Dès lundi 8 novembre, jour de rentrée après les vacances de la Toussaint, le port du masque sera rétabli dans 39 départements métropolitains où le taux d’incidence est supérieur à 50 pour 100 000 habitants depuis plusieurs jours indique le Ministère de l’Education nationale. L’Ille et Vilaine, les Côtes d’Armor et le Morbihan sont concernés.
"Dès lors que la situation se dégrade, nous devons réactiver un certain nombre de mesures, en l’espèce, revenir au niveau 2 du protocole sanitaire de l’Éducation nationale", a justifié ce mercredi 3 novembre Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement. "Dans vingt-deux départements où le taux d’incidence était resté supérieur à cinquante, le port du masque n’a jamais été abandonné."
Emmanuelle Maray, la secrétaire départementale du syndicat SNUIPP-FSU 35 précise d’emblée, "on n’a pas le choix, face à cette maladie, il faut faire preuve de prudence."
Mais l’enseignante s’inquiète. "C’est une mauvaise nouvelle, après 15 jours de liberté sans masque, le retour en arrière sera très difficile à appliquer. A la fin du mois de septembre, on avait appelé à la plus grande prudence, il aurait mieux valu attendre avant d’enlever le masque. Parce qu’une fois qu’il est tombé, il sera compliqué de le revoir apparaître sur les visages des élèves."
"Le 11 octobre, se rappelle –t-elle, quand les enfants ont pu les retirer, on a vécu un moment de bonheur. Ca transpirait sur les visages des enfants, on voyait des sourires sur toutes les bouches. Comment va-t-on faire lundi ? Il va falloir de nouveau contraindre : 'pense à ton masque, il est où ton masque, mets bien ton masque sur ton nez !!!' "
Le retour d'une contrainte
Les enseignants s’attendent à revivre tous les tracas avec les parents : "Nous ne sommes pas encore rentrés de vacances et il faut déjà penser à l’accueil au portail lundi matin. Ils savent qu’il va falloir être très pédagogues et sans doute équipé de boites de masques. Certaines familles ont parfois été très agressives. Des directeurs ont reçu des lettres anonymes, d’autres ont été interpellés : pourquoi vous faites ça ? Vous êtes des soldats de l’état ! "
"Et pour les petits, se soucie Emmanuelle Maray, il va falloir gérer les oublis de masques. Quand on part le matin, nous sommes tous souvent en retard. Les familles avaient pris l’habitude de glisser des masques dans les cartables, mais en quelques jours, la pratique a disparu et c’est normal. Les enfants vont arriver au portail sans le précieux masque et vont se retrouver en situation de stress."
La fin de certaines libertés
"Outre le rétablissement du port du masque en intérieur pour les élèves des écoles élémentaires dès lundi 8 novembre 2021, le niveau 2 du protocole prévoit des mesures de protection renforcées, notamment la limitation des brassages par niveau et le respect d’une distanciation physique adaptée pour les activités physiques et sportives mises en œuvre le plus rapidement possible "précise le ministère de l’éducation dans un communiqué.
La secrétaire départementale du syndicat SNUIPP-FSU 35 pousse un soupir. "On avait recommencé à brasser les élèves, dans les classes, les CM2 allaient lire des histoires aux grandes sections, les CM1 de deux classes se retrouvaient pour un projet commun ; et à la cantine, les enfants pouvaient à nouveau manger avec leurs copains et après 15 jours, c’est déjà fini ! " Les professeurs des écoles avaient aussi recommencé à organiser des sorties scolaires, des séances de piscine etc… et tout cela, sans mauvais jeu de mot, ça tombe à l’eau !
Le grand ménage reprend aussi
La désinfection des classes et des locaux sera de nouveau obligatoire dès lundi 8 novembre. "Ca va être un casse-tête pour les municipalités de tout réorganiser cela pendant les vacances "s’inquiète l’institutrice.
La plupart des écoles n’ont toujours pas de capteur de CO2 dans les classes qui pourraient indiquer à quel moment il est important d’aérer. Les tests Covid-19 ne sont pas non plus arrivés dans les écoles.
Le yoyo, un jeu dangereux !
"J'espère qu'on ne va pas trop faire le yoyo. Je pose le masque, je le remets, je le repose...parce qu'on va tous se perdre" termine l'enseignante.
Ces jours ci, en Ille et Vilaine, le taux d'incidence est de 72 pour 100 000 habitants, il est de 55 pour 100 000 habitants dans le Morbihan. "Si la semaine prochaine, le taux d'incidence redescend en dessous des 50, on réenlève la masque, si celle d'après, il est à 54, on le remet etc etc ??? " questionne Magalie Icher, la présidente de le FCPE 35. " Il faut un seuil, conçoit-elle, mais pas aussi ferme et aussi brutal. Certains enfants n'ont vécu qu'une semaine sans masque, ils le disent, ça les gène, ils respirent mal. Tous les spécialistes nous disent que ce qui est important, c'est le respect des gestes barrières, à l'école, ils sont respectés ! "
Emmanuelle Maray sera au portail lundi matin, avec un grand sourire derrière son masque pour montrer toute sa joie de retrouver ses élèves. Mais avec aussi sans doute une petite boule d’appréhension dans la gorge à cause de ce retour du masque !