Témoignage. Dépakine : "Je ne peux pas pardonner. Jamais je ne pardonnerai."

Deux des enfants de Jean-Pierre sont handicapés. Ses petites-filles ont, elles aussi, des troubles du comportement. Il y a un an, ils ont enfin pu désigner la cause de leur souffrance : la Dépakine.

C'est Le Canard enchaîné qui a révélé l'affaire. Selon le journal, l'antiépileptique a été prescrit à plus de 10 000 femmes entre 2007 et 2014 alors que les dangers pour les enfants à naître étaient déjà connus.

À Inzinzac-Lochrist (56), les deux enfants de Jean-Pierre Latouche ont été affectés par la prise de ce médicament par leur mère. L'un d'eux, "Franck, a marché à 4 ans et demi", constate-t-il.

Les malformations, "ce n'est pas la fatalité. C'est la Dépakine"

Au départ, Jean-Pierre n'a jamais soupçonné le médicament : "On disait 'c'est comme ça, c'est la fatalité'". Mais il y a un an, lorsque le scandale a éclaté, la famille a compris que le hasard n'y était pour rien. "À ce moment-là, on a compris que ce n'était pas la fatalité, mais uniquement la Dépakine", raconte-t-il, amer. "Je comprends de suite pourquoi mon frère a marché si tard, pourquoi il a été opéré à cœur ouvert."

Marie Lemesle, la sœur de Franck, a deux filles qui présentent des troubles du comportement. Elle comprend rapidement que les malformations ont "sauté une génération. mon sang est contaminé. Toutes les personnes touchées par la Dépakine ont leur sang contaminé".

"Je ne suis pas triste, mais je suis en colère"

Aujourd'hui, la famille est en colère. Ils tiennent le laboratoire Sanofi, qui commercialise ce médicament, pour responsable de ce scandale. "Je ne suis pas triste d'être malformée. Je suis née comme ça", se résigne-t-elle. "Mais je suis en colère contre Sanofi : cela fait 50 ans qu'ils commercialisent ce médicament et qu'ils ne disent rien, alors qu'ils savent", s'indigne-t-elle. "Je ne peux pas pardonner. Jamais je ne pardonnerai. Ma maman est décédée d'un cancer. [...] C'est Sanofi, c'est ce médicament"", conclut-elle.

De son côté, Jean-Pierre attend que le laboratoire "reconnaisse qu'ils auraient dû le dire. Ça aurait été un grand pas."

Un an après, les souffrances de la famille n'ont toujours pas cicatrisé. "Aujourd'hui, on vit Dépakine. Tous les jours, on en apprend".

Reportage : S. Salliou / N. Dalaudier / D. Lefebvre
Jean-Pierre a deux de ses enfants handicapés. Ses petites-filles ont, elles aussi, des troubles du comportement. Il y a un an, ils ont enfin pu désigner la cause de leur souffrance : la Dépakine. Reportage : S. Salliou / N. Dalaudier / D. Lefebvre Interviews : - Franck Latouche, fils de Jean-Pierre ; - Marie Lemesle, sœur de Franck et mère de Jade et de Lola ; - Hubert Journel, médecin généticien-hôpital de Vannes ; - Jean-Pierre Latouche, père de Franck et grand-père de Jade et de Lola.


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