à travers ses dessins, des pires heures de son histoire. Là, des prisonniers en slip, réquisitionnés pour porter les cadavres d'autres détenus, ici, l'interminable arrestation du professeur de dessin syrien.
Najah Albukai a été emprisonné deux fois au Centre 227 à Damas, en 2012 puis en 2014. Il était accusé de participer à l'affaiblissement du sentiment national, après avoir manifesté. « J'étais du côté du peuple qui voulait sa liberté d'expression » nous dit-il.
Exposition du 22 mars au 25 avril
Sa liberté, Najah la doit à sa famille, à sa femme qui s'est déménée. Elle a réussi à contacter des femmes d'officiers, chez un coiffeur, elle a alors négocié avec elles, en leur donnant de l'argent.
Une fois libre, après la torture, les hurlements, les morts, l'homme a eu un besoin psychologique et physique de dessiner avec un stylo bille, un peu comme les enfants traumatisés par la guerre, explique Najah : « çà m'a aidé à évacuer et en même temps, c'est une dénonciation et de travail de la mémoire, une sorte de résistance... que ces atrocités ne soient pas classées sans suite judiciaire".
Ces dessins deviennent gravures dans l'atelier de l'école supérieure d'art de Lorient. Il les exposera du 22 mars au 25 avril.