"L'émotion de retrouver les fidèles" : A Tours, le témoignage du père François Coüasnon

Dimanche matin, des fidèles du diocèse de Tours ont retrouvé le chemin de l'office. Une vive émotion pour l'immense majorité d'entre eux grâce à l'organisation et à la mise en place des gestes barrières en moins de 24 heures.

Sur le parvis de l'église du Christ-Roi, situé à Tours nord, deux laïcs masqués attendent les fidèles avec en mains des vaporisateurs de gel hydroalcoolique. La veille autorisation avait été donnée aux cultes de pouvoir se réunir en respectant les mesures sanitaires. Nous avons joint le père, François Coüasnon, prêtre et vicaire de la Paroisse Saint Sauveur. Il ne cachait pas sa vive émotion d'avoir pu, enfin, retrouver ses paroissiens.

  •  Père, quel est votre sentiment après le retour des offices ?
     
Ce fût une grande joie de pouvoir célébrer à nouveau devant les fidèles. Cela a même éte une redécouverte en quelque sorte. Pendant le confinement, en tant que prêtre, je célèbrais chaque jour la messe mais sans paroissiens dans l'assistance. Le fait de voir de la joie sur des visages face à moi, j'étais ému. Cela a été une grande émotion. Et une émotion partagée par les fidèles, très heureux de pouvoir à nouveau se réunir.
  • Vous avez-dû vous organiser en très peu de temps ?
     
Nous avions mobilisé un collectif de laïcs pour préparer le retour des célébrations pour la Pentecôte. Alors cela a été plus vite que prévu. Mais grâce à eux (une quarantaine), on a pu organiser les 3 célébrations de dimanche au Christ Roi avec la mise en oeuvre des gestes barrières : des laïcs attendaient les fidèles à l'entrée de l'église avec du gel hydroalcoolique. Les paroissiens devaient tous être masqués et séparés sur les bancs. Il n'y a pas eu de quête pendant l'office ni d'accolade au moment de la paix du christ. Tout le monde a parfaitement joué le jeu, je remercie tout ceux qui nous ont aidé.
  • Les fidèles ont pu à nouveau prier ensemble et communier ?
     
Pour un chrétien, la prière fait sens à travers l'eucharistie. Nous avons eu beaucoup de témoignages de personnes pour qui ne pas communier a été difficilement vécu. La communion est le moment par excellence de la rencontre avec Jésus. Communier, c'est se mettre en marche avec l'Eglise pour vivre nourri de la présence de Jésus. Alors pendant toute cette période de confinement, cela a été très difficile à vivre, éprouvant pour certains. Ce n'est pas la même chose de regarder la messe à la télévision et de la vivre. Quand on celèbre la messe, chaque paroissien est actif. Il y a un côté dynamique aussi : les 5 sens sont employés pendant l'eucharistie (avec l'encens pour l'odorat et le goût et le toucher pour l'Ostie).
  • Comment-avez vous vécu cette période ?
     
Globalement bien. Mais au départ cela a été un petit peu difficile. Un prêtre qui n'a pas de fidèles....c'est particulier. Je me suis dit "A quoi sers-tu ?" si tu n'as pas de paroissiens avec qui échanger et prier. Mais après quelques jours, nous avons communiqué différemment : par téléphone et par les réseaux sociaux. Après, nous avions beaucoup de chance car nous étions deux prêtres au presbytère. Avec le curé, Jean-Pierre Gaillard, cela a été moins éprouvant que pour certains hommes d'Eglise qui étaient seuls dans leur paroisse. Nous ne sommes pas des moines, nous ne sommes pas fait pour la "vie communautaire". C'était une grâce d'être deux. On a mesuré aussi la chance d'avoir un jardin. il n'est pas grand mais nous nous sommes occupés du gazon et des rosiers. Et puis, certains de nos paroissiens n'avaient pas de jardin alors on a relativisé et prié pour eux.
  • Ne pas célébrer les sacrements a t-il été une épreuve ?
     
Oui, nous ne sommes pas là pour célébrer uniquement l'eucharistie. Il y a d'autres sacrements (le baptême, la confirmation, le mariage, le sacrement de réconciliation, le sacrement des malades). Célébrer des funérailles dans ce contexte a été très particulier. Il y avait maximum 20 personnes (avec le personnel des sociétés de funérailles) donc parfois la famille n'était composée que d'une dizaine d'individus. On a senti de la douleur de devoir enterrer un proche dans de telles conditions. Mais le fait de pouvoir accompagner, consoler au sens de ce que faisait Jésus, cela a été parfois, paradoxalement, un moment de joie. Nous avons même fait une scépulture sur Facebook Live car il n'y avait que 4 personnes de la famille physiquement sur place. En ligne, ils étaient 23.
  • Justement pourquoi n'avez-vous pas proposez à vos paroissiens de suivre les messes en live comme dans d'autres paroisses ?
     
Pour deux raisons : nous n'avons pas de wifi dans les églises de la paroisse et d'autres prêtres le faisaient déjà dans le diocèse. Ce n'était pas la peine de le démultiplier. L'abbé Rémi Soubier à Ligueil, Benoît Laurens à Bourgeuil, l'abbé Pierre Fouquier à Joué-lès-Tours et les prêtres de Vouvray....et puis si vous ajoutiez le pape à Rome et l'archevêque de Tours, Mgr Vincent Jordy sur RCF....il y avait finalement l'embarras du choix. Et puis l'eucharistie, ce n'est pas un prêtre en particulier, c'est la même pour tous, peu importe le lieu.
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