Pêche : le difficile renouvellement de la flotte

Le ministre de la Pêche en visite à Etel l’a bien rappelé : les aides directes au renouvellement de la flotte de pêche sont interdites, sauf pour les jeunes. Conséquences : la flotte vieillit et n’incite pas les jeunes à devenir patrons pêcheurs.

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Sur le quai du port de pêche de Kéroman , à Lorient, la nouvelle n’est pas passée inaperçue. Il y aura un chalutier flambant neuf à quai dans les prochaines semaines. Le fait est rare : cela n’était pas arrivé depuis 8 ans. Mais il reste exceptionnel. Peu de patrons pêcheurs, encore moins les jeunes, peuvent se l’offrir. Mais l’espoir d’un début de renouvellement dans la profession reste permis.

Damien a racheté le navire de son père il y a deux ans. Le chalutier a le même âge que lui : 30 ans. Si l’envie d’un acquérir un neuf ne manque pas, la possibilité reste mince. « Nous avons un projet à plusieurs de se regrouper pour faire baisser les prix, car chaque bateau en plus sur la commande, c’est 10 % de moins sur la facture » explique-t-il, « mais reste à savoir quand, car je dois encore payer celui-ci, j’ai des crédits sur le dos et je ne pourrai pas commander un bateau neuf tout de suite ».

Épineuse, cette question du renouvellement d’une flotte qui vieillit, avec 22 ans d’âge moyen, et des quotas de pêche liés au bateau, ce qui ne simplifie pas les choses. « Il faut relâcher la pression réglementaire qui pèse sur la flottille » résume Maurice Benoish, le président directeur général du Port de Pêche de Lorient, « afin de permettre d’adapter la flottille à la ressource disponible ».

Car en effet, Frédéric Le Délaizir le confirme, « ce n’est pas le poisson à pêcher qui manque, et il y a largement de quoi gagner sa vie à la pêche ». Ce patron d’un fileyeur s’inquiète du proche départ à la retraite de certains de ses matelots, mais regrette que les jeunes « hésitent, et lorsqu’ils voient nos contraintes et tout, ça ne les motive pas ».

Les aides directes sont interdites par l’Europe


Mais pour devenir patron pêcheur, et surtout le rester dans de bonnes conditions, la marche est haute. Un navire d’occasion se revendra 50 000 euros, lorsqu’une unité neuve coûte, elle, 2 millions.

À cette question des incitations, le secrétaire d’État à la pêche en visite à Etel, Alain Vidalies, n’a que peu de réponses. « Les aides directes sont interdites par l’Europe » explique-t-il, « sauf pour les jeunes pour qui nous avons des crédits ».

La solution, outre la question de la législation, passe par « un outil d’ingénierie financière subtil » à mettre en place avec la Région et les Comités des Pêches. Autant dire, pour l’instant, pas grand-chose à l’horizon.

Reportage: Stéphane Pasgrimaud/QUEYROUX Philippe. Intervenants: Damien Lefloch patron pêcheur d'un chalutier/Frédéric Le Délaizir patron pêcheur d'un fileyeur/Maurice Benoish Président directeur général du Port de Pêche de Lorient

 

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