Les boites de nuit c’est fini, les gérants de discothèques demandent le rachat par l'Etat de leur fonds de commerce

Les discothèques sont fermées depuis le 15 mars à cause du Covid-19. Après sept mois sans salaire, des gérants de discothèques représentés par l'UMIH, Union des métiers de l'hôtellerie en Centre-Val de Loire demandent que l'Etat indemnise leur fonds de commerce pour pouvoir rebondir. Témoignages. 

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Une entreprise qui ne travaille pas et ne génère pas de chiffre d'affaires depuis sept mois ou plus est invendable. Elle est morte.

Sabine Ferrand, gérante de la discothèque Le Tango et présidente de l'UMIH Centre-Val de Loire

Les mots sont forts, la colère des gérants de discothèque aussi. Ils étaient une dizaine ce mardi 20 octobre à avoir fait le déplacement jusqu'à Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cher pour montrer leur détermination et leur solidarité.

Ces mots sont extraits d'une lettre que l'UMIH, Union des métiers de l'hôtellerie du Centre-Val de Loire a envoyée aux députés et sénateurs de la région.

Un rachat des fonds de commerce des discothèques : pour quoi faire ? 

L'objectif : demander à l'Etat de racheter leur fond de commerce pour que les gérants de discothèques qui le souhaitent puissent ouvrir un nouveau commerce. 

"En Centre-Val de Loire, nous n'avons pas de gros clubs comme dans les grandes villles ou sur la côte. La seule façon de nous sauver c'est d'indemniser nos fonds de commerce", explique Sabine Ferrand, présidente de l'UMIH (Union des métiers et de l'industrie de l'Hôtellerie) en Centre-Val de Loire. 

La gérante de la discothèque Le Tango à Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cher poursuit :
"Je propose à Bruno Lemaire d'indemniser sur la base de notre chiffre d'affaires annuel la valeur notre notre fonds au 31/12/2019 et de la masse salariale pour qu'il se rende compte de ce que coûte un club. Il faut ouvrir des négociations. Même si ce n'est pas au prix du fonds de commerce du 31 décembre 2019, ça peut nous aider à rebondir sur d'autres entreprises." 

Un club comme le Tango à Saint-Laurent-Nouan représente 400 000 euros. "Nous sommes des chefs d'entreprise qui avons besoin de vivre. Nous ne voulons pas vivre sous perfusion de l'Etat" conclut Sabine Ferrand. Les gérants de discothèque veulent avancer quitte à cesser leur activité pour en créer une autre. Mais ils n'en peuvent plus d'attendre. 

Quelles aides de l'Etat pour les discothèques ? 

Alors que les discothèques sont fermées depuis le 15 mars 2020, le gouvernement a décidé de prolonger les aides jusqu'à la fin de l'année 2020. Le fonds de solidarité pour ces établissements prévoit une aide à la prise en charge des frais fixes dont les loyers jusqu'à 15 000 euros par mois, (en moyenne les frais fixes d'une discothèque représentent entre 12 000 et 18 000 euros) , un chômage partiel pris en charge à 100 % et une exonération des cotisations sociales depuis le 1er février. 

Les gérants de discothèques dénoncent une stigmatisation de leur commerce

Réunis autour de Sabine Ferrand, une dizaine de gérants de discothèques sont venus ce mardi 20 octobre montrer leur détermination à sortir de cette impasse.
Patrick Bonnefond, patron du Georges à Orléans, Nicolas et Nadège Brouant du New Végas à Sainte-Croix-en -Touraine, Patrick Pollion du QG à Chartres ou encore Hervé Goarnisson de l'Excalibur à Tours. Tous dénoncent une stigmatisation de leur commerce et un sentiment d'être les oubliés de cette crise.

"Alors qu'on peut bénéficier du prêt garanti par l'Etat (l'Etat garantit 80 % du prêt) et bien les banquiers n'ont pas l'obligation de donner de l'argent. Donc moi le PGE on me le refuse", s'indigne Patrick Bonnefond, gérant du Georges à Orléans.

"Mon banquier, alors que cela fait 20 ans que je suis à sa banque m'a dit devant le médiateur de la Banque de France "les discothèques, on aimerait ne pas les avoir chez nous," c'est ça la réalité. Quant aux aides de l'Etat, c'est tellement compliqué de les obtenir. Il manque toujours quelque chose. On ne remplit jamais la bonne case. Bref, on est censé avoir droit à 15 000 euros maximum par mois, mais c'est tellement la croix et la bannière pour les avoir qu'on abandonne.
 

Pas de salaire depuis sept mois

Certains gérants de boîte de nuit ont bien reçu des aides de l'Etat. "Elles arrivent au compte goutte. Nous avons reçu trois fois 1500 euros depuis le mois de mars", constate Hervé Goarnisson, gérant de l'Excalibur à Tours.

"J'ai 52 ans. J'ai toujours travaillé. Et aujourd'hui je me bats pour toucher des aides. Pas pour vivre, pour toucher des aides. Je ne comprends pas ce mode de fonctionnement. Ce sont des aides pour payer une partie de nos charges fixes pas pour payer les gérants. Cela fait donc sept mois qu'on vit sans rémunération. Qui dans ce pays peut se targuer de vivre sept mois sans salaire? "

En colère et triste, Hervé Goarnisson est écoeuré : "On me dit monsieur, vous n'avez plus le droit de travailler. Je me retrouve le bec dans l'eau. J'ai des enfants, une famille... On me dit prenez un peu d'aides pour payer vos charges et débrouillez vous pour vivre. Mais jusqu'à quand? " 

La réouverture des discothèques est loin d'être à l'ordre du jour. Certains parlent du printemps 2021, d'autres de début 2022. Une chose est sûre, les gérants de discothèques refusent d'ouvrir avec une jauge réduite. " Si on accueille moins de monde, nos clubs ne seront pas rentables. Ce n'est même pas la peine. Et puis vous croyez vraiment que les clients vont revenir comme ça dans nos clubs après tous ces mois de fermeture ? Certainement pas", assure Sabine Ferrand.  
 Reportage de Marine Rondonnier et Sanaa Hasnaoui à Saint-Laurent-Nouan :

Intervenants :
-Fabrice Ferrand, gérant du Tango
-Hervé Goarnisson, gérant de l'Excalibur à Tours
- Sabine Ferrand, gérante du Tango et présidente de l'UMIH Centre-Val de Loire
Des gérants de boîte de nuit demandent à l'Etat que leur fonds de commerce soit indemnisé après sept mois de fermeture due au Covid-19 ©Marine Rondonnier, Sana Hasnaoui

 
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