Alors que les derniers arbitrages sur la nouvelle PAC 2023 se décident au ministère de l'Agriculture, plus de 300 agriculteurs ont convergé vers Bourges à l'appel de la FNSEA du Centre-Val de Loire. Les agriculteurs dénoncent une baisse annoncée des aides notamment pour les zones intermédiaires.
Les aides de la PAC, c'est la condition pour qu'un agriculteur puisse vivre de son travail
Alors que le gouvernement entre dans la dernière phase de négociation de la nouvelle Politique agricole commune, environ 300 agriculteurs de la région Centre-Val de Loire se sont rassemblés à Bourges dans le Cher ce midi pour dénoncer la réforme de la PAC.
"A chaque réforme de la politique agricole commune, l'étau se resserre un peu plus. Cette réforme ajoutée aux sécheresses successives... ça commence à faire beaucoup." Pascal Trécul est le président de la section bovin-viande de la FDSEA de l'Indre. Il témoigne :
"Les trésoreries sont mises à mal. Et là on va encore voir l'aide bovin-viande réduite de moitié. Quand on voit qu'en plus les industriels ne jouent pas le jeu de la loi Egalim et que la promesse qu'on soit payé au coût de production n'est pas tenue, on a de quoi être en colère".
145 tracteurs et 300 agriculteurs ont convergé vers la place Seraucourt à Bourges ce mardi midi. Les agriculteurs sont venus de l'Indre, du Cher mais aussi du Loir-et-Cher.
De 70 à 100 euros de moins par hectare avec la nouvelle Politique agricole commune
"On a choisi Bourges parce que c'est là que le ministre de l'agriculture Julien Denormandie est venue en juillet 2020 lors de sa nomination nous annoncer qu'il s'engageait à défendre l'agriculture en Centre-Val de Loire. Mais on voit bien que ce n'est pas le cas. Il n'y a qu'à voir les zones intermédiaires," explique Franck Leprêtre, président de la FNSEA Centre-Val de Loire.
Les zones intermédiaires, majoritaires en région Centre-Val de Loire, sont des terres à faibles potentiels de rendement. La question des conditions d’accès aux nouveaux écorégimes cristallise les craintes des manifestants de la région.
"Au moins 70 % des exploitations de la région Centre-Val de Loire pourraient se retrouver exclues d’une partie des aides de la Pac 2023", annonce Franck Leprêtre.
" Selon nos estimations, c'est de l'ordre de 80 euros par hectare que nous perdrons avec cette réforme soit 52 millions d'euros pour la ferme Centre-Val de Loire. Nous avions déjà perdu près de 100 euros d’aides à l’hectare lors des deux dernières réformes et nous craignons que les nouvelles conditions des écorégimes excluent de nombreuses exploitations".
Une nouvelle PAC qui encourage l'agriculture durable
Attendue pour le 1er janvier 2023, la réforme de la PAC porte des ambitions plus élevées en matière d’environnement.
La conditionnalité des aides est renforcée en intégrant les critères de l’aide verte (diversité d’assolement, maintien de surfaces d’intérêt écologique et maintien des prairies permanentes). Si l’aide verte disparaît, ses critères deviennent obligatoires pour percevoir l’aide PAC.
"Avec cette réforme, on va me demander d'arrêter d'exploiter 7 % de mes terres sous prétexte de maintenir une biodiversité", s'inquiète, Astrid Plisson, présidente des Jeunes agriculteurs de l'Indre.
" On n'a pas besoin de produire moins pour entretenir la biodiversité. Nous l'entretenons déjà. Nous vivons avec elle tous les jours. Nous défendons surtout le droit de produire. On n'a pas besoin de nouvelles contraintes. La nature on la connaît. Il faut juste nous laisser faire", ajoute la jeune agricultrice.
Si les agriculteurs mobilisés ce mardi à Bourges reconnaissent le bien-fondé des " démarches vertueuses en matière d'environnement", ils demandent du "temps pour la transition et non des taxes et des pénalisations".
" Les aides de la Pac sont censées assurer un niveau de vie équitable à la population agricole et assurer des prix raisonnables aux consommateurs. Cette politique d'aide vitale s'efface au profit de mesures d'ajustements environnementales et idéologiques réalisées sans études d'impacts", déplore le président de la FNSEA du Centre-Val de Loire.
La Commission européenne en matière d’agriculture biologique a pour objectif de passer à 25 % de surface agricole utile européenne en bio d'ici 2030.
En 2019, les exploitations bio de l'union européenne représentaient 8,5 % de la surface agricole utile.