Plus d'une cinquantaine de bateaux de pêche français, dont au moins 5 navires malouins, se sont réunis jeudi matin devant Saint-Hélier, la capitale de l'île anglo-normande de Jersey. Ils protestent contre les conditions de pêche imposées aux marins français après le Brexit.
Entre 50 et 60 bateaux naviguaient dès 7h ce matin dans le calme, devant le port de Saint-Hélier. Au moins 5 bateaux malouins participent à ce mouvement de protestation contre les conditions de pêche accordées aux équipages français, par les autorités anglo-normandes.
Des bateaux sont partis de partout, de Bretagne, de Normandie", a expliqué à l'AFP Romain Davodet, pêcheur de Carteret (Manche).
"C'est même incroyable d'avoir réussi à réunir tout ce monde-là", s'est réjoui Camille Lécureuil, venu lui aussi de Carteret, évoquant "au moins 70 bateaux".
La préfecture maritime de l'Atlantique a dépêché sur place deux patrouilleurs côtiers, l'Athos et le Themis.
Côté anglais, deux navires de la Royal Navy, le HMS Tamar et le HMS Severn, patrouillent à proximité.
Pas de blocage du port de Saint-Hélier
Un bateau de fret, souhaitait sortir du port de Saint-Hélier, ce matin. Des bateaux français sétaient introduit à l'intérieur et l'en empêchaient.
Au bout d'une demi-heure, les marins français ont finalement décidé de se retirer du port, pour éviter l'escalade du conflit.
Une délégation de pêcheurs est partie en Zodiac sur Jersey, pour négocier avec les autorités locales.
Un coup d'éclat
"C'est un mouvement pacifique, il n'y a pas lieu que ça dégénère", a-t-il précisé, indiquant que les pêcheurs devaient rentrer en France en début d'après-midi.
"On a des soutiens de Jersey. Trois bateaux de pêche de Jersey sont venus nous soutenir", a aussi souligné M. Lécureuil.
Mercredi, le président du comité régional des pêches de Normandie Dimitri Rogoff avait assuré qu'il ne s'agissait pas de bloquer Saint-Hélier mais de "marquer le coup".
Il n'est pas question de passer à l'assaut (...) Le but du jeu c'est de se montrer, de faire voir que les pêcheurs sont déterminés, d'appuyer ce qui a été réclamé et puis les propos de la ministre aussi, des propos assez virulents quand même
Mardi, la ministre française de la Mer, Annick Girardin, a affirmé que la France était prête à recourir à des "mesures de rétorsion" si les autorités britanniques continuaient à restreindre l'accès des pêcheurs français aux eaux de Jersey.
Devant l'Assemblée nationale, elle a fait allusion à des répercussions éventuelles sur le "transport d'électricité par câble sous-marin" qui alimente l'île depuis la France.
Nous sommes aux côtés des pêcheurs ?? dépendant d'un accès aux eaux britanniques. Nos voisins imposent des critères n'appartenant pas à l'accord post-#Brexit. Le droit est formel, les conventions doivent être respectées. Nous veillerons à ce que l'accord signé fin 2020 le soit. pic.twitter.com/vVoEW6duO3
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) May 4, 2021
Selon Paris, le Royaume-Uni a publié vendredi une liste de 41 navires français, sur 344 demandes, autorisés à pêcher dans les eaux de Jersey, mais cette liste s'accompagne de nouvelles exigences "qui n'ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant" dans le cadre de l'accord sur le Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles, en vigueur depuis le 1er janvier dernier.