Pour la première fois en France, les dates du ramadan (9 juillet / 8 août) sont connues à l'avance. Le Conseil français du culte musulman a rompu avec son habitude d'annoncer les dates du jeûne à la dernière minute, en observant la lune. Ils adoptent cette fois une règle de calcul astronomique.
Pendant le ramadan, qui dure entre 29 et 30 jours, tout croyant doit s'abstenir de s'alimenter, de boire et d'avoir des relations sexuelles, du lever au coucher du soleil. En 2009, environ 70% des musulmans de France (estimés à 3,5 millions de personnes), déclaraient observer le jeûne du ramadan, contre 60% il y a 20 ans, selon un sondage Ifop.
Le ramadan, c'est quand ?
Cette année, il commencera le 9 juillet. La fête de l'Aïd el-Fitr, qui conclut le ramadan, aura lieu le 8 août, a précisé le Conseil français du culte musulman (CFCM). Les principales composantes du conseil ont signé une "résolution sur l'adoption d'un calendrier lunaire basé sur le calcul astronomique" lors d'un colloque qui s'est déroulé à Bagnolet, en Seine-Saint-Denis.Un système de calcul déjà utilisé en Turquie et au Brunei notamment
Au début de chaque année hégirienne (le 4 novembre pour 2013), cette instance représentative du culte musulman utilisera ces règles de calcul pour fixer les dates des grandes fêtes religieuses de l'année à venir. Plusieurs communautés de croyants procèdent déjà ainsi en Turquie, au Liban, en Libye, au Brunei, en Malaisie, selon Mohammed Moussaoui, président du CFCM qui a vanté les avantages de cette "révolution": "la prévision, l'organisation et la planification".Le but : simplifier la vie professionnelle des fidèles
Les salariés musulmans pourront plus facilement demander des jours de congés à leurs employeurs. Les établissements scolaires pourront prendre les fêtes musulmanes en compte pour fixer les calendriers d'examens. Les abattoirs pourront mieux organiser leur activité.Le changement de détermination du calendrier lunaire a été l'un des premiers chantiers du CFCM rénové après une réforme de ses statuts, en février, qui a ramené dans l'instance toutes les composantes de l'islam de France. "C'est une bonne chose. Il faut évoluer un peu. A partir du moment où nous avons les moyens techniques de fixer les horaires, il n'y a pas de raison de ne pas évoluer", explique Mohamed Meniri, président de l'association Islam pour tous. Il gère la mosquée de Bondy en Seine-Saint-Denis.
"C'est exactement comme les horaires des prières (...): les gens ne regardent plus le soleil mais leurs montres et ça nous arrange très bien", ajoute-t-il.
La nuit du doute
Selon la tradition, c'est l'observation à l'oeil nu de la nouvelle lune qui signale le début du mois de ramadan. Comme le premier croissant n'est pas toujours visible partout et au même moment, le jeûne commence souvent avec un jour d'intervalle suivant le pays où l'on se trouve. Longtemps les musulmans de France ont suivi le calendrier de leur pays d'origine. Puis le CFCM a instauré son propre arbitrage afin de "préserver l'unité des musulmans de France", mais tous les fidèles ne suivaient pas sa décision.Il n'est pas sûr que la date fixée jeudi soit plus respectée. "Il va falloir convaincre nos frères en France de suivre ce calendrier", a ainsi déclaré Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie.
D'autant qu'une certaine nostalgie des "nuits du doute", qui précédaient la détermination du début du ramadan, pointait dans la communauté. "Il y a un certain charme de ne pas savoir jusqu'à la veille", estime ainsi M'hammed Henniche, secrétaire général de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis.
La date du ramadan ainsi calculée sera-t-elle suivi par tous ?
Selon M'hammed Henniche, cette réforme "n'est pas une demande des musulmans mais de l'administration". Elle risque donc d'être "très mal perçue parce que les gens aiment cette tradition". Ahmet Ogras, président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), a reconnu que le gouvernement pouvait souhaiter la réforme. "Mais cela n'empêche pas qu'elle était attendue par les musulmans", a-t-il assuré.