L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing est mort à 94 ans des suites du Covid-19. De ces différents passages en Bretagne, ressort sa visite en février 1977 et son discours à Ploermel où il a lancé la Charte culturelle de Bretagne.
Alors que Valéry Giscard d'Estaing est évoqué au lendemain de sa mort ce mercredi 2 décembre comme un Président qui a modernisé la France avec l'instauration de la majorité de 21 à 18 ans, la dépénalisation de l'IVG ou encore l'instauration du divorce par consentement mutuel, en Bretagne il laisse aussi le souvenir de celui qui a lancé la Charte culturelle de Bretagne lors d'un discours à Ploërmel le 8 février 1977.
En ce mois de février 1977, le président de la République vient deux jours en Bretagne alors que la région est secouée depuis des années par des revendications d'indépendance. Deux attentats sont d'ailleurs commis dans la nuit du 5 et 6 février à Rennes et à Redon, en Ille-et-Vilaine, le seul des quatre départements bretons que le président ne visite pas. Des attentats revendiqués par le F.L.B.-A.R.B (Front de libération de la Bretagne - Armée républicaine bretonne).
Sa visite passe par Dinan, Roscoff, Saint-Guénolé, Quimper, Vannes, l'île d'Houat. Mais c'est à Ploërmel, le 8 février, que Valéry Giscard d'Estaing donne un discours attendu par une partie des Bretons.
Avec ce discours, c'est un virage de la politique de l'Etat à l'égard de la reconnaissance des langues et des cultures régionales. Valéry Giscard d'Estaingl annonce la création de chartes culturelles régionales et affirme que "l'unité française n'a aucune raison d'être l'uniformité française".
Vous les Bretons de tous âges du Pays Gallo ou du pays bretonnant, vous enrichissez par votre spécificité la vie nationale et vous devez être encouragés à le faire!
Suite à ce discours, une Charte culturelle de Bretagne fut signée le 4 octobre 1977, avant d'entrer en application le 1er janvier 1978.
Promouvoir la culture bretonne
Cette charte concerne les quatre départements bretons et la Loire-Atlantique. Signée entre les départements bretons, la région et l'Etat, elle a pour objectif de préserver et promouvoir la culture bretonne et ainsi permettre à la culture et aux langues régionales, le breton et le gallo, de sortir de la marginalité.
Elle a permis de donner de la visibilité à cette culture bretonne, à son patrimoine, tant architectural qu'immatériel. L'Etat a pu alors débloquer des subventions via deux institutions, le Conseil culturel de Bretagne et l'Institut culturel.
La charte a donné l'impulsion aussi pour la diffusion de la culture bretonne par l'élargissement de programmes télévisés régionaux, les heures de programmes en breton ont d'ailleurs doublé à cette date sur FR3.
De même, l'enseignement de la langue bretonne s'est développé suite à la charte, dans le public essentiellement par la création de filières bilingues, mais aussi indirectement pour le réseau associatif des écoles Diwan, mieux soutenu et mieux financé.