Sur le marché de Bourges, dans le Cher, la plupart des habitants sont opposés à la réforme des retraites et n’ont rien contre un durcissement du mouvement. Pour autant, la solution du blocage, annoncée par les syndicats, ne fait pas l'unanimité.
Blocage ou pas blocage ? Quelques heures après le début du quatrième jour de mobilisation contre la réforme des retraites, le 11 février dernier, les syndicats se sont dits " prêts à mettre le pays à l'arrêt" le 7 mars prochain, dans un ultimatum adressé par communiqué au gouvernement.
"Il y a des secteurs qui sont en train de discuter avec les salariés pour la grève reconductible. Le gouvernement est dans la provocation. Ils veulent taper sur notre portefeuille, on va taper sur le leur", explique Sébastien Martineau, secrétaire général de l'union départementale CGT du Cher.
Contre la réforme et les blocages
Dans les zones plus rurales, où le train et la voiture sont les moyens de transport les plus répandus, les avis sont partagés : "Les manifestations qui sont organisées ne servent à rien… il faudrait des manifestations un peu plus sauvages. Ça marcherait un peu plus", argue une aide-soignante qui se dit opposée à l'allongement du délai légal de départ à la retraite.
Reste que l'idée d'un blocage du pays ne la séduit pas, surtout si cela implique une pénurie de carburant : "Tout arrêter pour avoir gain de cause, non. Il y a des gens qui souffrent et qui ont besoin d'aide-soignant. On va d'un bout à l'autre de la ville, donc on ne peut pas le faire en vélo".
Je ne sais qu'est-ce que l'on pourrait faire, mais je ne pense pas que le blocage soit une bonne solution.
Florian, habitant de Bourges
Son de cloche identique pour Florian, venu au marché avec ses trois enfants : "Je suis pour le mouvement de grève et contre la réforme des retraites", explique-t-il, mais l'évocation d'un blocage ne le réjouit pas : "Ça va être compliqué surtout pour les enfants. Si tout est bloqué comment on fait ?"
On peut bloquer si cela permet de faire avancer les choses, mais je préférerais que les syndicats et les politiques proposent des solutions et fassent des compromis.
Corentin, 26 ans, habitant de Bourges
"Qu'ils bloquent !"
D'autres en revanche sont prêts à tenir en cas de durcissement du mouvement. Ce poissonnier du marché est très en colère contre le gouvernement : " Ma salariée, elle travaille de 4 heures du matin à 16 heures, et fait entre 40 et 50 heures par semaine. Je l'imagine bien à 64 ans derrière l'étalage en train de porter", ironise-t-il. "Nous, les poissonniers, comme les bouchers ou les artisans, on n’a pas de régimes spéciaux. On n’a pas de pénibilité au travail. Et pourtant on porte une tonne de glace tous les matins".
J'invite tout le gouvernement gratuitement, et je leur offre même le poisson, à venir travailler avec nous avec le froid, le vent et la pluie.
Cédric Lepoittevin, poissonnier à Bourges
Lui, ne voit pas d'inconvénient à ce que le pays soit à l'arrêt : "Qu'ils bloquent !" lance-t-il. Depuis la crise du covid, l'artisan s'est doté de sa propre citerne pour éviter les coups durs.
Rendez-vous le 16 février
Mais avant d'en arriver là, il faudra d'abord scruter la prochaine mobilisation le 16 février prochain. Une date qui ne doit rien au hasard, les débats du projet de réforme à l'Assemblée nationale se termineront 48 heures plus tard, le 18 février.