Julian Alaphilippe, revenu à très haut niveau, a buté sur le Belge Wout Van Aert qui a remporté ce 8 août Milan-San Remo, la première grande classique de la saison cycliste, et l'a privé d'une deuxième victoire.
Il est passé à un cheveu du doublé. Julian Alaphilippe, vainqueur du Milan-San Remo en 2019, a dû s'incliner sur le fil face au Belge Wout Van Aert. "Il mérite vraiment sa victoire", a salué le Français, né à Saint-Amand-Montrond dans le Cher, devancé d'une roue à l'arrivée. Milan-San Remo est la plus longue course de la saison, 305 kilomètres sous un soleil estival.
"Je sentais que j'avais passé la limite"
En huit jours, "une semaine incroyable" de l'aveu souriant du Belge, Van Aert a imité Alaphilippe qui avait lui aussi gagné les Strade Bianche puis Milan-San Remo l'an passé. Triple champion du monde de cyclo-cross avant de se consacrer surtout à la route, le Belge a remporté à l'âge de 25 ans son premier "monument"."Je suis quand même content mais c'est un peu frustrant d'être passé près de la victoire", a déclaré Alaphilippe, qui a enflammé la course tout comme en 2019. C'est lui qui est passé à l'attaque au seuil des 6 derniers kilomètres, dans le Poggio, la dernière difficulté du parcours.
Van Aert, décroché sur la violente accélération du Français, a basculé au sommet à 4 secondes. Mais il est revenu dans la descente. "Je sentais que j'avais passé la limite", a expliqué Alaphilippe à la chaîne L'Equipe.
Si les premiers poursuivants ont eu le duo en point de mire dans les rues de Sanremo, ils ont subi un temps d'observation qui leur a interdit d'effectuer la jonction, à 2 secondes près. Pour la troisième place, l'Australien Michael Matthews a réglé le Slovaque Peter Sagan dans un groupe qui comprenait également le Français Arnaud Démare, l'un des rares sprinteurs à n'avoir pas été distancé dans le Poggio.C'est un peu frustrant mais je n'ai pas de regrets à avoir. J'ai créé encore du mouvement dans le Poggio, j'ai tenté de faire la différence tout seul mais dans la descente je sentais que j'avais passé la limite. J'ai attendu Wout, j'ai essayé de jouer jusqu'au dernier kilomètre, j'ai arrêté de rouler et j'ai essayé de sortir le plus beau sprint possible. Je savais que ce serait difficile. A un moment on était côte à côte mais c'est le plus fort qui gagne. C'est quand même une surprise de passer aussi proche de la victoire, ça fait beaucoup de bien.
Le meilleur et le pire pour Jumbo
Accablé par les crevaisons aux Strade Bianche, où il n'avait pu se mêler aux premiers rôles, Julian Alaphilippe affichait quant à lui profil bas au départ de Milan. Sept heures plus tard, une très longue journée, les doutes étaient levés. "Un podium dans un monument, c'est bien, même si deuxième, c'est nul aux yeux de certaines personnes", a-t-il dit, visiblement rassuré. "Je me sens de mieux en mieux."Van Aert, félicité par son dauphin, lui a rendu hommage: "Julian a très bien joué. Il m'a poussé en tête. Il était dans ma roue et je devais faire le tempo juste assez pour le peloton ne revienne. Au sprint, ce n'était pas vraiment gagné."
Le Belge, au registre large, figure toutefois parmi les plus rapides surtout après une course dure. L'an passé, il s'était adjugé un sprint massif en faux-plat montant dans l'étape du Tour arrivant à Albi, pour sa première participation à la Grande Boucle, avant de chuter lourdement dans le contre-la-montre de Pau et être indisponible pour toute la fin de saison.
Pour son équipe Jumbo, la semaine a alterné le meilleur et le pire. Entre les performances de Van Aert et du Slovène Primoz Roglic, vainqueur d'étape au Tour de l'Ain et candidat au maillot jaune dans le prochain Tour, et aussi le sprint dramatique de Katowice au Tour de Pologne, où la responsabilité du Néerlandais Dylan Groenewegen (suspendu à titre provisoire) est engagée.