La pratique est de plus en plus courante. Nombreuses sont les familles à vouloir disperser les cendres de leurs défunts. Une pratique très réglementée. Pour la dispersion en mer, la SNSM peut accompagner les proches.
C'est après 10 minutes de navigation sur une vedette de la SNSM au large de Lorient que ce jeudi 28 octobre, entourée de ses proches, et accompagné de l'hymne Amazing Grace, qu'Isabelle jette l'urne contenant les cendres de son défunt compagnon Jean-Philippe. Un moment intense, plein d'émotion. Elle réalise ainsi la dernière volonté de cet amoureux de la Bretagne et de la mer.
Là, il va reposer, là où il voulait. Il sera dans son élément.
Isabelle Pottier, compagne du défunt
Des roses lancées sur la mer pour terminer la petite cérémonie et c'est déjà le retour vers Locmiquélic où est basé le canot de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) du Pays de Lorient.
Près de 500 dispersions en 2020
Car si son credo est d'intervenir en mer pour sauver des vies, la SNSM peut également avoir un rôle à jouer auprès des morts. En effet, la SNSM reçoit de plus en plus de sollicitations pour des dispersions de cendres mortuaires en mer. Un "service", comme le précise Thierry Diméet, président de la SNSM du Pays de Lorient. Les sauveteurs de Lorient ont effectué une trentaine de dispersions de cendres depuis le début de l'année. Ils rendent volontiers cette prestation en demandant une contribution de 240 euros. Chacun est libre de donner plus s'il le souhaite. Le lieu est toujours le même, les Errants, un rocher qui sépare les deux chenaux de la rade de Lorient. Ce récif est lié à une légende sur une cité engloutie. Tout un symbole.
Chaque année, le nombre de sorties pour disperser des cendres augmente. En 2017, la SNSM en avait effectué 1348 au niveau national, 1490 en 2018, 1541 en 2019 et plus de 1200 en 2020, dont 485 rien qu'en Bretagne.
Que dit la législation pour la dispersion des cendres
Depuis plusieurs années, la crémation est de plus en plus sollicitée. Elle pourrait représenter 50 % des obsèques dans les années à venir. Cette tendance se trouve confrontée à une législation très précise, méconnue du grand public. En effet, une loi de décembre 2008 régit plusieurs obligations concernant les cendres funéraires. Il est par exemple interdit de conserver les cendres d’un défunt dans une urne cinéraire chez soi, la loi considérant que la place de ces urnes n’est pas chez les particuliers, mais dans un espace funéraire spécifique et aménagé comme les cimetières, columbariums ou jardins du souvenir.
De même, il est interdit de répandre les cendres dans un jardin public (ou sur la voie publique en général) ou privé.
Il est pourtant possible de disperser les cendres en pleine nature, dans ce qui est désigné comme "les espaces naturels non aménagés", ou lieux de pleine nature, définis comme grandes étendues accessibles au public, telles que des forêts, champs, haute montagne ou pleine mer. Pour les fleuves et rivières, la dispersion est interdite.
En mer, il y a des règles bien précises comme être à au moins 300 mètres des côtes pour disperser les cendres. L'immersion d'une urne entièrement biodégradable et sans inscription doit, elle, se faire à 3 miles du littoral, après déclaration auprès du maire de la commune de mouillage de départ du bateau.