PORTRAIT. Cécile le Talec : langage plastique au son des langues sifflées et des chants d’oiseaux

Cécile le Talec est une artiste plasticienne qui s’intéresse aux formes de langage non verbal. Le son et l’espace sont à la source de son travail. Transmission, communication, transcription, une exploration spatiale et mélodique qu’elle décline à l’unisson avec la nature qui l’entoure.

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Dans la collection Atelier 205, à voir en intégralité sur France.tv, consacrée aux artistes et à leurs territoires, l’habillage graphique du film de Philippe Gasnier nous invite à retenir le numéro 18, département du Cher où réside Cécile le Talec. Une addition de numéros de département sous forme de puzzle virtuel qui décode le nom de cette collection et esquisse, au fil de ces portraits, la richesse artistique de notre Région Centre-Val de Loire.

Les quatre éléments

En pleine Sologne, Cécile le Talec habite à Mery-sur-Cher dans une maison coquillage construite en 1969 par Pascal Häusermann. Au pays des arbres et des essences, les oiseaux enchantent le parc aux notes méditerranéennes.

Une chorale quotidienne, un espace paisible, source d’inspiration pour cette artiste, qui, comme l’oiseau, donne des ailes à son art : photographie, peinture, dessin, vidéo, sculpture, travail sonore.

Comme un poisson dans l’eau, une pierre sur le chemin, un oiseau dans les airs, une fleur au jardin, Cécile le Talec fait corps avec les quatre éléments de la nature et voyage aux quatre coins de la terre où son art l’appelle.

Un répertoire élargi au fil du temps, un univers en mouvement où l’horizon s’ouvre sur une boite à musique qu’elle va revisiter et restituer en s’attachant à l’architecture du son. Cécile le Talec travaille avec la matière du son comme avec un autre matériau possible. Elle développe des concepts et nous offre d’autres dimensions.

Les cinq sens

La portée poétique du travail de Cécile le Talec et son champ lexical au travers de ce documentaire donnent corps à la nature.

Le tourbillon de Naruto au Japon a la particularité de ressembler à une bouche et d’émettre le sifflement d’une voix à chaque changement de marée. Une puissance, une force qui lui donne ce sentiment d’être dans l’œil ou dans le tympan du tourbillon.

La forme et le toucher d’une pierre de rêve trouvée dans le lit de la rivière. Appelée aussi pierre du voyageur qui lui ouvre un chemin de création. Le parfum des essences aux notes olfactives de son jardin méditerranéen, source d’inspiration et d’éveil à la nature.

Le goût de la recherche et de la découverte, le goût du partage et des échanges, de la collaboration entre artisans, scientifiques, musiciens, techniciens… Pour porter un projet riche de sens et de sons. Le grand cornet ou l’oreille du radôme de Pleumeur-Boudou, et son rapprochement avec les corps conducteurs des chamans Touva. Le travail de Cécile le Talec met en éveil le désir d’entendre, d’écouter et partager la respiration du monde.

La langue sifflée

Dans les années 2000, Cécile le Talec découvre, émerveillée, l’existence de la langue sifflée des bergers de la Vallée d’Aas dans les Pyrénées en écoutant un enregistrement réalisé par le professeur Busnel dans les années 50. Pour communiquer, les bergers sifflaient leur dialecte de part et d’autre de la vallée, avec une portée musicale de plusieurs kilomètres, proche du chant des oiseaux. Un langage qui a fini par disparaître en France au fil des ans, mais qui se présente comme un trésor, élément déclencheur de la création basée sur une question laissée en suspens : le rapport entre le paysage, la langue et la musique.

Ces communautés de siffleurs, 48 dans le monde, offrent des versions de la langue locale, qui sont par conséquent différentes selon les territoires : le chinantec au Mexique, le buyi en Chine, l’espagnol aux Canaries…

Cécile le Talec part à la rencontre de cette langue sifflée, riche de sens et de paroles qui rassemble la langue parlée et la musique. Elle y puise son inspiration et réalise des films en écrivant des dialogues traduits par des siffleurs, en abordant aussi d’autres approches à découvrir au fil du son et de l’image de ce documentaire sensoriel.

Un film de Philippe Gasnier et Olivier Daunizeau de la collection "Atelier 205", initiée et dirigée par Christophe Camoirano et Philippe Gasnier en collaboration avec Oliver Daunizeau. Produit par Girelle Production et Bip TV, avec la participation de CNC, DRAC Centre et la Région Centre Val de Loire.

► La collection Atelier 205 est à voir en intégralité sur France.tv

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