Coronavirus : s’estimant "en grand danger", les communautés Emmaüs lancent un appel aux dons

Pour la première fois de leur histoire, les communautés Emmaüs, fondées en 1954 par l’abbé Pierre, craignent pour leur survie. Elles lancent aujourd’hui un appel aux dons.
 

Lieux de vente fermés, ramassage et distribution suspendus : avec les mesures de confinement liées au coronavirus, c’est toute l’activité d’Emmaüs qui est à l’arrêt.

Fondées en 1954 par l’abbé Pierre, les communautés d’Emmaüs ont toujours mis un point d’honneur à fonctionner de façon autonome. Pour subvenir à leurs besoins, les compagnons ne font pas appel aux subventions. Leurs ressources proviennent exclusivement de leur travail, principalement par la collecte, la revalorisation et la revente de vieux objets.

Seulement voilà : avec les mesures de confinement liées au coronavirus, ce gage d’indépendance devient leur tendon d’Achille.

Sans "ramasse" ni magasin pour vendre les produits retapés, plus de rentrée d’argent, et donc plus de ressources pour ces compagnons et compagnonnes, qui viennent pour beaucoup de la rue. Emmaüs France estime le manque à gagner entre 30 et 45 millions d’Euros.

"Depuis maintenant 70 ans, Emmaüs agit partout en France pour accueillir, héberger, et accompagner les plus démunis dans leur réinsertion."

Aujourd’hui, la crise sanitaire sans précédent qui frappe notre pays nous a contraints à cesser l’essentiel de nos activités. Tous nos compagnons et toutes les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion que nous aidons sont aujourd’hui en danger. Ne les laissons pas retourner à la rue !

Les structures implantées dans la région Centre-Val de Loire ne sont pas épargnées. À Blois, l’ensemble du site du "Comité d’amis" (une association d’insertion) est fermé. Les 21 salariés sont au chômage partiel.

"La situation est préoccupante, mais nous n’en sommes pas encore à un point critique et notre trésorerie nous permet de tenir encore un peu", explique François Marseault, le directeur du site.

En Touraine, Emmaüs est très fortement implanté : avec deux communautés - l’une à Èvres, près de Tours, l’autre à Chinon - et cinq sites de vente, l’association compte 350 bénévoles et accueille 70 compagnonnes et compagnons.  Forcément, l’arrêt de l’activité est durement ressentie.

"En un mois nous avons perdu plus de 15 0000 € précise Yves Girard, le responsable d’Emmaüs Touraine ; "nous avons vraiment besoin de cet argent pour accueillir, nourrir, blanchir et soigner nos compagnons".

Un projet remis à plus tard

Pour de nombreuses communautés, la situation actuelle tourne à la catastrophe. Par chance, la trésorerie de la structure tourangelle lui permet de garder malgré tout espoir : "Nous avions mis de l’argent de côté pour construire une nouvelle salle des ventes à Èvres, en remplacement de l’actuelle qui n’est plus guère aux normes. Nous avons pris la décision de remettre ce projet à plus tard et de réaffecter cet argent pour faire face aux dépenses de première nécessité", explique le responsable départemental.

Yves Girard espère que l’activité pourra reprendre dès le mois de juillet. "Mais d’ici là, nous avons besoin de la générosité du public pour nous aider à passer ce cap difficile."  Emmaüs France lance un appel aux dons destiné aux particuliers comme aux entreprises. Les sommes ainsi récoltées seront réparties entre les différentes communautés, selon l’urgence de leurs besoins.

119 communautés Emmaüs sont implantées sur tout le territoire français. Il s’agit de lieux d’accueil, de vie, d’activités et de solidarité qui s’adressent aux plus démunis, dont beaucoup viennent de la rue.

Outre ces communautés, Emmaüs a développé des structures d’accueil et de logement, des comités d’amis, des structures d’insertion et "SOS Familles", une structure orientée vers les familles en grande précarité.
Aide aux plus modestes : 35 associations interpellent le Premier ministre
Trente-cinq associations s’occupant de lutte contre la pauvreté et l’exclusion – parmi lesquelles on retrouve Emmaüs, l’APF, Médecins du Monde, Le Secours catholique, la Ligue des Droits de l’Homme, ou encore Les Petits frères de Pauvres, ATD quart-Monde, etc..– se sont regroupées dans un collectif "Alerte". Ils viennent d’interpeller le Premier ministre après l’annonce d’une aide exceptionnelle pour les familles les plus modestes.

Une initiative qu’ils jugent "bienvenue pour répondre aux difficultés de ces ménages, mais qui fait l’impasse sur une partie importante des publics en situation de précarité et qui demeure insuffisante pour couvrir l’étendue des besoins de ces personnes au quotidien".

Pour faire face à l’urgence, les associations demandent que cette aide soit étendue à l’ensemble des personnes précaires et qu’elle soit renouvelée tout au long de la crise pour soutenir tous ceux et celles qui vivent au bas de l’échelle des revenus et ne peuvent plus accéder à certaines aides comme la distribution alimentaire ou le soutien à la cantine du fait de cette crise.

"Pour éviter un naufrage de l'économie, l'État est prêt à dégager "les moyens financiers aussi longtemps que la crise durera" (Bruno Le Maire). Nous attendons qu’il en fasse autant pour éviter un naufrage social", conclut le collectif dans son appel.

Collectif ALERTE Centre-Val de Loire :
29 bdd Rocheplatte, B-P 35, 45016 Orléans cedex 1
Tel : 02 38 62 34 39
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