Entre 2004 et 2023, la Bretagne a perdu près de 180 pharmacies. Les campagnes sont les plus touchées par ces fermetures. Comment expliquer que les officines disparaissent les unes après les autres ? Éléments de réponses.
En près de 20 ans, quelque 180 pharmacies ont disparu en Bretagne. Comme ici, à Plouray dans le Morbihan. L'officine, qui existait depuis 40 ans, a fermé ses portes après une liquidation judiciaire. Trouver un repreneur, pas si simple. D'autant que cette fermeture définitive est la conséquence directe du manque de médecins auquel la commune d'un peu plus de 1.000 habitants a dû faire face de 2015 à 2020. "C'est compliqué, relève Michel Morvant, maire de Plouray. Les gens sont allés chez le médecin ailleurs et ont acheté leurs médicaments là où ils allaient consulter. Ils ont pris des habitudes".
Désertification
La désertification médicale est une épine dans le pied de la ruralité qui peine à attirer des jeunes pharmacies. Les campagnes qui se vident, c'est le constat qu'opère Antoine Vialle, vice-président du syndicat des pharmaciens du Morbihan. "Il y a de moins en moins de commerces et les médecins ne viennent pas dans ces endroits prioritairement, explique-t-il. La conjonction des deux fait que les pharmacies sont devenues économiquement moins faciles à gérer dans ce contexte-là".
Reprendre une pharmacie à la campagne, c'est un challenge, comme le souligne Henri Prevost. Le pharmacien s'est installé à Glomel, dans les Côtes-d'Armor. "Au-delà du banquier, de l'emprunt et des responsabilités que l'on se met sur les épaules, c'est aussi se dire que l'on se lance tout seul, note-t-il. On n'a pas la possibilité d'avoir des grosses équipes, comme en ville, pour se relayer".
Difficile de se faire remplacer pour prendre des vacances, "et je ne vous parle des femmes pour leur congé maternité, sachant en plus que cette profession est féminine" relève Véronique Prié, vice-président du conseil de l'Ordre des pharmaciens de Bretagne.
10 regroupements en 2023
Face à cette situation, les pharmacies optent pour la fusion. Depuis le 1er janvier 2023, dix regroupements ont ainsi été réalisés sur le territoire breton. "C'est une solution qui nous donne un peu plus de liberté, analyse Julie Le Corre, pharmacienne à Ploeren dans le Morbihan. On reprend le personnel qui était dans l'autre pharmacie et ça pallie car c'est compliqué de trouver du personnel en ce moment".
La France souffre également d'un déficit de jeunes diplômés. Il manquerait 15.000 préparateurs et pharmaciens d'officine.
(Avec Yoann Etienne)