Même si le comité régional du tourisme se veut rassurant, l'inquiétude grandit chez des professionnels bretons à quelques jours des vacances de la Toussaint. C'est en effet ce mardi une journée de mobilisation sociale avec une grève dans les transports, qui pourrait bien se prolonger, sans compter la pénurie de carburant et l'inflation, toujours bien présente.
Le secteur du tourisme tablait sur une belle arrière saison, mais à quelques jours des vacances de la Toussaint, le contexte social, avec des grèves, une crise de l'énergie, une inflation galopante pourrait bien remettre en cause leurs espoirs.
A Dinan, jolie ville médiévale des bords de Rance, à quelques encablures de la côte d'Emeraude, le co-directeur de l'hôtel Océan, Vincent Carro est anxieux : "C'est frustrant ! Les réservations ne sont pas là. Nous n'avons aucune visibilité sur les quinze jours de vacances, alors que l'hôtel devrait être quasi plein, grâce au départ de La Route du Rhum, le 6 novembre prochain." L'hôtel a reçu 50% de réservations au lieu des 75% habituelles à cette période. "C'est une catastrophe, poursuit l'hôtelier. Nous sommes inquiets, car les gens réservent de plus en plus au jour le jour. Nous espérons quand même que les touristes réserveront au dernier moment."
A la Toussaint : surtout des séjours en famille ou en résidence secondaire
Du côté du comité régional du Tourisme de Bretagne, on souligne également la difficulté "d'anticiper le comportement des voyageurs", mais le ton est plus serein et se veut rassurant :"Cela aurait pu freiner les réservations de dernière minute, mais si ça se débloque rapidement, l'effet sera moindre. Et même si la situation devait perdurer, l'impact sera mineur malgré tout" sur les hébergements marchands : à cette période la majorité des vacanciers sont des "clientèles de proximité" , pour des séjours en famille ou dans une résidence secondaire. "Les nuitées des vacances de la Toussaint ne représentent que 3 à 5% des nuitées de l'année", nous précise t-on encore. Et puis tout dépend aussi du positionnement du pont de la Toussaint dans la semaine.
Surfer sur la belle tendance de l'été avec le tourisme de proximité
Pour ce qui est du Morbihan, Arnaud Burel, directeur de l'Office de Tourisme de Vannes et du Golfe du Morbihan, préfère évoquer "une année de retour à la normale", avec des chiffres qui pourraient dépasser ceux de 2019. Et c'est vrai ajoute t-il que "pour les vacances d'automne, le Morbihan accueille plutôt une clientèle du Grand Ouest", en notant que "les Bretons, représentent plus de 20% de la clientèle annuelle en Bretagne". "Là où nous investissons, c'est dans le tourisme de proximité, même en été d'ailleurs, c'est une économie importante pour nous, indique encore le professionnel, les excursionnistes, qui viennent de leur domicile à la journée, pour de la randonnée, une excursion en mer, une balade à vélo, une sortie culturelle ou une journée shopping. C'est vrai que des hôteliers notent quelques annulations, mais aujourd'hui nous sommes beaucoup dans des vacances à la dernière minute. La clientèle attend le dernier moment, et parfois en fonction de la météo !" L'optimisme est donc de rigueur.
Et puis, dans le Finistère cette-fois, Sébastien Baussais, directeur général de Gîtes de France, lui aussi est plutôt assez confiant : "par rapport à l'année dernière, on est plutôt bien", dit-il.
Mais au-delà de ces craintes immédiates, les difficultés liées au fort regain d'inflation qui rogne le pouvoir d'achat des familles, font peser de lourdes inquiétudes sur le secteur touristique qui sort d'un été très favorable. Selon le spécialiste de la restauration NPD Group, un consommateur sur deux en France, en Allemagne et au Royaume-Uni anticipe une baisse de son niveau de vie dans les six mois.