Organisé par le salon du livre d'histoire de Versailles, le prix du Youtuber d'histoire voit s'affronter deux vidéastes régionaux. Nous publions leurs interviews croisées. Dans cette deuxième partie, place à Brandon Waret, de Brandon's stories.
Dans le paysage Youtube, il est l'homme qui s'est baigné dans la Manche en costume d'époque. Brandon Waret, créateur de la chaîne Brandon's stories, c'est déjà près de 9000 abonnés. Pas encore un vrai poids lourd de Youtube, mais un véritable style. Pour ses vidéos éditoriales comme pour ses collaborations, l'homme est d'un perfectionnisme à rendre fou son cadreur : jusqu'à un deux mois de travail pour une vidéo !
Son cheval de bataille, c'est le patrimoine, un sujet qu'il est l'un des seuls à venir vulgariser sur la plateforme vidéo.
Il a été nommé cette année pour la première édition du prix Youtuber d'Histoire, organisé par le Salon du livre d'Histoire de Versailles, qui se déroulera du 24 au 25 novembre. Ils sont deux youtubers régionaux à être en lice. Vous comptiez sur ce critère pour faire votre choix ? Pas de panique.
France 3 leur a posé les mêmes questions sur leur passion pour vous aider à trancher ! Les votes sont ouverts jusqu'au 22 novembre.
Depuis tout petit ! A partir de l’âge de 7 ans, ma mère m’emmenait tous les 15 jours dans des châteaux, des monuments. J’ai fait toute la région ! Ma mère n’était pas une passionnée, mais elle n’avait pas eu cette chance.
J’ai beaucoup lu, ma maman me mettait aussi beaucoup devant C’est pas sorcier, j’adorais cette émission.
Puis en 3ème, j’ai eu un très très bon professeur d’Histoire. C’était vraiment du théâtre, quand il parlait. Il était journaliste, à Limoges, et il m’a proposé de travailler avec lui dans les archives, sur le massacre d’Oradour-sur-Glane. On faisait ça une fois par mois, jusqu’à il y a encore deux ans.
Depuis que je suis enfant, je rêve d’être animateur de télévision. J’ai été bercé par la télé : on avait six postes de télé pour deux chambres ! A l’école, j’aimais beaucoup présenter des exposés, réciter.
Au lycée, FranceTV proposait une émission sur internet, pendant les championnats du monde d’athlétisme. On pouvait se filmer et doubler le présentateur, j’avais gagné deux années consécutives. C’était mes premiers essais.
En 2016, je suis parti à Budapest, pour des vacances. C’était l’anniversaire de la mort de Coluche, je suis un grand passionné, et un ami m’a dit : "Tu devrais raconter sa vie dans les rues, on publiera ça sur Facebook !". Il y a eu beaucoup, beaucoup de retours ! J’ai fait pareil avec l’Histoire.
Puis, des gens m’ont conseillé de faire une chaîne Youtube, pour toucher plus de monde, et je me suis lancé. Il y avait la visibilité, et la liberté...
C’est pas sorcier, avant tout. Secrets d’histoire bien sûr. Stéphane Bern m’inspire, et il m’inspirera toujours. Alain Decaux, évidemment !
Et d’autres personnages qui n’ont rien à voir avec le milieu historique, je pense à Denis Brogniart, Elise Lucet. Ils ont ce style, ils se différencient, je les admirais quand j’étais petit. Je pense que mes inspirations se remarquent dans mes vidéos…
Moi ce qui m’intéresse, c’est le patrimoine. C’était pour se différencier, j’arrivais après des mastodontes, comme Benjamin, là depuis plusieurs années. Il y a à boire et à manger sur internet. Le patrimoine, ce n’était pas du tout fait. Je vais aussi dans des petits monuments, mais qui ont une grande histoire.
J’aime aller sur le terrain, au cœur des choses. Le terrain casse un peu les codes Youtube, je les allie avec les codes de la télé. Je suis l’intermédiaire entre le monument et les internautes, j’essaie de transmettre mon émotion.
Je compte aussi sur le costume pour toucher de nouvelles populations. Ça touche vraiment une population beaucoup plus jeune. Ça me sert de fil conducteur, pour amener l’internaute jusqu’à la fin de la vidéo.
La bonne vidéo de vulgarisation, c’est celle qui intéresse un large public, et que tout le monde comprend. L’histoire, ça peut être difficile quand on n’a pas de bagage initial.
C’est surtout une vidéo qui réussit à intéresser des personnes qui, à la base, n’aiment pas l’histoire. J’ai des amis qui me disent : "J’aime pas l’histoire, mais j’ai réussi à regarder ta vidéo en entier."
Si on réussit à rassembler quelqu’un de 14 ans, quelqu’un de 50 ans, et qu'on leur donne envie d’aller sur les lieux, là on se dit qu’on a gagné.
La relation est très proche. Maintenant, ce sont eux qui choisissent mes sujets. Je leur demande sans arrêt leur avis, j’envoie souvent des messages privés aux personnes qui sont fidèles. Tout ce qu’ils me disent, j’en prends note, j’en tiens compte. C’est eux qui m’ont, par exemple, conseillé de faire de la voix off.
Il y a ce lien immédiat, sans arrêt, et c’est que ce qui me donne aussi ma motivation. Il y a des gens qui sont là depuis le premier jour. Même si je ne les connais pas personnellement, ce sont plus que des amis.
Le beau souvenir, c’était à Versailles, l’an passé. J’étais l’ambassadeur du salon, et le seul youtuber. Je n’avais fait aucune annonce, mais une cinquantaine de personnes avaient vu que je serais là et ils s’étaient déplacés. Ils ont voulu prendre des photos avec moi, je me sentais un peu comme une star (rires). Il étaient touchés, et moi aussi.
Mes souvenirs restent aussi dans les messages que je reçois. Parfois, je fais des captures d’écran pour les relire plus tard… Tout ça, ça reste, ça marque.
Alors ça, c’est magnifique ! J’étais très heureux d’être dans les huit. C’est une victoire du patrimoine, déjà ! Et c’est une victoire personnelle : je suis le petit poucet, et je suis face à sept ténors de Youtube. On se dit qu’on ne fait pas ça pour rien, que ça intéresse.
Et puis, moi, j’ai toujours aimé la compétition… (rires) Quand on est un petit Youtuber, qu’on met de l’argent personnel, ça compte aussi.
La force de Benjamin, c’est son charisme. Sa voix, son naturel. Son caractère se voit à l’image, sa passion aussi. Il marque. Il est aussi très éclectique, il traite des sujets que je ne pourrais pas traiter.
Je ne fais pas ça pour vivre sur Youtube, mon intérêt c’est que ce soit un tremplin et une vitrine pour faire de la télé. Je ne m’en cache pas : il y a une grande passion, mais un double intérêt.
Sur Youtube, je veux continuer de traiter du patrimoine, continuer les vidéos costumées. J’aimerai aller plus loin là-dessus, qu’on soit plusieurs, comme dans un film. Se diversifier dans le costume, et d’une façon générale.
J’aimerai aussi traiter des monuments européens, à long terme. Après, il ne faut pas qu’il y ait un trop long terme, sinon ça voudra dire que je ne réussis pas à la télé. Mais s’il y a quelque chose, je continuerai quand même Youtube. Cet échange avec les gens, cette proximité, il n’y a rien de plus beau.
En juin, Brandon Waret publiera sur sa chaîne Youtube une coprésentation avec son idole, Stéphane Bern.