Annoncé à l’été 2020, par Yann Galut, le maire de Bourges, la candidature de la ville au titre de capitale européenne de la culture avance. Alors que le dépôt des candidatures sera terminé en juin, septembre ou fin d’année 2022, la date exacte n’est pas encore fixée, un duo de spécialistes a été nommé pour gérer le projet qui sera présenté après sélection des candidats.
C’est en 2028 que la prochaine ville française choisie pour être capitale européenne de la culture, fera rayonner son projet à un public de plus en plus large et friand de la découverte culturelle qu’il y trouvera. Pour avoir des chances d’être choisie, la capitale du haut-Berry a fait appel à Pascal Keiser, en tant que commissaire général de la candidature, et Louise Tournillon en tant que coordinatrice opérationnelle, pour l’élaboration du projet qu’il faudra présenter pour la sélection des candidats.
Qu’est- ce qu’une capitale européenne de la culture ?
Une capitale européenne de la Culture est une ville désignée par l’Union Européenne pour une période d’une année au cours de laquelle elle pourra développer sa vie culturelle et créer une dynamique dans de nombreux domaines pour elle et toute sa région.
Le concept, lancé en 1985 à l’initiative de Melina Mercouri (alors Ministre de la Culture Grecque) a pour but de promouvoir les richesses et les diversités des cultures européennes. Depuis sa création, quatre villes françaises ont obtenu le titre de Capitale Européenne de la Culture : Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013.
Depuis 2005, deux villes dans deux pays différents partagent ce statut tous les ans. Un statut très recherché, car il attire bien sûr de nouveaux et nombreux touristes et assure un réel prestige. La compétition est cependant très relevée et obtenir le titre n’est pas chose aisée.
Une dizaine de villes françaises ont déjà annoncé leur intention de candidater pour 2028
Nice, Clermont-Ferrand et Reims ont candidaté à la candidature au milieu de l’année, après quelques autres, dont Rouen et Bourges, qui s’étaient déclarées plus tôt, soutenues dans leur démarche par les communautés d’agglomération, les départements et les régions concernés. Candidater est en effet un investissement lourd. Même si celui-ci peut rapporter. Ainsi Marseille en 2013 a vu passer cette année-là 11 millions de touristes, et laissé des traces pérennes avec la construction du MUCEM.
Aujourd’hui, le titre de capitale européenne de la culture est un puissant accélérateur de projets structurants et de dynamiques culturelles. Il reste encore un peu plus de six mois aux villes françaises pour faire acte de candidature, puisque le processus sera normalement clos en juin 2022. A moins d’un report justifié par le retard pris, en raison de la pandémie. Les villes présélectionnées auront alors 10 mois pour préparer leur dossier de candidature. Puis il y aura l’analyse par un jury d’experts du domaine culturel. Après le choix, la ville française sera officiellement annoncée par l’Union Européenne dans le courant de 2023. Il restera alors au vainqueur quatre ans pour mettre en œuvre le programme retenu et préparer l’événement.
Quel sera le rôle des deux experts dans la gestion du projet
Le duo Pascal Keiser et Louise Tournillon a été choisi pour gérer cette candidature.
Pascal Keiser a été nommé Commissaire Général. Né en 1967 en Belgique, sa carrière l’a conduit de direction de théâtre, de festival, à la conception artistique de projets. Aujourd’hui il dirige et développe des projets transversaux entre culture, société et économie. Il travaille beaucoup sur une identité européenne de la culture en créant de nouvelles relations entre artistes et les meilleures plateformes d’innovation européennes et mondiales.
Outre ses connaissances et son champ de vision artistique élargi, il a aussi déjà vécu cette expérience de candidature à Mons en Belgique. "J’ai déjà eu la chance, dans ma carrière de participer à un tel projet jusqu’au bout, puisque Mons a été choisie et que j’ai eu la Direction artistique de ce qu’était la thématique du projet : culture et technologies".
Ce que Pascal Keiser apprécie dans cette mission, nous a-t-il confié, c’est son caractère unique d’engagement de tout un territoire. "Ça oblige un territoire à se projeter vers l’avenir, à horizon de 10 ou 20 ans. Et ça, c’est un exercice unique, qui ne touche pas uniquement les opérateurs culturels, parce qu’un projet de cet ordre est certes culturel, mais économique et social. C’est un projet d’aménagement du territoire, de développement d’image, de marketing territorial, en fait, ça touche presque tous les leviers d’un territoire".
Aujourd’hui l’engagement collectif qu’il rencontre auprès de ses interlocuteurs le conforte dans son analyse. "Bourges est une candidate challenger, une ville moyenne de moins de 100 000 habitants, mais elle a des atouts indéniables. Son histoire avec sa maison de la Culture et Malraux, mais aussi le Printemps de Bourges, qui a essaimé en Europe son modèle de festival".
Louise Tournillon a candidaté sur ce poste à l’issue de sa formation initiale. Elle a en charge la coordination opérationnelle. Elle nous explique en quoi cela consiste : "Si je reprends les mots du Maire, je serai la cheville ouvrière, en tout cas je vais gérer tout l’aspect opérationnel de la mise en place du projet, la coordination avec les différents acteurs culturels, et je suis pour l’instant un agent de terrain, puisque je suis basée directement à Bourges, à la mairie".
Autrement dit ,Pascal Keiser développe la vision stratégique, artistique du projet et Louise Tournillon est chargée de la mettre en œuvre. Il faut savoir que la rédaction du projet, présenté au jury, suit des chemins obligés. "C’est très précis, c’est presque un exercice scolaire, c’est un dossier d’une centaine voire deux cents pages, remis au jury européen composé de 12 personnalités européennes, et ces dossiers, ils se ressemblent un peu tous, car ils doivent répondre à six critères définis par la commission européenne" nous explique-t-elle. Ces critères sont les suivants :
- répondre à une stratégie au long terme
- avoir une dimension artistique et culturelle
- une dimension européenne
- permettre le rayonnement et la mobilisation citoyenne
- la mise en œuvre et la gestion du projet
- et enfin le sixième est la capacité de la ville à répondre aux objectifs qu’elle a dévoilés.
Tous les dossiers doivent contenir ces points. Autre aspect d’importance, "dans la phase dite de candidature et donc de compétition, il n’y a pas de financement externe de l’Etat ou de l’Europe, c’est la ville toute seule qui doit mobiliser, pour dire son territoire, et ça ne se limite bien sûr pas à la culture, mais aussi à l’économie et à la vie sociale. Ce que la commission veut, c’est que la ville prouve sa capacité à mobiliser autour de son projet". A Bourges, Pascal Keiser et Louise Tournillon disposeront d’un budget de 600 à 700 000 euros, inférieur à celui d’autres villes candidates. Mais cette différence n’effraie pas Pascal Keiser, qui estime que ce n’est pas que l’argent qui fait la valeur du montage d’un projet.
Un site internet dédié au projet vient d’être mis en place. Il détaille les thèmes qui seront développés par le projet et donne rendez-vous le 14 février prochain (jour de la Saint-Valentin) "pour une déclaration d’amour à l’Europe !".