Les professions libérales, en particulier les pharmaciens, protestent ce mardi contre un projet de réforme du gouvernement. Dans la rue avec eux : le personnel des laboratoires d’analyse, les huissiers, les notaires ou encore les avocats etc.
Les pharmaciens défilent, ce mardi, dans de nombreuses villes de France et de la région. Les rideaux de fer de leurs pharmacies sont majoritairement baissés en signe de protestation. Seules les officines réquisitionnées pour assurer la permanence des soins, comme la loi l'autorise, sont ouvertes toute la journée. Chaque Agence régionale de santé a mis en ligne sur son site une liste des officines de garde pour cette journée de mardi.
A Blois, 300 personnes ont défilé dans les rues dont des représentants de l'ordre des pharmaciens.
L'Union nationale des professions libérales (UNAPL), qui a appelé à une "journée sans professionnels libéraux", l’avait prédit " la participation est très forte". En effet, le mouvement de protestation est très largement suivi. Pour exemple, dans le Loiret 200 pharmacies ont porte close ce mardi. Elles sont 100 dans le Cher, 110 dans le Loir-et-Cher. Et dans l’Eure-et-Loir, ce sont 119 officines du département sur les 120 qui sont fermées.
Pourquoi cette grève?
Les pharmaciens dénoncent les menaces qui pèsent sur leur avenir. Le nœud du problème est le projet de loi " croissance et pouvoir d’achat " qui vise à réformer certaines professions libérales. Ils dénoncent la remise en cause du monopole de la délivrance des médicaments, au profit, notamment, pour ceux sans ordonnance, des grandes surfaces.
Le gouvernement prévoit également l'ouverture du capital, à des investisseurs extérieurs, de toutes les sociétés d'exercice libéral (SEL). Or, plus de 7.000 des 22.000 officines de l'Hexagone ont adopté ce statut.
Autres perspectives abordées par le projet de loi : le numerus clausus des étudiants et celui lié à l’installation des pharmacies. C’est ce dernier point qui inquiète le plus les professionnels qui craignent qu’on ne trouve plus, comme aujourd’hui, une pharmacie même dans les secteurs ruraux. En France, on trouve toujours une pharmacie de proximité, dès lors qu’il y a 3 000 habitants dans un secteur.
Une grève massive des professions libérales
Ce mouvement de contestation rassemble, ce mardi, l’ensemble des professions réglementées. Les pharmaciens, les dentistes mais aussi les laboratoires d’analyses, les études notariales ou encore les cabinets d’architecte. La grande majorité a fermé ses bureaux, ce mardi, en signe de protestation.
Les dentistes, par exemple, ont aussi largement suivi le mouvement de grève. Dans l’Indre-et-Loire, plus de 70% des cabinets dentaires sont en grève. Les architectes de Bourges, se réunissent mardi après-midi pour faire des propositions et présenter un manifeste afin de défendre leur profession.
Pharmaciens, huissiers, notaires et maintenant... les avocats
Ce mardi, les avocats aussi se rassemblent dans de nombreuses villes de la région. Ce matin, ils étaient environ 80 à se regrouper devant le Palais de Justice de Bourges.
Les robes noires se disent " très en colère " au regard des nouvelles dispositions qui pourraient prochainement entrer en vigueur. Les avocats s’inquiètent d’une éventuelle déréglementation de leur profession notamment l’entrée au capital des cabinets d’actionnaires qui ne seraient pas des avocats. Certains expliquent : " Le capital de nos sociétés d'avocats pourrait s'ouvrir à des tiers, ce qui laisse la porte ouverte à bien des dérapages, comme l'arrivée de fonds de pension américains ". Autre source d’inquiétude, la possibilité pour un avocat d’exercer au sein d’une entreprise. C’est l’une des mesures envisagées aujourd’hui par le gouvernement. Pour eux " c'est contraire à l'éthique de la profession, car, un avocat doit rester indépendant ".
Les avocats du barreau de Blois sont également très mobilisés. Tous les dossiers prévus à l'audience correctionnelle de ce mardi ont été renvoyés, même chose pour les référés au tribunal de grande instance.
►► Le mouvement des dentistes, avocats, architectes par David Jouillat et Céline Girardeau