Festival de Loire : les gondoles de Venise naviguent à Orléans

Elles sont mythiques et elles naviguent sur la Loire depuis mercredi matin. Les gondoles de Venise sont à Orléans pour de spectaculaires démonstrations de navigation.

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Elles ont quitté leur Venise natale pour se rendre cette semaine à Orléans: les célèbres gondoles naviguent depuis ce matin sur la Loire. Pas tout à fait leur élément habituel. D'ailleurs, les gondoliers doivent reprendre leurs marques. "Nous sommes habitués aux courants de la lagune de Venise," raconte Erla Zwingle, une Américaine qui navigue avec son mari italien et un coéquipier, tous experts en navigation sur gondole. "Il faut apprendre à maîtriser les courants du fleuve", raconte-t-elle, tandis que son mari, Lino Farnea, à la manoeuvre, tente d'éviter une autre gondole qui s'est laissée surprendre par la force du fleuve. Mais les deux pilotes maîtrisent leur embarcation et les deux gondoles poursuivent leur route, sans incident.

Erla et Lino font partie de l'association Arzana, qui signifie "arsenal" en vénitien, une structure culturelle dont l'objet est la préservation du patrimoine culturel fluviale de Venise. Tous les deux aiment ce genre de rendez-vous. "C'est la culture populaire de chaque région que l'on découvre ici", s'enthousiasme Lino. "Quand vous regardez tous ces bateaux, vous savez facilement s'ils servaient à la pêche, au commerce, à faire traverser des gens ou si ce sont de simples bateaux de loisirs". Fin août, ils étaient aux Rendez-vous de l'Erdre à Nantes, une autre manifestation qu'ils affectionnent particulièrement. D'autant plus qu'il "y en a peu en Europe", souligne Lino.

Ramer à la manière d'un gondolier

A bord de la gondole, on observe les rameurs, debout, et on est surpris par les mouvements d'avant en arrière qu'ils font avec leurs torses. "C'est ce qui fait avancer la gondole," nous explique Erla. "Celui qui est à l'arrière, c'est celui qui manoeuvre. Celui qui est à l'avant donne le rythme aux autres qui eux, amènent la force, l'énergie." Les rames sont posées sur un appui en bois que les vénitiens nomment "forcola" (béquille), un objet sculpté dont la forme permet de faciliter les mouvements du gondoliers, et donc la navigation. "Si c'est positionné comme il faut, vous allez vous sentir invincible!", raconte-t-elle, forte de son expérience. "La technique de rame à la vénitienne a ceci de formidable qu'elle a été adaptée à la lagune de Venise, à la navigation en eau peu profonde et a évolué au fil des années. En tant que technique, ce n'est absolument pas fatigant et c'est important quand on sait que l'on se servait de la gondole au quotidien." Erla a appris sur le tard et nous rassure que "ce n'est pas compliqué de ramer à la vénitienne. Mais il faut du temps pour bien le faire," assure-t-elle. Et on veut bien la croire...

Au fil de l'eau, la ville se dévoile

Tandis qu'il navigue, Lino observe le paysage. "La vue est tout simplement splendide..." confie-t-il, presque silencieux, conquis par la vision de tous ces bateaux navigant les uns à côté des autres, se croisant sur le fleuve où se saluant depuis le quai du Châtelet. Une rencontre entre les traditions fluviales de différentes régions de France et d'Europe aussi, qui lui offre l'une de ces visions que l'on a parfois lorsque l'on se laisse surprendre par un lieu et qu'il nous révèle sa beauté cachée. D'ailleurs, question beauté, on imagine nos visiteurs italiens peut-être un peu blasés, puisqu'ils viennent de l'une des plus belles villes d'Europe, leur splendide Venise. Erla se tourne alors vers nous et nous confie cette histoire qu'elle vécut le soir du passage à l'an 2000. On tend l'oreille et soudainement la Loire se fait canal vénitien... Elle et son mari venaient d'assister au feu d'artifice - "spectaculaire" - sur une place Saint-Marc noire de monde. Pour éviter la foule au retour, ils empruntent un petit canal caché, éloigné des principaux axes fluviaux. "Plus on avançait, plus la rumeur de la foule s'estompait", se souvient-elle. "Et puis, tout est devenu calme. On passait devant les palais silencieux et là, j'ai vu la ville comme je ne l'avais jamais vue. J'ai eu la sensation qu'elle levait un voile sur notre passage. Elle nous a permis de l'admirer d'une manière complètement inédite. On ne cherchait rien mais on a vu sa face cachée, la ville dans toute son intimité. Et bien sûr, lorsque l'on a rejoint le grand canal, le voile est retombé, on était revenu à la réalité. C'était également très beau, mais c'était réel." Maintenant, elle sait que "de jour, on voit certes tous les beaux palais vénitiens, mais Venise reste cachée derrière son voile." Parfois, lorsque ce genre de moments - rares - se produisent, le temps d'une navigation au fil du fleuve, on se prend à rêver que nos amis italiens ont amené avec eux dans leurs gondoles quelques-unes de ces visions féeriques qui font les souvenirs uniques.
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