La force de l'athlète handisport Marie-Amélie le Fur, c'est sa détermination à s'adapter au changement. Aujourd’hui elle veut partager son expérience. Découvrez son quotidien entre entrainements et vie de maman dans le documentaire "Marie-Amélie, la voie de la lame", réalisé par Jacques Bedel.
Elle fait de l’athlétisme depuis qu’elle a 6 ans et a rapidement enchainé les titres régionaux et nationaux. A 16 ans, un grave accident de scooter conduit à l’amputation de son tibia gauche.
4 mois plus tard, contre l’avis des médecins, elle reprend la compétition avec le succès que l’on connait. Accompagnée par sa mascotte "Flopinou", un lapin en peluche offert par sa sœur, elle collectionne depuis les titres olympiques et records du monde.
Entourée par sa famille lors des moments difficiles, Marie-Amélie connait la valeur d’un ancrage solide. Le plus important c’est de garder une relation normale avec ses proches. Pour elle, la plus belle des aventures, c’est de fonder une famille. Marie-Amélie a choisi d’être mère, malgré les risques pour sa carrière sportive.
Mais on ne se refait pas : Flopinou, le démon du sport ne lâche pas Marie-Amélie qui se lance dans la quête d’une dernière médaille d’or aux JO de Tokyo. Une nouvelle fois, elle remet son titre en jeu. Un palmarès sportif, ce n’est pas l’oeuvre d’une seule personne mais d’une équipe.
Jean-Baptiste, l’entraineur de saut en longueur, Steven, le préparateur physique et Matthieu le préparateur mental, vont donner à Marie-Amélie les clés pour s’améliorer. Leurs témoignages vont nous révéler son perfectionnisme et les sacrifices qu’elle devra fournir lors de 9 entrainements hebdomadaires entre Paris Bordeaux et Blois pour atteindre la perfection requise.
Le reste de la semaine étant consacré à sa vie professionnelle et à la récupération… en famille, enfin ! Toujours en équilibre entre l’égoïsme indispensable à une carrière de haut niveau et sa vie familiale, surtout depuis qu’elle est enfin devenue mère.
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Nous avons posé 5 questions au réalisateur Jacques Bedel
- Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce film ?
C’est un projet de commande, mais je l’ai immédiatement fait mien, car j’avais déjà travaillé sur des projets traitant du handicap, le sujet m’intéresse.
Ce n’est pas qu’une histoire de jambe en moins, mais bien l’apprentissage d'une autre façon de considérer le monde.
- Connaissiez-vous Marie-Amélie avant ?
Dans la région tout le monde connait Marie-Amélie. Je l’avais rencontrée en 2012, à son retour des Jeux Paralympiques de Londres au cours du tournage d’un portrait diffusé lors d’une cérémonie locale.
- Comment s’est passé la 1ère rencontre ?
Je dois dire que j’étais très intimidé par cette grande jeune dame ; elle, assez anxieuse car elle était dans un période difficile de sa préparation, elle était un peu sur la réserve. Puis au cours du tournage la confiance s’est installée. Elle a vu que je savais tenir ma place et la laisser travailler sans la déranger, et au final ma patience a été récompensée et elle a été généreuse.
C’est souvent comme ça, les documentaires, on est accueilli assez froidement avec nos caméras, mais si on travaille avec honnêteté, les gens vous ouvrent leur monde.
- Qu’est-ce que vous retenez de ce film ?
Je suis étonné de constater à quel point ça a été une expérience enrichissante. Si le sport est une métaphore de la vie, que dire alors du handisport ?
Marie-Amélie, c’est une porte d’entrée facile sur le monde du handicap : elle est charmante, gracieuse, intelligente, affligée d’un handicap somme toute assez léger. (Désolé pour ta jambe Marie) C’est peut être plus facile de s’identifier à elle qu’à Steven Hawking, mais elle est surtout la première marche d’un questionnement sur le handicap. On commence par reluquer sa prothèse et puis au final ça amène à réfléchir sur le regard que l’on porte sur autrui… au sens large.
Je ne cherche pas à minimiser le drame du handicap, sans même parler des maladies dégénératives…
J’aimerais juste que ces 52 minutes de film avec Marie-Amélie, entre tristesse, rigolade, désespoir et joie, nous montrent une personne se démener pour parvenir à l’excellence, en dépit des aléas de la vie. Qu’un handicap ou un traumatisme ne sont pas la fin de tout, juste un parcours de vie plus difficile.
Nous valides disons souvent : "Je ne sais pas comment tu fais, à ta place je n’y arriverais pas." Par ses actes Marie-Amélie nous répond "Vas-y mon grand, fonce, même si tu n’es pas handicapé, tu as le droit de te lancer dans ton aventure".
- Des anecdotes de tournage ou moments marquants ?
Ah oui ! Il y en a eu des péripéties sur ce film : une pandémie mondiale, tout mon matériel de tournage volé dans le train, un carton avec 50 heures d’archives (non étiquetées bien sûr) arrivées la dernière semaine du montage.
Un documentaire, c’est la vraie vie. Dans mon projet j’avais naïvement décrit Marie-Amélie comme un brise-glace qui triomphe de tout le sourire aux lèvres.
Mais la réalité est plus complexe : que faites-vous quand votre championne du monde favorite enchaîne les contre-performances, qu’elle est au bord des larmes, qu’elle se considère comme une incapable ?
On se sent tout à coup vraiment intrusif, déplacé, indiscret, avec sa caméra et son micro. Je crois qu’il faut résister à la tentation d’éteindre la caméra, le montage est là pour faire le tri et trouver le ton juste. Je ne suis pas un copain, on est là pour faire un film… ce qui n’empêche en rien des relations chaleureuses et cordiales.
► "Marie-Amélie, la voie de la lame", un documentaire de 52 minutes réalisé par Jacques Bedel, produit par Girelle et France 3 Centre-Val de Loire. Troisième diffusion le jeudi 17 novembre 2022 à 22h45 sur France 3 Centre-Val de Loire.