Epidémie de grippe : les hôpitaux du Centre-Val de Loire en tension, le plan blanc déclenché dans plusieurs établissements

Au retour des vacances de Noël, les habitants de la région n'ont pas ramené avec eux que des cadeaux. La grippe qui sévit actuellement sur tout le territoire à un stade épidémique s'est également invitée à la fête. Conséquence : partout en France et en Centre-val de Loire, les urgences sont saturées.

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S'il n'y a rien d'inhabituel à voir la grippe arriver en cette période, les médecins constatent par contre que le virus est particulièrement agressif cette année. En témoignent les passages aux urgences de plus en plus nombreux dans tous les départements de notre région et des hôpitaux forcément mis sous tension. C'est notamment le cas à Tours où les urgences de l'hôpital Trousseau ont enregistré un pic de 180 passages lundi 6 janvier, quand le taux moyen est plutôt de 140 passages par jour. "J'ai fait un tour dans les urgences, là, il y a par exemple un monsieur qui a 89 ans qui attend dans un brancard depuis plus de 6 heures sans encore avoir vu aucun médecin. Ce n'est pas acceptable à cet âge. Une autre patiente qui a plus de 80 ans attend aussi depuis plus de 8h", constate dépitée Sophie Beauvilain du syndicat Sud Santé Sociaux et aide-soignante aux urgences.

"Les gens sont dans des couloirs, pas dans des box. Certains sont regroupés dans une grande salle d'attente, allongés, mais côte à côte. En période épidémique, ce n'est pas idéal. Et les autres sont dispatchés dans les couloirs, un petit peu comme on peut. Donc, on court après les patients, on les cherche, on ne sait pas où ils sont."

Pour autant, la direction de l'hôpital l'assure : "On a des équipes aujourd'hui qui sont dimensionnées pour assurer cette activité qui est effectivement très importante et qui sont compétentes et qui savent, parce qu'elles ont l'expérience pour le faire, que ça arrive, hélas, chaque année", explique Samuel Rouget, directeur général adjoint du CHRU.

Des patients fragiles présentant des pathologies 

Ce que confirme le Professeur Saïd Laribi Responsable des urgences. Car ce n'est pas tant le nombre de passages qui pose problème, mais le type de patients, fragiles et avec des pathologies respiratoires qui se présentent actuellement majoritairement dans le service. La semaine de la rentrée, 40 % des patients avaient plus de 75 ans. "L'épidémie actuelle est violente dans le sens où on a plus de malades à hospitaliser, mais on a surtout des malades instables qui nécessitent des lits de réanimation et de soin continu."

Des lits que l'hôpital possède bien puisqu'aucun n'a été fermé sur l'établissement ces dernières années. "Maintenant, il faut mettre en adéquation les lits disponibles avec la typologie de malades. Parce qu'un malade de 90 ans qui a une bronchite, si vous le mettez en chirurgie, ça met en difficulté les chirurgiens et le patient. Donc l'objectif, c'est de faire en sorte qu'on ait plutôt des lits médicaux pour ces patients-là", explique le responsable des urgences.

Une situation sous tension au CHU d'Orléans

La situation est aussi extrêmement tendue à Orléans où, selon le syndicat sud santé sociaux, les urgences auraient enregistré 110 passages en fin de journée le 7 janvier, quand la capacité d'accueil normale devrait être de 50 patients. Là encore, il s'agit majoritairement de personnes âgées avec des difficultés respiratoires. "Le personnel a encore exercé un droit de retrait hier soir", affirme Gregory Quinet, le secrétaire départemental de sud santé sociaux Loiret.

La CFDT de l'hôpital, elle, note une situation " très très compliquée déjà pendant les vacances" avec des pics allant jusqu'à 116 patients. "On a eu une grosse vague pendant les vacances et les patients ne sortent pas du jour au lendemain. Donc là, c'est très compliqué d'avoir des lits et les patients restent plus longtemps aux urgences", déplore Christophe Dela, secrétaire de la section CFDT du CHU d'Orléans. Selon nos informations, une Réunion de crise doit avoir lieu lundi entre les urgentistes et la direction.

Plan blanc activé dans certains hôpitaux de la région

À l'hôpital de Chartres, la nuit du 6 au 7 janvier a été chaotique. Face à la saturation des urgences, la Croix-Rouge et les pompiers ont dû être appelés en renfort pour assurer la régulation à l'entrée. Les hommes du feu ont même mis en place un poste médical avancé pour aider à trier les patients. Là encore, c'est le manque de lits qui est à déplorer, mais aussi "le manque d'offre de soin sur le territoire", selon les syndicats.

Clara de Bort, directrice de l'agence régionale de la santé (ARS) en Centre-Val de Loire, était l'invitée de notre journal le 8 janvier. Elle confirme "une épidémie violente, mais plus tardive que l'année dernière".

Dans la région, le plan blanc, qui permet aux établissements de santé de prendre des mesures exceptionnelles en cas d'afflux de patients, a été activité dans certains hôpitaux : "aux centres hospitaliers de Saint-Amand-Montrond et de Vierzon, ainsi qu'au CHU d'Orléans". Pour l'heure, ce plan blanc n'est pas activité à Tours, ni à Chartres. Il permet par exemple de "réorganiser les services ou de déprogrammer des opérations".

L'hôpital de Dreux a également activé le plan blanc ce jeudi 9 janvier.

“Nous avons déclenché un plan blanc qui permet d’ouvrir davantage de lits sur cette période de crise”, souligne le directeur du CHU d’Orléans, Olivier Boyer.

Concrètement, “10 nouveaux lits ont été ouverts dans l’unité hivernale et 5 lits de soins critiques”. Les déprogrammations sont maintenues dans les services de médecine “à l’exception des patients relevant de la chimiothérapie et ceux dont la prise en charge permet d’éviter un passage aux urgences”.

Le CHU d’Orléans envisage par ailleurs “d’ouvrir dès que possible une nouvelle unité de 10 lits d’unité hivernale pour les patients âgés et grippés”.

Difficile de savoir quand la situation pourra s'améliorer. "Parfois les améliorations sont temporaires, nous suivons heure par heure avec l'ensemble de l'équipe pour que le maximum de personnes puisse être pris en charge", ajoute Clara de Bort.

Adopter les bons réflexes

Pour soulager les hôpitaux, "l'ensemble du système de santé est mobilisé comme les Ehpad :  il peut y avoir des personnes qui sont trop fragiles pour rentrer à la maison, mais qui peuvent passer quelques jours dans un Ehpad"

La directrice de l'ARS Centre-Val de Loire rappelle les bons réflexes à adopter : "Aller aux urgences quand c'est indispensable en ayant d'abord appelé son médecin traitant". Si vous n'avez pas de médecin traitant ou que celui-ci n'est pas disponible : "Il faut appeler la communauté professionnelle territoriale de santé, c'est-à-dire les services de soins non programmés, qui dans votre secteur, vous pouvez demander les informations à votre pharmacien. Si vous avez un doute, vous appelez le Samu au 15".

Cette année, il y a eu "moins de vaccinés contre la grippe". Clara de Bort précise qu'il est "encore temps de se faire vacciner contre la grippe jusqu'à la fin du mois de janvier, un pharmacien peut même le faire"

"Il nous faut des étudiants"

Chaque hiver, la situation est récurrente. Pour Clara de Bort, cela s'explique par un manque de ressources humaines. 

Il nous faut des étudiants, nous manquons d'ambulanciers. Aujourd'hui, la moitié de nos écoles d'ambulanciers sont occupées par des élèves. Le conseil régional augmente massivement le nombre de places en école d'infirmières, mais il faut aussi qu'il y ait beaucoup plus de candidats.

Clara de Bort, directrice de l'agence régionale de la santé en Centre-Val de Loire.

7 ministres de la Santé en 2 ans et demi 

La gestion du secteur de la Santé est aussi compliquée, car en l'espace de deux ans et demi, il y a eu pas moins de sept ministres de la Santé sous le quinquennat d'Emmanuel Macron. 

"Nous avons besoin de consignes, d'orientations ministérielles. Le vrai problème, c'est la loi de financement de la Sécurité sociale, quand nous n'avons pas de budget, nous ne pouvons pas proposer des projets pérennes aux personnels sur le terrain", explique Clara de Bort.

Modifié le 9 janvier 2025 à 17:06.

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