Convention citoyenne pour le climat : deux citoyens de la région Centre-Val de Loire racontent leur expérience

Ils s'appellent Hugues-Olivier Brillouin et Kisito Onbogo. Ils vivent en Indre et Loire et dans le Loir-et-Cher. Ils ont participé à la Convention Citoyenne pour le Climat. Ils racontent leur expérience et leurs attentes maintenant que les propositions ont été remises au ministère. 

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A 150, ce n'était pas simple. On a eu beaucoup de divergences mais c'est l'intelligence collective qui l'a emporté.

Kisito Onbongo, habitant de Blois, membre de la Convention Citoyenne pour le Climat

Kisito Onbongo sort enrichi de ces neufs mois de travail collectif au sein de la Convention Citoyenne pour le Climat.

Avant cette expérience au sein du groupe de travail "se nourrir", ce blésois savait qu'il y avait des problèmes environnementaux, mais il n'était pas plus inquiet que ça.

" Avec la Convention, j'ai changé d'avis sur beaucoup de choses, comme par exemple la manière d'utiliser les transports au quotidien, le tri des déchets ainsi que la manière de me nourrir. Maintenant je ne peux plus me passer de l'application qui évalue l'empreinte carbone des produits sur l'environnement", constate le conducteur de lignes automatiques dans l'industrie aéronautique. 

 

Cela a été un choc de comprendre que l'homme avait saccagé son environnement mais j'ai aussi vu qu'il était capable du meilleur lorsqu'il travaille avec les autres.

Hugues-Olivier Brillouin, habitant de Saint-Quentin-sur-Indrois (37) et membre de la Convention citoyenne pour le climat



Pour Hugues-Olivier Brillouin, il y aussi eu un avant et un après Convention.

" Avant j'étais climatosceptique. Je savais que l'homme ne se comportait pas bien. Mais je pensais qu'il ne pourrait jamais lutter contre le soleil. Qu'il accélérait le réchauffement climatique mais que ce réchauffement faisait partie des cycles de la Terre comme les périodes de glaciation. Pendant la Convention, j'ai compris que j'étais mal informé et qu'on pouvait faire quelque chose pour améliorer la situation.

Ce photographe indépendant vit près de Loches dans un petit village d'Indre-et-Loire. Il a travaillé pendant neuf mois dans le groupe "se loger".

Pour lui, la mesure la plus importante de son groupe de travail est "la rénovation énergétique globale des bâtiments". "Je cherche à être autonome sur le plan énergétique depuis 20 ans mais je n'y arrive pas à cause des restrictions réglementaires de l'Etat notamment sur la production d'électricité. Avec la rénovation globale, il n'y aura plus ce saupoudrage de mesures fait depuis 20 ans qui ne sert à rien. " 

La Convention citoyenne : 9 mois de travail, 150 propositions et un rapport de 460 pages remis au ministère de la transition écologique

L'objectif de la convention citoyenne pour le climat ? Trouver des mesures pour ne pas dépasser l'augmentation de 2 degrès d'ici 2040 et baisser les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % en 2030 par rapport à 1990.

150 mesures ont été remises à la ministre de l'environnement et de la transition écologique, Elizabeth Borne, dimanche 21 juin après le vote par tous les participants à la Convention. " D'ici 2040, si on met en place toutes les mesures qu'on préconise, on peut y arriver", assure Hugues-Olivier, confiant. 

Kisito lui aussi est persuadé de l'intérêt du travail des membres de la Convention : " On a beaucoup travaillé. On avait une autonomie complète tout en étant aidés par des scientifiques et des experts. On a donné le trajet à suivre maintenant c'est aux politiques de prendre le relais. " 

Hugues Olivier ajoute : "Je suis certain qu'Emmanuel Macron n'a aucune intention de se défiler  sur les enjeux climatiques. Il est pris entre deux feux : les objectifs de la Cop 21 et les pressions de la croissance économique. Mais cette Convention propose aussi de la croissance. La rénovation énergétique globale des bâtiments créerait 900 000 emplois. On est le haut de l'iceberg. Espérons qu'on ne va pas couler."
 

Découvrez les 150 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat en cliquant ICI. 

La limitation des autoroutes à 110 km/h, une des 150 mesures qui a monopolisé l'attention

Parmi les 150 mesures et les 460 pages du rapport, la proposition de limiter les autoroutes à 110 km/h est celle dont les médias et les élus ont le plus parlé. "Après tout le travail qu'on a réalisé, pendant sept week-ends et chez nous pendant le confinement je trouve cela fou qu'on ne parle que des 110 km/h", s'agace Kisito. 

Hugues-Olivier lui était contre cette mesure au départ : "C'est en discutant qu'on évolue. Elle est parfaitement justifiée si on veut réduire les gaz à effet de serre. Mais c'est peut-être un peu tôt. Si on institute le télétravail et d'autres mesures de la Convention qui changent le quotidien des gens, peut-être qu'ils l'accepteront mieux. Quand les gens auront compris qu'il faut vivre pour produire et pas produire pour vivre et qu'on n'a pas besoin d'aller vite tout le temps, ça passera mieux. " 

   Dans la région Centre-Val de Loire, le président du Conseil départemental du Loir-et-Cher, Nicolas Perruchot (LR) a réagi à la proposition de limiter les autoroutes à 110km/h en demandant leur gratuité. 

                                                        

"Les 150", l'association pour défendre ces mesures

Juste après la Convention Citoyenne pour le Climat, les 150 membres se sont constitués en association : "Les 150". 

Kisito l'assure  : "C'est notre rôle de défendre ces mesures. Il faut faire de la pédagogie pour que les gens se les approprient. Et ce sera ensuite au législateur de les exécuter. "  

" Tout repose maintenant sur les citoyens français. Il faut que les gens comprennent ces mesures avec sagesse et sans polémique." complète Hugues-Olivier. 
 

Une convention citoyenne pour d'autres sujets ? 

Kisito et Hugues-Olivier partage le même espoir : que les mesures soient appliquées mais aussi que de nouvelles conventions citoyennes soient organisées pour d'autres sujets : la santé, le travail, la police, l'histoire...

" Tous les sujets peuvent être l'objet de convention citoyenne. Il faut que les gens débattent à nouveau et se ressaississent de la vie politique. Par exemple, si il y a deux ans, il y avait eu une convention citoyenne sur la santé et le mal-être des soignants, on n'aurait pas vécu une telle catastrophe dans les hôpitaux pendant la pandémie. Les citoyens se seraient rendus compte de l'absence de masques, du manque de personnel et de la place des finances dans l'hôpital," constate Hugues-Olivier. 

"Cette convention pour le climat n'est qu'un début. C'est un très bel exercice démocratique. On ne remplace pas l'Assemblée nationale. On est là pour compléter le travail des députés", conclut Kisito qui espère que parmi les 150 propositions, certaines vont être mises en place tout de suite, comme l'obligation de l'affichage de l'impact carbone sur les produits. " Ce sont des mesures qu'on peut appliquer immédiatement sans dépenser des millions d'euros. " 

Que vont devenir les propositions ? Les propositions qui ont émané de la Convention citoyenne seront soumises soit au vote du Parlement, soit à référendum, ou donneront lieu directement à des mesures réglementaires. À cette fin, les citoyens ont dû formuler des propositions précises, sous forme de projets de dispositions législatives ou réglementaires.
 

Une convention citoyenne pour le climat en région Centre-Val de Loire de janvier à mars 2021
L'association Youth for Climate Centre-Val de Loire, mouvement lycéen et étudiant pour le climat a lancé l'idée d'organiser une Convention Citoyenne pour le Climat à l'échelon régional.

" Nous trouvons ça important parce que ce sont souvent des actions locales qui font bouger les choses en terme de réchauffement climatique", explique Léandre Guilbert, membre de Youth for Climate à Tours.
Il poursuit : "Par exemple en région Centre, beaucoup de gens habitent en périphérie et beaucoup travaillent à Paris. Ce ne sera pas abordé au niveau national. Alors qu'au niveau régional on peut travailler sur les transports, l'habitation mais aussi les circuits cours en matière d'alimentation."

La Convention Citoyenne pour le Climat en région Centre-Val de Loire se déroulerait de janvier à mars 2021 avec 100 personnes tirées au sort réparties en 5 groupes de travail : se loger, se déplacer, se nourrir, consommer, produire et travailler.  

Elle se déroulerait sur 3 ou 4 week-ends pendant trois mois. La région Centre-Val de Loire s'est engagée à financer l'organisation : entre 150 000 et 200 000 euros.

Une réunion est prévue en juillet pour définir le budget et le nombre d'experts qui participeront à cette Convention Citoyenne régionale pour le Climat. 
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