Spécialisé dans la découpe et le conditionnement des dindes, l’abattoir de Blancafort vient d’être épinglé par l’association L214 et la préfecture du Cher pour maltraitance animale. L’entreprise a 48 heures pour établir en urgence des mesures correctrices.
Des porcs qui étouffent, des poussins broyés ou castrés à vif : depuis plusieurs années, l'association L214 sensibilise à coup de vidéos chocs sur les conditions dans lesquelles sont abattus 3 millions d'animaux par jour en France. Pour la première fois ce 16 décembre, c'est l'abattage de dindes dans une structure berrichonne qui s'est retrouvée dans le collimateur des militants. L'association a en effet dénoncé, avec la préfecture du Cher, les agissements jugés non-conformes de l’entreprise Les Volailles de Blancafort.
Spécialisée dans la découpe et le conditionnement des dindes depuis plus de 40 ans, cet abattoir qui emploie 350 salariés appartient au groupe LDC (Le Gaulois, Maître Coq). Chaque jour, l'usine abat 15 000 volailles destinées à la consommation.
Chaîne d’abattoir non conforme
En s’appuyant sur des vidéos qui auraient été tournées en octobre 2020 par un salarié de l’abattoir, L214 accuse l’entreprise de violer la réglementation concernant la protection animale et la sécurité des aliments. "C’est carrément un problème systémique puisque c’est toute la structure qui n’est pas aux normes", précise Brigitte Gothière, directrice de l’association.
En premier lieu, L214 pointe du doigt la taille des caisses de transport : sur les images, la tête des dindes tétanisées et souvent mal en point touche le plafond, empêchant ainsi toute ventilation. Nombre de volailles n’y survivent pas.
Les survivantes quant à elles sont accrochées la tête en bas sur une chaîne d’abattoir "beaucoup trop longue" selon l’association (plus de 50 mètres). Les dindes, obligées de relever la tête pour éviter de râcler le sol, sont ainsi suspendues conscientes pendant plus de 2 minutes, temps légal maximum. En outre, L214 dénonce le fait que cette chaîne d’abattoir soit trop "haute", empêchant ainsi toute intervention en cas d’urgence.
Si Alan Bertho, directeur du site, reconnaît que le temps de suspension peut parfois atteindre les "4 minutes", il assure que l’entreprise fait tout son possible pour se plier aux règles sanitaires : "Nous avons eu quelques soucis de management à cause du Covid-19, mais nous avons déjà investi de l’argent pour rénover le quai de déchargement."
Des salariés à bout
"C’est toujours une grande tristesse de voir ces animaux dotés de conscience et de sensibilité souffrir à ce point. Sans oublier les employés d’abattoir qui se ruinent la vie dans des conditions de mise à mort aussi cauchemardesques", s’inquiète Brigitte Gothière.
En effet, les salariés de Blancafort dénoncent des cadences infernales, des dépressions et même des suicides. "Nous réitérons notre soutien aux salariés dont nous connaissons le haut niveau de sollicitation en ces périodes de fête, la pénibilité de la tâche et le professionnalisme", a déclaré la FNSEA Centre-Val de Loire dans un communiqué.
Si la co-fondatrice de L214 reconnaît qu’il existe aujourd’hui une plus grande prise de conscience dans la société, elle reproche tout de même aux autorités gouvernementales de ne pas être suffisamment strictes vis-à-vis des acteurs de la chaîne alimentaire.
48 heures pour agir
L’association a porté plainte contre l’abattoir de Blancafort pour "mauvais traitement envers les animaux commis par des professionnels" auprès du parquet de Bourges, mais également contre la société de transport Avilog.
De son côté, la préfecture du Cher affirme que l’abattoir avait déjà été mis en demeure en octobre dernier pour non-conformité concernant le transport des animaux. Elle a donné à l’exploitant 48 heures pour corriger ces manquements et mettre en place un nouveau plan d’action plus respectueux des volailles. Sans quoi, une procédure plus contraignante sera engagée.