La Chambre régionale des métiers et de l’artisanat craint une vague importante de fermetures à cause de la pandémie. Aucune projection sérieuse ne peut être faite dans la mesure où l’arrêt des activités économiques pourrait durer non pas 15 jours, mais au-delà de 40 jours.
Les Chambres des métiers et de l’artisanat des six départements de Centre-Val de Loire sont totalement saturées de demandes de renseignements de la part des artisans. Des centaines d’appels quotidiens pour tenter d’obtenir des réponses concrètes à des questions très pratiques : "puis-je continuer à travailler ? Dois-je fermer mon entreprise ? Comment vais-je payer mes salariés sans aucun chiffre d’affaires ? Comment les faire travailler sans prise de risque ?".
L’activité économique arrêtée "à plus de 80 % dans la région"
Autant d’inquiétudes très légitimes que Gérard Bobier, le président régional des Chambres des métiers et de l’artisanat, partage avec une certaine anxiété : "Je n’ai jamais connu ça. L’activité économique est arrêtée à plus de 80 % dans la région. Les chefs d’entreprises sont bien sûr très inquiets, désemparés et même paniqués." Le secteur le plus touché est sans surprise celui des services. Car toutes les enseignes sont closes. Le bâtiment est lui aussi à l’arrêt total. Notamment faute de livraisons de matériaux. « Heureusement, nos agriculteurs peuvent continuer à travailler. Car ce sont des producteurs essentiels » précise Gérard Bobier.Les aides de l’Etat ne suffiront pas à sauver toutes ces entreprises. Gérard Bobier, président de la Chambre régionale des métiers et de l'artisanat.
Face à cette situation totalement inédite, les Chambres ont mis en place des cellules d’écoute. Leurs sites internet sont constamment mis à jour, au fur et à mesure des annonces ministérielles. Leurs réseaux sociaux sont également mis à forte contribution. Les standards téléphoniques fonctionnent eux aussi à plein régime.
Interrogé sur l’engagement du chef de l’État à ce qu’il n’y ait aucune faillite commerciale à cause du coronavirus, Gérard Bobier reste sceptique : "Aucune faillite ? Et bien je demande à voir… Il va falloir me le démontrer ! Les aides promises par l’État ne suffiront pas à sauver toutes ces entreprises qui étaient déjà « border line » après avoir essuyé les Gilets Jaunes et les mouvements sociaux de fin d’année. Oui, je crains une vague très importante de fermetures d’entreprises qui ne résisteront pas au choc. Car être à l’arrêt, ça signifie zéro euro qui rentre. Et il ne faut pas se leurrer : cet arrêt ne durera pas 15 jours, mais 40 ou 45 jours !"
L’aide de la région va être sollicitée
Depuis lundi, les Chambres enchainent les réunions de concertation avec les partenaires, comme les banques ou la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte). Des reports d’échéances sont mis en place. Mais les entreprises devront les acquitter plus tard. "Nous avons encore beaucoup de zones de flou", estime Gérard Bobier. "Il va falloir qu’on précise les modalités d’indemnisation, de prise en charge du chômage partiel… Les services de l’État risquent d’être totalement engorgés."La Chambre régionale des métiers et de l’artisanat a pris connaissance de la forte action menée par la région Nouvelle-Aquitaine, qui débloque 50 millions d’euros d’aide aux entreprises. Sur ce modèle, elle va rapidement faire des propositions à l’exécutif de Centre-Val de Loire et son président François Bonneau, pour qu’une aide conséquente soit apportée.