Une vidéo diffusée par l’association L214 mercredi 2 décembre, met en cause le groupe Herta et un élevage de porcs de Limoise (Allier). Sur les images on voit des porcelets assommés, des mères écraser leurs petits et des cochons violentés.
Un élevage de porcs de Limoise, dans l’Allier, est mis en cause par l’association L214. L’association a diffusé une vidéo ce mercredi 2 décembre, dans laquelle on voit des cochons maltraités. Des mères écrasent leurs petits, faute de place. Des porcelets y sont assommés. Les animaux sont malmenés au moment de partir à l’abattoir. Selon l’association de lutte contre la cruauté envers les animaux, la vidéo aurait été tournée entre juin et septembre, dans l’élevage bourbonnais. Cet élevage est lié à la société Herta, une firme qui produit de la charcuterie. « On a toutes les problématiques qu’on retrouve dans les élevages intensifs : les truies sont enfermées dans une cage à peine plus grosses que leur corps, les coupes des queues aussi, qu’on retrouve assez fréquemment dans les élevages. On a des animaux qui sont entassés, qui s’agressent les uns les autres car ils ont très peu de place. Quand on a des animaux qui sont malades, comme on voit par exemple avec des hernies très massives, ou qui sont plus faibles que les autres, ils devraient être isolés. Au niveau sanitaire, on voit des cochons dans leurs déjections, ils ont les yeux rougis à cause de l’ammoniaque », dénonce Sébastien Arsac, cofondateur de L214. La vidéo a été mise en ligne par l'association. Attention, certaines images de la vidéo peuvent choquer.
Un taux de mortalité élevé
Dans les élevages intensifs, la mortalité des porcelets est d’environ 20%. « L’espace est tellement exigu qu’il arrive que la truie écrase un porcelet. On voit aussi des porcelets qui naissent dans la nuit et qui se coincent les pattes entres les interstices du caillebotis. Ils n’arrivent pas à rejoindre les mamelles de leur mère et si l’éleveur n’est pas là, le porcelet va mourir parce qu’il n’est pas alimenté », décrit Sébastien Arsac. Contacté, l’éleveur a indiqué qu’il n’était pas responsable des morts naturelles des porcelets et n’a pas souhaité s’exprimer davantage. Sébastien Arsac dénonce également l’utilisation d’antibiotiques périmés ou classés à « priorité élevée », c’est-à-dire qui ne doivent être utilisés qu’en dernier recours."Un contrôle inopiné a été déclenché dès hier (mercredi) dans l'exploitation concernée", a indiqué de son côté à l'AFP la préfecture de l'Allier. Quatre inspecteurs de la direction départementale de la protection des populations étaient toujours sur place ce jeudi à Limoise pour vérifier la conformité des installationset le respect de la réglementation en matière de protection animale, d'utilisation de produits pharmaceutiques et de recours au vétérinaire.
Une plainte déposée pour maltraitance et tromperie du consommateur
L214 pointe également la communication du groupe Herta, qui met en avant cet élevage comme étant la « filière préférence ». « Ils s’engagent à être respectueux du bien-être animal et c’est un vrai contraste quand on voit ces cochons dont la vie n’est que souffrance du début à la fin. C’est censé être un élevage responsable et moderne », précise Sébastien Arsac. En effet, sur une vidéo de la chaîne Youtube d’Herta, on pouvait voir le GAEC dans lequel l’association affirme avoir tourné la vidéo. Elle est depuis introuvable sur la plateforme. Son directeur général, Arnaud de Belloy, a mis en garde sur France.info contre une éventuelle manipulation des images par les militants de L214, qualifiés de "professionnels anti-élevage" qui "font leur propagande". "On verra ce qui est conforme et ce qui est lié à des montages et, s'il y a des déviations, on prendra des actions qui s'imposent", a-t-il ajouté, en assurant qu'il prenait l'affaire au sérieux.« Herta a été informée, ce mercredi 2 décembre en fin de journée, de la publication imminente d’une vidéo réalisée par l’association L214 dans l’un des élevages de porcs partenaire de la marque. Nous sommes en train d’analyser cette vidéo dont l’utilisation et l’orchestration des images peuvent heurter. […] La marque s’est engagée directement auprès des éleveurs pour faire évoluer la filière vers de nouvelles pratiques. Après analyse, si des manquements aux règles venaient à être constatés dans cet élevage, Herta saura en tirer toutes les conséquences. Herta prend très à coeur ce dossier et réaffirme son attachement à l’amélioration continue des pratiques d’élevage », a réagi la firme dans un communiqué. L’association entend déposer plainte pour maltraitance envers des animaux et pour tromperie du consommateur. « Nous allons également mettre en place une pétition en ligne pour demander à Nestlé et Casa Tarradellas, propriétaires de la marque, de s’engager à bannir les pires pratiques, comme s’y est engagé Hénaff en 2019 », précise L214.