Une dernière messe était célébrée hier soir en l’église St Eloi de Vierzon (Cher). 300 fidèles sont venus dire au revoir à cet édifice qui, après de nombreuses polémiques, sera racheté par la Ville le 19 juillet.
Il fallait se serrer sur les bancs de l’église St Eloi. Habituée à accueillir une trentaine de fidèles une fois par mois, la chapelle des quartiers nord de Vierzon a fait face à une grande affluence pour sa dernière messe. Près de trois cents fidèles venus de toute l’agglomération ont assisté à la cérémonie.
Une célébration traditionnelle, légèrement modifiée pour l’occasion
Un diaporama de photographies a été projeté en début de messe pour retracer la courte histoire de cet édifice des années 50. Un moment très émouvant pour certains paroissiens qui fréquentaient ce lieu depuis sa construction et qui l’ont fait vivre pendant près de 60 ans.
Vers 20h30, la messe s’est achevée par la désacralisation de l’église, un acte appelé « exécration ». L’autel a été déplacé et les objets liturgiques retirés. Dès lundi, St Eloi va être vidée de son mobilier et sa croix ainsi que sa cloche seront démontées. La paroisse envisage de répartir tout ce qui sera enlevé de la chapelle dans ses quatre autres églises vierzonnaises.
La fin des polémiques
Face aux difficultés financières du diocèse, l’église St Eloi a été mise en vente à l’automne 2012, après consultation des paroissiens. Plusieurs agences immobilières avaient alors été mandatées pour trouver un acquéreur. Le bien avait été estimé à 170 000€.
Un prix qui a d’emblée attiré de nombreux acheteurs potentiels : des gérants de pompes funèbres, des entrepreneurs, des communautés religieuses et notamment celle des musulmans de Vierzon. L’intérêt de ces derniers pour l’édifice déclenche alors de nombreuses réactions hostiles sur les réseaux sociaux et provoque un grand emballement médiatique. Si bien qu’en décembre, le diocèse de Bourges choisit de signer un compromis de vente avec la confrérie des Charitables de St Eloi, une association dite non-confessionnelle.
Mais faute d’argent, cette association du nord de la France demande un délai de six mois pour réunir les fonds nécessaires à l’achat de l’église. Sur Internet, son appel aux dons mentionne un message plutôt radical « Non à une mosquée ».Face à cette situation et pour prévenir d’éventuelles tensions entre communautés religieuses, la ville de Vierzon décide alors de casser la vente et d’exercer son droit de préemption.
Aujourd’hui à Vierzon, personne ne sait quel usage sera fait de l’église St Eloi à la rentrée prochaine. Depuis hier, elle est en tous cas redevenue un simple bâtiment public.
Reportage d'Eloïse Bruzat et Nicolas Metauer.