Adresse, concentration, patience mais aussi souplesse dans le geste et dans les jambes, c'est toutes les qualités requises pour disputer une partie de boule de fort qui se joue en 10 points et qui peut durer entre une et trois heures. 

La boule de fort est crée en 2004 dans le Blaisois à l'initiative de Gérald Biremont, saumurois d'origine, qui s'était donné pour objectif de faire connaître ce jeu en terre Loir-et-Chérienne. Le Liger Club de Blois est le plus à l'est de la région, à 60 km après Vouvray. Aujourd'hui, l'association compte une centaine de sociétaires dont une vingtaine de femmes au 27 bis rue des Ponts-Chartrains à Blois.


De nombreuses histoires racontent la naissance de la boule de fort, parfois pleines de contradictions mais chacune avec leur part de vérité.
Peut-être que l'introduction de la boule de fort viendrait des Plantagenêts au cours de la construction de la levée de la Loire vers 1170 quand les forçats, chargés des travaux, jouaient avec leur boulet, ou des Grognards espagnol de Napoléon jouant avec des boulets de canon, peut-être encore des meuniers et des billes de bois des moulins... La version la plus répandue parle des mariniers de la Loire qui auraient pris l'habitude de jouer au fond de leurs embarcations. Toujours est-il que la boule de fort est un jeu typiquement local, qui se pratique essentiellement dans l'Anjou et l'ouest de l' Indre-et-Loire depuis le début du XIXème siècle. En 1907 les joueurs se sont regroupés pour créer la Fédération des Sociétés de Joueurs de Boule de Fort de la région Ouest. Aujourd’hui, ce jeu traditionnel des Pays de la Loire est classé dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français par le ministère de la Culture.

La boule

Plus large qu' épaisse, elle est composée de deux parties de bois chevillées et cerclées de fer. D’équilibre instable car formée par un côté légèrement évidé en son centre, donc plus léger et d’un côté renforcé de plomb ou d’une vis incrustée dans le bois, elle offre un centre de gravité légèrement décalé (côté fort, d'où le nom du jeu). De 13 centimètres de diamètre, elle pèse 1,3kg et le maître (cochonnet) 300g.

Le terrain

Autrefois, les terrains en forme de gouttière et particulièrement grands (30 m de long sur 7 de large) avec les bords relevés de trente à quarante centimètres étaient en terre tamisée et battue. Situés en plein air ils se dégradaient rapidement. Désormais, ils sont pour la majorité couverts et fabriqués en matières synthétiques sur une longueur de 18 à 24 m pour une largeur de 5 à 6 m. Le port des chaussons reste obligatoire pour ne pas abîmer le terrain.  

Les règles

Les parties de boules se jouent entre équipe de 2 ou 3 joueurs disposant de 2 boules chacun. Le jeu se joue par équipe, chaque joueur ayant deux boules. Le principe est de placer les boules le plus près possible du maître. On ne doit pas jeter les boules, mais les faire rouler en ayant pris soin, avant chaque départ, de frotter ses boules avec un chiffon afin d’éviter toutes poussières qui pourraient les faire dévier de leur course. Suivant la piste, elle peut parfois mettre 50 secondes avant d’atteindre son but. Les points sont inscrits sur un compte-points, semblable à deux horloges. L’équipe gagnante est celle qui a marquée 10 points la première. Dans une compétition, la finale se joue en 12 points.

La tradition

A la fin de la partie, la coutume veut que le gagnant paie un verre et si le perdant n'a marqué aucun point, il doit aller « biser le cul de la Fanny », représentation d’une femme montrant ses fesses (photo, peinture, sculpture).

Les femmes 

Autrefois, les femmes étaient interdites de jouer, Cependant depuis les années 1970, certaines sociétés de jeu de boule de fort acceptent leur présence. Il existe même des challenges mixtes.

>>> voir le reportage de Benoit Bruère et Amélie Rigodanzo
Les intervenants : 
- Patrick Berthe, président de la Boule de Fort du Blaisois.
- Jean-Louis Billy, professeur de Boule de Fort.

« Dans toute la vallée [de la Loire], la boule franche, la simple boule de bois plein est dédaignée. On ne se sert que de la boule de fort, cerclée de fer, chargée de fer sur un de ses méplats, une boule de calculateurs, faite pour décrire des courbes et qu'on lance sur un terrain concave, sablé, roulé, de pentes égales au deux bords, pareil à un plumier de marbre. Vous n'apprécierez jamais, à moins d'en avoir fait une étude, ni les beaux coups, ni les attitudes, ni les artistes qu'on peut contempler là. »
Description du jeu en 1923 par René Bazin

Petit lexique
Bauge : tiges de métal de différentes tailles permettant de mesurer la distance entre le maître et les boules en cas de doute lors de l’attribution des points.

Fanny : (de l’anglais « fanny », « cul, fesses ». A la fin d’une partie, si les perdants n’ont pas marqué de points, ils se doivent de respecter la coutume qui consiste à « biser le cul de Fanny », représentation coquine d’une femme dévoilant ses fesses. Vue d’un mauvais œil par le clergé, Fanny a été cachée derrière un rideau. Elle était la seule femme autorisée au jeu de boule. On dit aussi « aller à Brion ».

Fort : côté le plus bombé et le plus lourd d’une boule de fort.

Maître : boule qu’on lance ou qu’on place le premier pour servir de but. (équivalent du cochonnet à la pétanque).
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