L'association SOS Préma, qui possède des antennes à Chartres et à Tours, s'est réjouie du décret du 1er juillet qui permet aux pères d'enfants prématurés d'avoir jusqu'à trente jours de congés supplémentaires en cas d'hospitalisation de l'enfant à la naissance. Parmi ces pères, Vincent.
"La science nous a bien aidés." Vincent Desdoit s'est réjoui, comme bon nombre de pères d’enfants prématurés, de l'allongement du congé paternité de 30 jours en cas d’hospitalisation d'un nouveau-né prématuré, qui s'ajoutent aux 11 et 3 jours déjà prévus.Il a la double casquette : père d'un enfant né prématuré, aujourd'hui âgé de 10 ans, et membre actif de SOS Préma, qui a pour objectif de donner à de tels enfants les meilleures chances de grandir. Il s'occupe de la formation des soignants et fait partie du bureau de l'association. SOS Préma se décline en 53 antennes locales, dont deux en Centre-Val de Loire, à Chartres et à Tours.
"Le ministère de la Santé, une oreille attentive"
"C'est un travail qu'on mène depuis longtemps. On a trouvé une oreille attentive avec le ministère de la Santé", commente t-il, bien conscient que les scientifiques ont sans doute fait pencher la décision en leur faveur : "Ce n'est pas un congé de confort. La science a montré que plus les parents étaient présents, mieux l'enfant irait. Ça ne se discute pas.”Il aurait aimé bénéficier de ce coup de pouce lorsque la mère de son fils a accouché au terme de 32 semaines de grossesse. Mais le jeune enfant possède un retard de croissance tel un enfant né au bout de 28.
Un enfant sur dix naît prématurément
En réanimation, le bébé n’a pu bénéficier à temps plein que de sa mère, son père était contraint de reprendre son travail de commercial : “Je pouvais parcourir parfois 150 à 200 kilomètres par jour, en pensant chaque instant à mon fils et sans savoir si j’allais le retrouver vivant le soir.” Il pense alors plus à son fils qu’à son travail. Et perd son emploi. “Mon chef n’en avait rien à secouer de l’état de mon fils.”Puis il divorce et tombe en dépression, au point de consulter un spécialiste et d’entamer une thérapie. Dix ans plus tard, il a retrouvé un emploi, au sein de l’association SOS Préma, où il est également bénévole depuis neuf ans. Et si son fils a des séquelles, comme l’hypersensibilité, il se porte bien.
Mais avec du recul, Vincent conserve des regrets. “Si j’avais eu le temps d’être là pour gommer encore d’autres séquelles… Dès qu’il a des difficultés, je ramène ça à mon absence… Je n’ai pas fait tout ce que j’avais à faire. Cette culpabilité va rester.” Alors, il a mis toute son énergie au service des pères d'enfants prématurés.
On ne veut pas se faire oublier par les pouvoirs publics
Ce décret a mis du temps à se concrétiser. Il y a trois ans, un groupe d’étude, consacré à la prématurité et composé de 52 députés, s'est créé, “grâce à notre réseau de bénévoles mobilisé sur le terrain”. Mis de côté après les élections législatives et le renouvellement important d’élus, le projet est remis sur la table en 2019, à travers la loi de financement de la Sécurité sociale. Avec le résultat qu’on connaît.
Mais Vincent et SOS Préma ne comptent pas s’arrêter là. “Pour nous, c’est du moyen terme, pour le gouvernement, sans doute du long terme. On veut tendre sur ce qu’ont les mamans (en plus des six semaines de congé prénatal et des dix semaines de congé postnatal, le congé maternité est prolongé pour que la mère participe aux soins dispensés à l’enfant, NDLR). On ne veut pas se faire oublier par les pouvoirs publics.”