Lorient. Le nouveau port d'attache des pêcheurs sénégalais

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Sur les plages du Sénégal, les pirogues attentent de partir au large mais le poisson se fait de plus en plus rare
Les équipages de pèche en Bretagne comptent plusieurs centaines de matelots Sénégalais. ©Sébastien Daycard-Heid, James de Caupenne-Keogh, Bertrand Dévé

Depuis 10 ans, les équipages de pêche en Bretagne comptent plusieurs centaines de matelots sénégalais. En plus du mal du pays et de l'éloignement familial, ces marins voient leur héritage de pêcheurs côtiers sur pirogues sévèrement compromis. Un univers à découvrir dans le documentaire : "L'odyssée Atlantique. De Joal à Lorient : l'exil des pêcheurs sénégalais".

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En raison de la situation économique désastreuse de leur pays, de très nombreux pêcheurs sénégalais ont fui leurs terres pour aller travailler sur les chalutiers bretons. Courageux, ils gardent la tête haute et assurent la survie de leur famille restée au pays. Mais pour autant, tous n'ont qu'un seul espoir, celui de rentrer au pays.

500 Sénégalais vivent en communauté à Lorient

Intégrés dans leur "deuxième" pays, mais loin de leur traditionnelle pirogue où ils ont appris à pêcher, ils travaillent durement, souvent plusieurs jours d'affilés en mer. 

Chacun d'eux à son histoire, mais tous ont pris la décision de venir pêcher là où la mer est fructueuse. Pour subvenir aux besoins de leur famille ils ne rechignent pas à travailler dans des conditions parfois dangereuses. Partis pour nourrir les leurs, ils continuent de s'occuper financièrement de leurs familles et  n'abandonnent jamais leurs femmes, enfants, parents, frères et sœurs. 

Un métier en perte de valeur et de reconnaissance

Pour la plupart des capitaines bretons, il est devenu difficile de trouver de la main d'œuvre compétente, ponctuelle et engagée. Le métier n'est plus mis en valeur. Pourtant, pour gagner sa vie de marin, il faut prendre le large et pour prendre le large, il faut de la main d'œuvre.

Il y a du monde sur les bancs d'école, mais personne sur les quais

Renaud Yhuel, capitaine de la Belladone

Documentaire "L'odyssée Atlantique. De Joal à Lorient : l'exil des pêcheurs sénégalais"

La pêche au Sénégal : une activité traditionnelle incontournable

Un phénomène océanique singulier est à l'origine de la richesse des eaux côtières du Sénégal. La sardinette, l'un des poissons très riche en protéine est utilisé dans le plat traditionnel du pays. Les femmes jouent un rôle primordial dans l'activité portuaire. Elles font fumer et sécher le poisson, le dépiautent et le transportent. La pêche en pirogue est un héritage de leurs parents que les Sénégalais aimeraient léguer à leurs enfants.

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Activité au port de Joal, au Sénégal. Extrait du documentaire "l'Odyssée Atlantique, de Joal à Lorient". ©Sébastien Daycard-Heid, James de Caupenne-Keogh, Bertrand Dévé

La pêche industrielle : une concurrence déloyale

Des chalutiers de sociétés européennes et asiatiques opèrent sous pavillon sénégalais. Ils empiètent progressivement sur les ressources naturelles des côtes. Aucun contrôle sérieux n'est effectué et les autorités peinent à réglementer. Au Sénégal, la mer se nomme désormais la mer morte.

Les Européens, les Chinois et les Russes, installent leurs usines à farine de poissons sur la côte et sur des bateaux-usines au large. Cette farine est utilisée pour nourrir les animaux et ironie du sort, pour les poissons d'élevages. Un vrai fléau pour la communauté sénégalaise. 

Le poisson est de plus en plus rare et il faut aller de plus en plus loin pour le trouver.

Elimane, pêcheur

Documentaire l'Odyssée Atlantique de Joal à Lorient

Des conséquences dramatiques 

Des familles entières vivent désormais au dépens du mari exilé. La pêche traditionnelle qui les faisait vivre autrefois n'existe plus. Les côtes poissonneuses du Sénégal sont ravagées par cette pêche industrielle. 

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Fatou dans le documentaire l'Odyssée Atlantique de Joal à Lorient ©Sébastien Daycard-Heid, James de Caupenne-Keogh, Bertrand Dévé

Les chalutiers épuisent les stocks. Une partie du poisson est exportée en Europe ou en Asie. Le Sénégal dépend de ces ressources naturelles de pêche, mais en raison de l'installation d'usines de transformation et d'exportation, la sécurité alimentaire du pays décline. 

Ces gros chalutiers pêchent en un jour, ce que nous pêchons ordinairement en un mois

Alfang,

pêcheur à Yarakh

Les pêcheurs sénégalais en Bretagne, sont à la fois des réfugiés écologiques et économiques. Loin de chez eux, ils sont obligés d'aller travailler là où il y a encore du poisson, prêts à braver tous les dangers.

"L'odyssée Atlantique. De Joal à Lorient : l'exil des pêcheurs sénégalais" est un documentaire à voir sur France 3 Bretagne, jeudi 10 novembre à 22h50, et à revoir sur france.tv

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