Après Besançon, plusieurs franchises Bestown Shop ont ouvert en France. Un succès qui a pris de court le gouvernement qui réfléchit à fermer ces "coffee shops". Dans ce contexte, deux Orléanais s'apprêtent à ouvrir leurs établissements hors franchise.
30 000 euros, tel est le prix de la franchise Bestown. Depuis l'ouverture de la première enseigne à Besançon, de plus en plus de personnes en France se sont lancées dans le commerce du cannabis CBD, un « cannabis light » sans effet stupéfiant. Le gouvernement veut clarifier la loi, face au boom actuel de coffee shops qui "détournent le droit" pour vendre un dérivé du cannabis, a déclaré dimanche la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur RTL.
A la question "auront-ils fermé dans quelques mois", la ministre a répondu : "Je pense qu'ils auront fermé".
Pour elle, "ces coffee shops se sont ouverts sur une zone grise du droit. Le droit dit que le chanvre peut être utilisé à des fins industrielles quand il contient moins de 0,2% de THC (substance active du cannabis, ndlr). Il ne parle pas de produits en cigarette, mais de la plante. Or, ces magasins détournent le droit en disant que leurs cigarettes contiennent moins de 0,2% de THC". "Il va falloir qu'on revoie la législation et revoir comment on met de l'ordre dans tout cela", a-t-elle dit, évoquant un travail conjoint avec la DGCCRF (Bercy).
Plusieurs boutiques s'ouvrent cet été en Centre-Val de Loire
Deux jeunes de Saran, âgés de 28 et 23 ans, s'apprêtent à ouvrir deux commerces en Centre-Val de Loire. Un à Tours (Indre-et-Loire) qui devrait voir le jour entre le 1er et 7 juillet 2018, l'autre à Orléans qui va s'ouvrir entre le 7 et 16 juillet.
Davy et Benjamin se connaissent depuis l'enfance. L'un a travaillé dans la sécurité, un job qu'il a lâché pour ce projet et Benjamin, lui est encore étudiant. Ils n'ont jamais tenu de commerce avant, Davy a travaillé un peu sur les marchés, Benjamin a fait des petits boulots. Mais ce projet ils y croient. "J'ai perdu 7 kilos en 15 jours ! " nous confient Benjamin dans un sourire. Le stress est grand car le défi l'est tout autant. Le duo a souhaité investir leur fond propre pour ouvrir leurs commerces. Un peu moins de 20 000 € pour les deux boutiques. Ils ont déjà reçu une quarantaine de CV. Les déclarations récentes d'Agnès Buzyn ne les rassurent pas, elle les met même en colère. Ils dénoncent l'hypocrisie de la ministre. "La ministre de la santé dit qu'elle ne veut pas que les Français fument, alors qu'on précise bien que nos produits ne sont pas faits pour être fumés". Pour les deux associés, "c'est juste une question d'argent", "le gouvernement veut trouver un moyen de récupérer cette manne financière".
Si demain une loi est votée et que la vente de produits à base de CBD est interdite, on fermera boutique bien sûr, mais en attendant on ouvrira,
disent les deux jeunes hommes, déterminés.
Les effets du cannabis CBD ?
Recharges pour cigarettes électroniques, huiles, sirops, sucreries... le panel des produits au cannabis vendus dans ces boutiques est large. Tant que bien sûr, le taux de tétrahydrocannabinol (THC, la substance psychoactive du cannabis interdite par la loi) soit inférieur à 0,2 %, seuil jugé autorisé. Le cannabis contient en revanche du cannabidiol (CBD), une autre molécule du cannabis, non prohibée, elle, qui « ne procure pas d’effet euphorisant et ne modifie pas la perception de la réalité, mais a des effets apaisants, anxiolytiques et peut-être antipsychotiques, a expliqué William Lowenstein, addictologue et président de SOS Addictions à nos confrères du Monde.
Le CBD n'est pas un stupéfiant, il n'est pas classé comme stupéfiant, il a très peu d'effet psychoactifs. Donc le CBD c'est tout sauf une drogue,
explique encore le docteur William Lowenstein. "Ma mère souffre d'une maladie dégénérétive depuis 1999. Elle avait des douleurs, témoigne Benjamin. Donc en 2016, j'ai fait des recherches sur internet pour essayer de la soulager et je suis tomber sur le CBD. j'ai commandé une fiole à l'étranger et cela l'avait beaucoup soulagé. Elle l'a même fait goûter à la famille. Et c'est vrai que cela a un effet assez bluffant. Cela dépend des personnes bien sûr, il ne faut pas généraliser. Et quand la première boutique s'est ouverte, je me suis dit ben on y va quoi ! Vu que je connais bien le produit."
Pour l'heure, l'usage du cannabis peut être puni par 1 an de prison et plus de 3000 € d'amende. Bientôt la sanction sera une simple amende forfaitaire de 300 €. La France est le premier consommateur en Europe : 21,5 % des Français entre 16 et 34 ans ont consommé du cannabis en 2017. Selon un sondage IPSOS, réalisé en 2016 dans le cadre du colloque sur la légalisation au Sénat , à 84 %, les Français jugent la législation actuelle «inefficace» pour limiter le trafic et la consommation de cannabis. 52% des Français sont favorables à la vente du cannabis sous contrôle de l'Etat.