La famille de Bertrand Nzohabonayo, tué par des policiers qu'il avait agressés au couteau à Joué-lès-Tours, souhaite que les utorités produisent des "éléments objectifs", pour étayer l'accusation d'un acte de nature terroriste, a indiqué lundi son avocat.
Des sources proches de l'enquête avaient indiqué que Bertrand Nzohabonayo, 20 ans, converti à l'islam, qui n'était pas fiché par les services spécialisés, avait crié "Allah akbar" (Dieu est le plus grand) en portant les coups de couteau. Il avait blessé grièvement deux policiers le 20 décembre au commissariat de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire).
La version des forces de l'ordre remise en question par des témoins
La thèse d'un acte commis au nom de l'islam radical étant privilégiée, la section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. Des habitants de Joué-lès-Tours ont toutefois émis des doutes sur cette thèse. "Face aux versions données par plusieurs témoins, dont un à visage découvert, qui contredisent la version policière, la famille est légitime à poser des questions, elle a le droit de connaître la vérité sur les circonstances exactes de la mort" du jeune homme, a déclaré lundi l'avocat de la famille, Me Jérémie Assous. Il évoque notamment le témoignaged'un homme qui dit avoir entendu l'agresseur des policiers crier "Ah", sans faire état de cri à connotation religieuse.Les autorités peuvent-elles "confirmer qu'il existe des éléments objectifs accréditant la version policière ?", s'interroge Me Assous qui, relevant la proximité de commerces des lieux du drame, souhaite que soient produites des images de vidéosurveillance. "Comment Bertrand Nzohabonayo a-t-il approché le commissariat? Etait-il seul, ce qui irait dans le sens de la version policière", d'une volonté d'agresser des policiers ?, demande Me Assous. "S'il était au contraire escorté par des policiers, cela l'infirmerait."
Le parquet de Paris accrédite le récit des policiers
"Aucun élément ou témoignage recueilli à ce jour au cours de l'enquête, ne permet de remettre en cause la version des faits telle qu'elle résulte, non seulement des déclarations des fonctionnaires de police victimes, mais encore de celles de témoins tiers qui étaient présents dans le commissariat ou sur la voie publique", a réagi lundi soir le parquet de Paris. Sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait auparavant dit n'avoir "aucune raison de remettre en cause le récit" des policiers.Les enquêteurs ont relevé que l'agresseur des policiers avait affiché un drapeau de l'organisation de l'Etat islamique sur sa page Facebook. Selon Me Assous, ce drapeau est "le seul élément objectif produit par le procureur de Paris François Molins et Bernard Cazeneuve pour faire état de sa radicalisation religieuse". "Sauf qu'à côté, il y a écrit Not In my name (ndlr: pas en mon nom). Ce serait donc un élément à décharge...", estime l'avocat.